Bénédicte Décary
Égérie rebelle
La sublime Bénédicte Décary prête son talent à une pièce de théâtre qui a marqué l’histoire du Québec. Féministe et iconoclaste, LES FÉES ONT SOIF, de Denise Boucher, a même fait brièvement l’objet d’une injonction de nonpublication lors de sa création en 1978. Ce texte met en scène trois femmes: «Ce sont les trois archétypes féminins: la maman, la putain et la Sainte Vierge. Ces personnages veulent se sortir du carcan qui leur a été imposé par une société d’hommes et dont elles sont prisonnières. Ce sont des cris du coeur! Ces filles-là en ont ras le bol, elles sont en colère», explique celle qui campe la prostituée. «Mon personnage se rend compte qu’elle a intégré les désirs des autres et se demande ce qu’elle désire, elle. On fait souvent ça, nous, les femmes. Mais de quoi a-t-on vraiment envie?» Quarante ans se sont écoulés depuis la naissance de la pièce, mais selon Bénédicte Décary, celle-ci conserve toute sa pertinence. «J’ai l’impression que ces archétypes sont toujours aussi présents, mais qu’ils ont pris d’autres formes. La mère au foyer, par exemple, est devenue la maman parfaite sur les réseaux sociaux. Il faut donc qu’on ait l’air contente, qu’on ait une maison Pinterest...» Elle-même mère de deux jeunes enfants, l’actrice semble croire de toute son âme à l’oeuvre qu’elle participe à faire revivre. Avec une telle fée, nul doute que l’enchantement sera complet. Du 25 septembre au 27 octobre au Théâtre du Rideau Vert; rideauvert.qc.ca.