NEWS CULTURELLES
Sorties, théâtre, cinéma, musique, livres…
On peut dire qu’elle a mis du temps à fleurir, cette Eli Rose. Trois ans après que son groupe, Eli et Papillon, se fut définitivement fané, la chanteuse est enfin prête à se laisser cueillir avec un projet solo aux ambitions internationales. Cette pop à la fois délicate et dansante, émaillée de rythmes empruntés à la musique urbaine, on l’a découverte au comptegouttes dans une série de singles enfin compilés sur un album. «Je suis une grande introvertie, avoue Eli avec un rire nerveux. À la base, je ne voulais pas faire de la musique; je me voyais plutôt comme une prof de maths. Avec Éli et Papillon, j’ai été mise de l’avant un peu malgré moi, car je ne suis pas naturellement attirée par les projecteurs. Moi, mon trip, c’est de faire du jardinage tranquille et de jouer à la belle-mère les weekends; ce ne sont pas exactement des envies compatibles avec une carrière de chanteuse!» Cette envie du travail de l’ombre a bien servi Eli au cours des trois dernières années. Sa carrière n’était pas en jachère, loin de là. Elle a écrit pour d’autres, assumé la direction artistique de quelques projets, créé un album francophone aux accents folk, puis un EP anglophone, tous deux demeurés confidentiels. Puis, elle s’est pointée à Kenect, le fameux camp d’écriture de la SOCAN. « Je me suis retrouvée réunie avec Ruffsound (l’architecte sonore de Loud), Mike Clay et Fouki. Ç’a tout de suite cliqué et ç’a donné la chanson pop rap Origami, qui a été le point de départ du projet. » Grâce à Ruffsound, elle a trouvé le reste des collaborateurs nécessaires à la création de l’album et accouché d’un son résolument contemporain, d’un genre encore peu exploité au Québec. Pas étonnant que ce soit en France qu’Eli ait trouvé un contrat de disques, grâce aux contacts de son copain, le réalisateur Jérémie Saindon, qui a envoyé quelques maquettes à Jean François (alias Grand Marnier), le compositeur de Yelle. Ce dernier remarque tout de suite qu’elles ont du potentiel et les envoie à quelques amis de l’industrie. «Après que j’ai eu passé dix ans à courir après le monde, tout à coup, c’est le monde qui me courait après!», raconte Eli, qui a finalement signé avec la multinationale Universal. Inspiré par une très brève idylle qui a mal tourné (« les textes viennent directement de mon journal intime », précise Éli), cet album homonyme table sur les contrastes: « J’adore l’opposition entre la noirceur du propos et le côté souvent léger de la musique. On peut dire que c’est de la pop dark. » Ne reste plus qu’à cueillir cette rose noire...