L’ENFANT À VENIR
Après Un petit bruit sec en 2003, Myriam Beaudoin nous a secoués avec Hadassa, roman inspiré de son expérience d’enseignement dans une école juive orthodoxe de Montréal, qui a remporté le Prix littéraire des collégiens et le prix France-Québec en 2007.
A suivi son déchirant 33, chemin de la Baleine, centré sur l’amour meurtri et l’espoir sans fin du retour de l’aimé. C’était il y a dix ans. Puis, plus rien, sauf une collaboration en littérature jeunesse. Mais voici que cette auteure québécoise dans la jeune quarantaine revient en force avec ÉPIPHANIE.
Comment renoncer au désir d’être mère? Pour la narratrice, c’est absolument impensable. Pendant une décennie d’échecs, elle s’entête, appuyée par son amoureux qui partage son rêve. Mais c’est d’elle surtout qu’il s’agit ici, de son obsession grandissante.
Premières déceptions face à son incapacité à tomber enceinte alors qu’elle n’a pas encore 30 ans. Précautions en tous genres, changement d’alimentation, pratique de la méditation... Mais toujours rien. Elle en vient au yoga «zénitude», à l’homéopathie et à ses élixirs floraux. Elle consulte une ostéopathe spécialisée en fécondité, se bourre de vitamines. Elle est prête à tenter toutes les expériences, même les plus farfelues. En vain.
Épuisée, elle se retrouve en arrêt de travail. Tout son temps ne se focalise que vers une seule pensée: tomber enceinte. Médecine chinoise, acupuncture, réflexologie, thérapie en biologie totale, art-thérapie, tarologie... Elle cherche l’espoir là où elle peut. La clinique de fertilité et l’injection d’hormones deviennent inévitables. In vivo, in vitro, elle ne recule devant rien.
À bout de souffle, ne sachant plus à quel saint se vouer, elle qui n’est pourtant pas croyante se tourne un temps vers la vie monastique. C’est là qu’elle aura ce qu’on pourrait appeler une épiphanie. Qui finira par porter fruit... mais pas de la façon dont elle l’avait imaginée.
Myriam Beaudoin nous fait vivre ce parcours de la combattante de l’intérieur, par petites touches. Qualifié de «confession», son roman prend aux tripes. (Leméac)