ELLE (Québec)

TENDANCES ET TRADITIONS

-

«¿Cuánto cuesta?» Patricia Millán Gutierrez de Piñeres pointe un sac en laine aux couleurs vives. Cette fana de mode a été mandatée par Singular LTD, une agence spécialisé­e dans les séjours sur mesure, pour me révéler ses meilleures adresses à Carthagène. Déjà, nous avons fait un saut chez la designer Silvia Tcherassi, dont les créations ont été aperçues sur les passerelle­s de Milan et Paris; à la boutique Loto del Sur, qui mise sur des ingrédient­s comme le café, l’acacia ou le rhum pour produire d’enivrants soins pour le corps; sans oublier le conceptsto­re St. Dom, qui offre une impression­nante sélection de griffes locales, incluant les élégantes robes de Johanna Ortiz et les sacs Michú. La besace que Patricia me désigne est toutefois vendue à une fraction du prix par un marchand de rues, dont les sandales ornées de pompons et autres accessoire­s colorés pourraient tout autant figurer dans un édito de mode. «On appelle ces sacs mochilas. Les indigènes les utilisent pour récolter la coca, m’apprend-elle. Mais, depuis deux ou trois ans, plusieurs marques proposent leurs propres versions.» Hernán Zajar est l’un des designers qui ont remis ces techniques artisanale­s au goût du jour. Dans son atelier à la devanture fuchsia, j’admire ses sacs perlés en forme d’ananas ou de lime. Il me raconte que cette collection aux saveurs tropicales est inspirée d’une Palenquera qui a marqué son enfance. «Elle s’appelait Amalia. Lorsque j’allais à la plage avec mes amis, elle me donnait des fruits même si je n’avais pas d’argent. Elle allait ensuite voir ma mère pour se faire rembourser!», s’exclame-t-il en exhibant une magnifique robe crochetée dont les volants évoquent la tenue traditionn­elle des Palenquera­s. À quelques rues de là, j’entre dans la boutique El Centro Artesano, où des mochilas côtoient de superbes nappes tissées et des paniers en paille tressée. Après avoir traversé une charmante cour intérieure et un café, j’aperçois des femmes assises à une table sur laquelle s’emmêlent des fils colorés. L’une d’elles confection­ne des pompons, l’autre un bracelet en perles, sa voisine un collier en papier mâché. Ce sont les protégées de Joana Caparrós qui, il y a 20 ans, a fondé l’organisme Women Together afin de permettre à celles-ci de vivre de leur artisanat, notamment grâce au microcrédi­t. «Nous leur donnons des ateliers sur les tendances, en plus de créer un pont avec l’industrie de la mode, m’explique-t-elle, en me montrant un sac prévu pour la prochaine collection de Dolce & Gabbana. C’est aussi une manière de s’assurer que les traditions ne se perdent pas.»

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada