ELLE (Québec)

Kim Kardashian: impératric­e de l’image.

UNE INCURSION PRIVILÉGIÉ­E DANS L’INTIMITÉ DE KIM KARDASHIAN WEST, MÈRE, SOEUR, ÉPOUSE ET MONARQUE D’UN EMPIRE EN PLEINE EXPANSION.

- texte MOLLY YOUNG adaptation SOPHIE POULIOT photos BOO GEORGE stylisme ANNA TREVELYAN

Debout au milieu de sa maison du quartier Calabasas de Los Angeles, la star pourrait très bien passer pour la nounou vingtenair­e ou encore pour l’assistante de Kim Kardashian West. Sans l’autobronza­nt, le khôl, le contouring et les tenues ultramoula­ntes qui composent son look signature, il est presque impossible de distinguer la mère de 37 ans de la poignée d’employés qui s’affairent autour d’elle. Confortabl­ement vêtue d’un chandail à manches longues en coton et d’un pantalon de sport, les cheveux noués en tresses africaines, elle s’installe sur un immense divan en lin de couleur crème. Dans une maisonnée pleine d’enfants (trois maintenant), la propreté impeccable de ce canapé paraît presque surréalist­e. Mais ce qui frappe encore plus par son caractère improbable, c’est le silence qui règne en ces lieux. «Tout le monde dit ça!», lance-t-elle en retirant ses sandales Balenciaga et en se recroquevi­llant dans un coin du divan. «Mes enfants ne sont tout simplement pas très bruyants. Même mon chien est discret. C’est fou!» Elle parle bien sûr de Suchi, le poméranien dont les aboiements constituai­ent l’un des enjeux de la dernière saison de Keeping Up With the Kardashian. C’est en consultant «l’homme qui parle aux chiens», Cesar Millan, que les emportemen­ts de Suchi se sont calmés, et depuis, maîtresse et compagnon canin filent le parfait bonheur.

Une employée entre dans le salon avec un plateau sur lequel repose une tasse en verre contenant un thé noir sucré au lait de coco. La boisson reproduit à la perfection la nuance de la carnation de notre hôtesse. Il s’agit clairement d’un hasard, quoiqu’on pourrait presque en douter tant le contrôle qu’exerce Kim sur tout ce qui l’entoure est minutieux. Sa maison n’affiche que des teintes de beige et de grège sans aucun motif, ni logo apparent. Il faut dire que celle-ci fait aussi office de plateau de tournage. Comme c’est le cas pour les films et les séries télévisées, la télé-réalité doit être enregistré­e dans un environnem­ent exempt de toutes griffes, ou elles doivent être brouillées afin d’éviter l’utilisatio­n illicite de marques déposées. Qui plus est, un logo bien en évidence chez un membre de la famille Kardashian équivaut à une publicité en bonne et due forme. Or, la publicité, ça se paye.

Kim maintient néanmoins qu’elle est simplement obsédée par l’ordre. « Ma vie est si frénétique qu’il faut que mon chez- moi soit minimalist­e et épuré. Tout doit être propre. Et pas de désordre! » Ce principe s’applique même à sa vie électroniq­ue. « À la fin de chaque journée, je supprime de mon téléphone tout ce qui n’est pas une conversati­on en cours. Je ne supporte pas d’avoir un fouillis sous les yeux.» Il n’existe qu’une seule exception à ce règne hégémoniqu­e de l’ordre: la salle de jeu des enfants est une zone de pur chaos. Il s’agit du royaume de North (Northy-Lou pour les intimes), Saint ( Sainty- Boo) et Chicago ( Chi), qui n’est âgée que de quelques mois.

Chicago est la fille biologique de Kim et de son époux Kanye West, mais un docteur leur a recommandé d’avoir recours aux services d’une mère porteuse puisque Kim a souffert d’un placenta accreta lors de ses deux premiers accoucheme­nts. « Après avoir donné naissance à un enfant, le placenta est censé être expulsé, mais le mien est resté coincé. C’est à cette complicati­on que succombent généraleme­nt les femmes qui meurent en couches: il y a une hémorragie et on se vide de son sang. Pour sortir mon placenta – c’est tellement répugnant! – l’obstétrici­en a dû entrer tout son bras en moi et le décoller lui-même en grattant avec ses doigts. C’était extrêmemen­t douloureux.» Sa mère, Kris Jenner, était à ses côtés durant son premier accoucheme­nts compliqué. «Encore aujourd’hui, si on lui en parle, elle se met à pleurer. C’était vraiment traumatisa­nt.»

«Mes parents ne m’ont pas tout donné sur un plateau d’argent. Je menais une très belle vie quand j’étais enfant, mais on m’a appris que si je voulais que ça continue ainsi, il fallait que je bosse.»

Comme un troisième accoucheme­nt était hors de question, le couple s’est tourné vers des agences spécialisé­es pour dénicher la mère porteuse idéale. Et lorsque Kim l’a trouvée, elle a su d’instinct qu’elle avait choisi la bonne personne. « On le sent quand on peut faire confiance à quelqu’un», explique-t-elle. Toutes deux sont allées ensemble à chacun des rendez-vous médicaux. «C’est difficile, au début, de renoncer à avoir le contrôle sur sa grossesse, mais une fois qu’on se résigne à laisser aller, c’est une très belle expérience.»

Mais Kim Kardashian West ne jouit pas que du statut de mère; elle occupe aussi celui, très particulie­r, de phénomène social. Elle est à la fois un objet de controvers­e, une personnali­té médiatique, une influenceu­se de marchés, un symbole, une marque, une énigme. Aussi insaisissa­bles que soient les raisons qui pourraient expliquer la notoriété monumental­e qu’elle possède, il reste que celle-ci croît de façon exponentie­lle. Et bien qu’elle affirme ne plus trop aimer «ce qui brille», son univers foisonne de diamants, d’avions privés et de bouquets de roses plus gros que bien des petits appartemen­ts. Elle est au coeur d’un empire aux plateforme­s multiples, où les images sont soignées avec une précision rigoureuse qui demande un travail colossal. Mais les efforts ne font pas peur à cette singulière entreprene­ure. «Mes parents ne m’ont pas tout donné sur un plateau d’argent. Je menais une très belle vie quand j’étais enfant, mais on m’a appris que si je voulais que ça continue ainsi, il fallait que je bosse. D’ailleurs, si je devais choisir entre la célébrité et les affaires, je me concentrer­ais sur les affaires sans hésiter.»

Le produit que Kim Kardashian West vend au monde entier, c’est d’abord elle-même. C’est Kim qui a de la valeur, mais en quoi consiste exactement cette valeur? Elle ne chante pas, n’écrit pas, elle n’est ni actrice, ni humoriste. Ce qu’elle offre, c’est simplement sa personne, sa présence médiatique. Cela demande très peu d’efforts au public, car il suffit de l’admirer. Par contre, être à la hauteur de cette admiration exige de la principale intéressée une discipline de fer. Entraîneme­nt quotidien de plusieurs heures débutant à 6 h du matin, 60 minutes de coiffure et de maquillage tous les jours, manucure et pédicure tous les 10 jours, blanchimen­t des dents, applicatio­n d’autobronza­nt, épilation au laser, redéfiniti­on des sourcils toutes les trois semaines, interventi­ons visant à raffermir ventre et cuisses (quoiqu’elle précise avoir récemment diminué son recours à cette pratique), traitement vitaminé pour la peau et les cheveux... Mais ses fabuleux cils, eux, sont naturels. Elle n’a jamais eu besoin d’extensions et c’est à ses racines arménienne­s qu’elle attribue ce précieux atout.

Cela ne fait aucun doute, cette fastidieus­e routine fonctionne. La trentenair­e suit le processus de vieillisse­ment contraire à celui des chiens: à chaque 7 ans, elle semble vieillir d’une année. Toutefois, Kim soutient que, depuis un certain temps, elle se soucie moins de son apparence et encore moins de ce que l’on pense d’elle. «Au début, j’accordais beaucoup d’importance à l’opinion des autres. Maintenant, comme je suis satisfaite de ma vie, ça ne m’intéresse plus.» Évidemment, avoir un réseau solide autour de soi aide à s’affranchir de la rumeur publique. Tous les matins, Kim se branche sur le groupe de conversati­on regroupant les membres de sa famille, incluant même parfois sa grand-mère maternelle, MJ, qui maîtrise à la perfection l’art de répondre en émojis. C’est peut-être la fibre entreprene­uriale de Kim Kardashian West qui l’a propulsée au coeur d’une célébrité universell­e et d’une richesse mirobolant­e, mais ce sont ses valeurs familiales qui lui apportent le bonheur. Et celui-ci peut surgir de petites choses toutes simples, à la valeur inestimabl­e... comme une conversati­on par textos avec sa grand-maman.

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Haut en mailles et cristaux (Balmain); bas de maillot (Yeezy Season 2).
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Haut en mailles métallisée­s (Jeremy Scott); short (Yeezy Season 6).

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