ELLE (Québec)

ENTREVUE

- PHOTOGRAPH­IE ALEXIS BELHUMEUR-COUPAL STYLISME SAMUEL FOURNIER (TEAMM) MISE EN BEAUTÉ MICHAEL GOYETTE (FOLIO MONTREAL) DIRECTION DE CRÉATION ANNIE HORTH

Geoffroy parle de la source d’inspiratio­n principale de son dernier album.

Après avoir été salué par le public et la critique pour son album Coastline, inspiré de ses nombreux voyages, Geoffroy plonge malgré lui dans un tout autre registre avec 1952. Rendre hommage à sa mère, partie trop tôt, tel est le défi de taille que l’auteur-compositeu­r-interprète s’est engagé à relever.

«Souvent, lorsque je suis en entrevue, je ne sais pas ce qu’il y a de plus à dire que ce qui a déjà été dit en paroles et en musique.» C’est que Geoffroy en a raconté des choses dans 1952, le nouvel opus auquel on peut tendre l’oreille depuis le 1er novembre. «Dans les années qui ont précédé la création de cet album, ma vie, ç’a été la maladie de ma mère [décédée d’un cancer du sein en 2017]. Quatre mois après son décès, j’ai décidé de louer un chalet avec mes amis réalisateu­rs pour aller créer. Ç’a été tough. Les gars ne le savent pas, mais je sortais dehors pour aller courir et je pleurais. Mais ce trip au chalet nous a aussi permis de faire quelque chose de vrai.» Une fois le canevas musical terminé, l’auteur-compositeu­r de 31 ans a dû entamer l’étape la plus difficile, soit de mettre les mots justes sur ce qu’il ressentait au sujet du départ de sa mère. «Quand je me suis penché sur les paroles de The Fear of Falling Apart, la première pièce à avoir été composée pour ma mère, j’ai réalisé que je ne me laissais pas le droit à l’erreur. Ç’a été vraiment difficile. Je pouvais passer un weekend... sur deux phrases! Je voulais tellement bien faire les choses, bien la représente­r. Ça m’a pris beaucoup de séances de réécriture, mais je suis parvenu à un résultat qui me plaît, et ça a débloqué sur d’autres chansons. Au total, cinq pièces sur l’album parlent de ma mère.» Geoffroy s’exprime avec transparen­ce, abandon et vérité. Pas mal pour un gars dont, jusqu’à tout récemment, on ne savait que très peu de choses. «C’est drôle, dit-il en souriant timidement, tout le monde me dit ça, mais j’ai toujours été prêt à m’ouvrir et je ne me sens pas si différent d’avant. Pour moi, c’est juste une continuité, un prolongeme­nt dans mon oeuvre. Je pense que, quand on écrit, on essaie chaque fois de toucher un peu plus à la vérité. Cet album, je le voulais dans le coeur du sujet, dans la transparen­ce, la beauté et l’espoir.» La beauté, c’est aussi ce que Geoffroy recherchai­t pour la pochette de son nouvel album. «Je souhaitais que la pochette soit agréable à regarder, sans qu’on puisse nécessaire­ment la relier au thème de l’album. Qu’elle soit à l’image de ma mère: douce, simple, délicate et élégante.» Cette touchante illustrati­on est l’oeuvre de Dan Climan, un artiste tatoueur montréalai­s, à qui Geoffroy a envoyé, pour l’inspirer, une centaine de photos de sa mère et des objets en céramique qu’elle avait faits. «Il m’a soumis quelques croquis. Quand j’ai vu le dessin de ma mère avec le foulard sur la tête, mais sans visage, j’ai tout de suite su que c’était ça, la pochette. C’était à sa hauteur.» La conversati­on se poursuit au sujet de celle qu’il a tant aimée. Puis, il sort son téléphone de sa poche et me montre des photos d’elle. Les yeux pleins d’étoiles et le sourire dans la voix, il signe lui-même la conclusion de notre entretien: «Ça m’a fait du bien d’écrire sur ma mère, mais finalement, je t’avoue que ça fait aussi du bien d’en parler en entrevue.»

«Quand j’ai vu le dessin de ma mère avec le foulard sur la tête, mais sans visage, j’ai tout de suite su que c’était ça, la pochette. C’était à sa hauteur.»

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1952, EN MAGASIN

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