ELLE (Québec)

LA FOIS OÙ…

Des personnali­tés féminines inspirante­s se racontent sans tabou pour nous. Voici la fois où a reçu un doux ROSALIE BONENFANT message de solidarité féminine.

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Rosalie Bonenfant a réalisé que sa rivale n’en était pas une.

Cette journée-là, en entendant mon téléphone émettre une notificati­on, j’étais loin de me douter qu’il m’avertirait qu’elle, entre toutes, cherchait à entrer en contact avec moi. Elle entamait son message ainsi: «Ça fait plusieurs fois que j’ai envie de t’écrire. Je ne sais pas pourquoi je ne l’avais pas encore fait…» Que pouvait-elle bien me vouloir? N’avait-elle pas assez de décrocher tous les rôles que convoitaie­nt les filles partageant notre casting? Me féliciter. C’est ça qu’elle voulait. Pour ce que je faisais, et la façon dont je m’y prenais. Mon premier réflexe, après m’être émue de ce message inopiné, a été de me demander pourquoi elle avait spécifié avoir attendu avant de m’écrire. Je me suis questionné­e un moment, puis j’ai trouvé. Moi aussi, je pensais qu’elle méritait d’être applaudie; pourtant, jusqu’à aujourd’hui, je ne le lui avais jamais dit non plus. Je m’étais à peine arrêtée pour réaliser comme elle était magnifique à voir aller, enchaînant les projets à un rythme effréné. J’étais sans doute trop occupée à m’avouer vaincue dès qu’elle entrait dans la même pièce que moi. Comme si, entre femmes, il ne pouvait y en avoir qu’une seule qui brille à la fois. Le milieu dans lequel on évolue est bien mal fait... C’est qu’on est plus d’une à être à la fois douées et suffisamme­nt spéciales pour ne pas tanner le public québécois, qui regarde assidûment la télévision pendant de longues saisons. La compétitio­n semble inévitable. Pourtant, en recevant une telle cargaison d’amour, et qui plus est, une qui soit énoncée de façon aussi sincère et désintéres­sée, j’ai eu la preuve qu’on peut réellement l’esquiver, cette compétitio­n. À mes yeux, son message était porteur d’espoir. Entre les lignes de sa solidarité bien rédigée, je lisais surtout «NOUS NE SERONS PAS BITCHES PAR DÉFAUT». J’ai donc saisi la balle au vol pour souligner que je partageais son sentiment. Je lui étais tellement reconnaiss­ante d’avoir surpassé cette ridicule concurrenc­e qu’on entretient presque par bienséance. Elle a renchéri en faisant remarquer qu’elle la ressentait également, mais que, comme moi, elle la trouvait vaine et refusait d’y participer. On s’est compliment­ées. Je nous ai trouvées bonnes. Je nous ai senties fortes. Elle a conclu en signant: «Une fan inconditio­nnelle, qui te soutient pour toujours.» PAF! Un jab en plein sur la rivalité. Un point pour la sororité! Je suis impatiente de la recroiser dans une salle d’attente, juste avant une audition, parce que je sais que, peu importe le résultat, on sera au moins deux à se réjouir. On saura désormais que, quand l’une d’entre nous gagne, on gagne toutes.

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