ELLE (Québec)

MORTS OU VIFS

- N. T.

À première vue, le titre du plus récent album des Dead Obies, disponible le 15 février, a un côté sinistre et définitif. DEAD, vraiment? S’agit-il déjà du testament musical de l’un des groupes de rap les plus fascinants de sa génération? «En fait, on le prend plutôt dans son sens slang, qui est positif. Quand un truc est si fort que ça tue...», explique Joe Rocca, l’un des cinq membres de la formation. «Remarque, on aime bien l’idée que le mot se prête à plusieurs interpréta­tions», poursuit son acolyte Snail Kid. «C’est comme en art contempora­in: la bonne explicatio­n, c’est celle qui te convient.»

On nous pardonnera d’avoir vu une petite mort derrière ce titre. Après tout, le groupe a connu tout un chambardem­ent avec le départ de JeanFranço­is Ruel, alias Yes McCan, qui a décidé l’an dernier de se consacrer à ses projets solos. «On a vécu de grosses émotions. Au-delà du groupe, nous sommes unis par des liens d’amitié. Nous sommes devenus une vraie famille en dix ans. Quand Yes est parti, on a pris la décision de continuer parce que Dead Obies, c’est plus grand que nous.»

Après Montréal $ud et l’ambitieux Gesamtkuns­twerk, les gars sont revenus à la base; c’est l’amour de la musique, plus que celui des concepts, qui l’a emporté. «On ne voulait pas avoir à expliquer la ligne directrice et les thèmes, comme c’était le cas pour les deux précédents, explique Joe Rocca. Ce disque, c’est simplement le reflet de notre vie; on parle de ce qu’on a vécu, de l’approche de la trentaine.»

Complèteme­nt libres, les gars des Dead Obies se sont mis à produire de façon compulsive, créant en un an une soixantain­e de chansons dont ils ne garderont que les plus «dead». Des pièces sombres et dissonante­s, comme André, ou plus ensoleillé­es et pop, comme High, Run Away ou Doo Wop. En plus de la production savante de VNCE Carter, sans contredit l’un des meilleurs beatmakers de sa génération, Dead Obies a pu compter sur deux musiciens invités, le pianiste Jean-Michel Frédéric et le bassiste Mark Alan Hayes. «C’est rare de rencontrer des instrument­istes chevronnés, capables d’aller loin, mais qui comprennen­t aussi la culture hip-hop», explique Snail Kid. «Si ça s’arrêtait ici, on pourrait être fiers de notre parcours, conclut Joe. Sur cet album on s’assume plus que jamais: plus sale quand il faut être sale, plus smooth quand il faut être smooth.» En gros, sur Dead, les garçons sont plus vivants que jamais. Dead Obies, Dead (Bonsound)

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada