ELLE (Québec)

COCKTAIL CULTUREL

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Devant moi s’alignent d’immenses portraits de femmes à la peau noire et aux cheveux blancs. Je suis au Museo de Arte Moderno de Cartagena et ces muses sont les mêmes Palenquera­s qui posent pour les touristes en échange de quelques pesos. Sauf que, cette fois, elles ne portent pas le foulard et la robe colorés qui les caractéris­ent. Il s’agit de l’oeuvre TejiendoCa­lle de Ruby Rumié, dont l’atelier est situé dans Getsemaní et qui s’interroge sur l’impact de l’embourgeoi­sement sur la vie de ces marchandes ambulantes. Lorsque je visite plus tard la NH Galeria, qui a aussi pignon sur rue à New York, je suis de nouveau frappée par l’une de ses saisissant­es photograph­ies, apparaissa­nt à côté d’une sculpture de l’artiste française Niki de Saint Phalle. Quelques jours plus tôt, j’ai assisté à un concert de l’orchestre Filarmónic­a Joven de Colombia, dans le cadre du Cartagena Festival Internacio­nal de Música. La semaine prochaine, le romancier Marc Lévy sera de passage en ville pour l’édition colombienn­e du Hay Festival, un événement littéraire originaire du pays de Galles qui voyage notamment au Danemark et en Espagne. Et c’est sans compter le Festival internatio­nal du film de Carthagène qui, en mars, présente les meilleurs films d’Amérique latine. Avec une vie culturelle aussi trépidante, c’est à peine si on a le temps de lézarder sur la plage. Mais qui s’en plaindra? En soirée, Susanna et moi nous rendons au bar Alquímico, aménagé dans une superbe demeure des années 1910. Si ce n’était de la faune animée qui y déguste des cocktails élaborés, j’aurais l’impression d’être à une tout autre époque. Tandis que Luis manipule devant nous des fioles de sirops et d’amers, Susanna me raconte qu’elle a vécu pendant des années à Barcelone. «Chaque fois que je disais que j’étais Colombienn­e, on me parlait de narcotrafi­quants. Aujourd’hui, je vois tous ces gens venus découvrir mon pays et ça me rend vraiment heureuse.» Oui, la beauté de Carthagène réside dans son passé, à la fois sombre et lumineux, mais elle n’a pas fini d’écrire son histoire.

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 ??  ?? 1. L’art de rue abonde dans le quartier branché de Getsemaní. 2. On aperçoit au loin la cathédrale de Santa Catalina de Alejandría, encore plus magique au crépuscule. 3. Pour l’apéro, rendez-vous au bar Alquímico!
1. L’art de rue abonde dans le quartier branché de Getsemaní. 2. On aperçoit au loin la cathédrale de Santa Catalina de Alejandría, encore plus magique au crépuscule. 3. Pour l’apéro, rendez-vous au bar Alquímico!

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