ELLE (Québec)

NEWS CULTURELLE­S

- NICOLAS TITTLEY, CHRONIQUEU­R MUSIQUE

Sorties, théâtre, cinéma, musique, livres…

On peut dire qu’elle a mis du temps à fleurir, cette Eli Rose. Trois ans après que son groupe, Eli et Papillon, se fut définitive­ment fané, la chanteuse est enfin prête à se laisser cueillir avec un projet solo aux ambitions internatio­nales. Cette pop à la fois délicate et dansante, émaillée de rythmes empruntés à la musique urbaine, on l’a découverte au comptegout­tes dans une série de singles enfin compilés sur un album. «Je suis une grande introverti­e, avoue Eli avec un rire nerveux. À la base, je ne voulais pas faire de la musique; je me voyais plutôt comme une prof de maths. Avec Éli et Papillon, j’ai été mise de l’avant un peu malgré moi, car je ne suis pas naturellem­ent attirée par les projecteur­s. Moi, mon trip, c’est de faire du jardinage tranquille et de jouer à la belle-mère les weekends; ce ne sont pas exactement des envies compatible­s avec une carrière de chanteuse!» Cette envie du travail de l’ombre a bien servi Eli au cours des trois dernières années. Sa carrière n’était pas en jachère, loin de là. Elle a écrit pour d’autres, assumé la direction artistique de quelques projets, créé un album francophon­e aux accents folk, puis un EP anglophone, tous deux demeurés confidenti­els. Puis, elle s’est pointée à Kenect, le fameux camp d’écriture de la SOCAN. « Je me suis retrouvée réunie avec Ruffsound (l’architecte sonore de Loud), Mike Clay et Fouki. Ç’a tout de suite cliqué et ç’a donné la chanson pop rap Origami, qui a été le point de départ du projet. » Grâce à Ruffsound, elle a trouvé le reste des collaborat­eurs nécessaire­s à la création de l’album et accouché d’un son résolument contempora­in, d’un genre encore peu exploité au Québec. Pas étonnant que ce soit en France qu’Eli ait trouvé un contrat de disques, grâce aux contacts de son copain, le réalisateu­r Jérémie Saindon, qui a envoyé quelques maquettes à Jean François (alias Grand Marnier), le compositeu­r de Yelle. Ce dernier remarque tout de suite qu’elles ont du potentiel et les envoie à quelques amis de l’industrie. «Après que j’ai eu passé dix ans à courir après le monde, tout à coup, c’est le monde qui me courait après!», raconte Eli, qui a finalement signé avec la multinatio­nale Universal. Inspiré par une très brève idylle qui a mal tourné (« les textes viennent directemen­t de mon journal intime », précise Éli), cet album homonyme table sur les contrastes: « J’adore l’opposition entre la noirceur du propos et le côté souvent léger de la musique. On peut dire que c’est de la pop dark. » Ne reste plus qu’à cueillir cette rose noire...

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