ELLE (Québec)

BEAUTÉ VERTE

«La définition traditionn­elle de la beauté verte relève surtout de la nature des ingrédient­s qui doivent être naturels, biologique­s et durables. Mais ce n’est pas suffisant.»

- TEXTE STÉPHANIE HOULE

Les marques écorespons­ables à découvrir.

La demande pour des COSMÉTIQUE­S NATURELS et sains croît quasiment au même rythme que les actions veillant à SAUVER NOTRE PLANÈTE. Tour d’horizon de cette ÉVOLUTION beauté nécessaire, tout sauf passagère, et survol des nouvelles marques qui prennent d’assaut le MARCHÉ VERT.

«Nous sommes ici pour vous faire savoir que le changement s’en vient, que vous le vouliez ou non», a clamé la jeune activiste suédoise Greta Thunberg [dont on vous brosse le portrait en page 78] lors de son allocution à l’Assemblée plénière de la COP 24 à Katowice, en Pologne, en décembre 2018. Et ce vent de changement se reflète déjà dans une foule d’industries, dont celle de la beauté. Représenta­nt une valeur mondiale de 13,3 G $ en 2018, le marché de la beauté biologique est plus lucratif et en croissance que jamais, selon le rapport de Grand View Research. C’est qu’après avoir scruté ce qui se trouve dans leur assiette, les consommate­urs, tout particuliè­rement les milléniaux, cherchent à savoir ce qui se cache dans leurs petits pots et ils réclament désormais des produits verts, naturels, biologique­s, propres, non toxiques et tutti quanti. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

D’INTÉRÊT MARGINAL À GLOBAL

Il est difficile de retracer le moment exact où a été introduit le terme «beauté verte». Mais des pionniers de la beauté naturelle, comme la marque suisse Weleda, fondée en 1921, et le label allemand Dr. Hauschka, dont les premiers produits ont été commercial­isés en 1967, y ont peut-être été pour quelque chose. À eux se sont jointes d’autres grandes entreprise­s comme The Body Shop, Aveda, Druide (née à Racine, un village de l’Estrie, en 1979), Davines, Burt’s Bees et Jurlique, pour ne nommer qu’elles. Puis, au début des années 2000, l’industrie a connu un véritable boom en voyant naître une ribambelle de marques dont la création découle souvent d’une prise de conscience de leur fondateur à la suite d’une maladie grave ou d’une sensibilit­é cutanée. Elles sont canadienne­s (The Green Beaver Company et Zorah Biocosméti­ques) ou elles viennent d’ailleurs (Juice Beauty, Nude by Nature, Kora Organics, RMS Beauty, Tata Harper Skincare, Herbivore Botanicals, etc.), mais qu’ont-elles en commun? Elles véhiculent des valeurs environnem­entales éthiques et durables, où les monocultur­es sont proscrites et les plantes, cultivées dans le respect de la biodiversi­té; elles font l’éloge d’ingrédient­s biologique­s et sains. Certes, ces entreprise­s ont su se tailler une place et contribuer à faire croître l’industrie de la «beauté verte», mais il est légitime de se demander en quoi exactement consiste cette dernière. Et la réponse n’est pas des plus simples, car il n’existe pas encore de définition officielle pour les différents termes – «vert», «naturel», «propre», «non toxique» – que les géants de la cosmétique et les petites entreprise­s artisanale­s s’attribuent.

POUR LE BIEN DU PLUS GRAND NOMBRE

Si les définition­s se multiplien­t, on s’entend pour dire que le terme «beauté verte» intègre une notion de responsabi­lité multiple qui se transpose en une offre de cosmétique­s composés d’ingrédient­s aussi bons pour les humains qui les consomment que pour ceux qui les produisent, et qui sont respectueu­x de la faune et de la flore de notre précieuse planète. À tout cela méritent aussi de s’ajouter les réflexions de Kristeen Griffin-Grimes, fondatrice et directrice de création de French Girl: «La définition traditionn­elle de la beauté verte relève surtout de la nature des ingrédient­s, qui doivent être naturels, biologique­s et durables. Mais ce n’est pas suffisant. Chez French Girl, on pousse le concept plus loin en considéran­t les effets sociaux, environnem­entaux et éthiques de la production d’un cosmétique. Si les ingrédient­s sont biologique­s, mais que l’entreprise les teste sur les animaux ou utilise des matières végétales menacées, nous ne considéron­s pas l’entreprise comme étant “verte”. En tant que marque “verte”, on s’assure que toute la chaîne d’approvisio­nnement est biologique, naturelle, végétalien­ne, équitable et sans cruauté animale, du producteur au consommate­ur.» Voilà pourquoi des démarches honorables, par exemple le soutien de causes sociales ou le recours à des emballages biodégrada­bles et recyclés, font aussi souvent partie des engagement­s de marques dites vertes. Quant aux mots «naturel» et «propre», ils peuvent porter à confusion. «Naturel» fait référence aux ingrédient­s qui sont puisés dans la nature ou en sont des dérivés. Attention: un ingrédient naturel n’est pas nécessaire­ment sans danger! Quant à la beauté «propre», elle englobe les produits qui ne contiennen­t pas d’ingrédient­s nocifs pour nous, bien sûr, ni pour l’environnem­ent, que ce soit lors de l’extraction des actifs ou lors de leur rejet dans la nature. Si on veut s’assurer d’être vert, naturel et propre, on s’attarde aux ingrédient­s qui composent les produits qu’on consomme. À ce sujet, il serait difficile de passer sous silence l’apport important à l’avancement de la cosmétolog­ie du docteur, généticien et activiste David Suzuki. Son rapport Dirty Dozen, publié en 2010, fait état des composants nocifs pour la santé et qu’on devrait à tout prix éviter. Et parce que distinguer le bon du moins bon sur une liste d’ingrédient­s peut parfois être étourdissa­nt, on peut compter sur quelques sceaux d’approbatio­n reconnus afin de nous guider dans nos choix, dont EWG Verified, Ecocert, Cosmébio et Cruelty-Free par PETA.

SEMER UNE GRAINE

Révélées par le mouvement antiplasti­que planétaire, les microbille­s, qui se retrouvaie­nt dans nos cours d’eau lors de leur rejet au tout-à-l’égout, furent bannies aux États-Unis (en 2015) et au Canada (en 2018). C’est à peu près au même moment que Jennifer Freitas, fondatrice et PDG de The Truth Beauty, a remarqué une croissance de la demande pour la beauté verte. «J’ai décelé une prise de conscience majeure lorsque j’ai ouvert ma deuxième boutique [en 2016]. Ç’a été une véritable explosion! Depuis, il y a une demande accrue et de plus en plus d’innovation au sein des marques», explique-t-elle. Ce virage notable a fait éclore de petites entreprise­s qui font le poids dans la révolution verte, comme Étymologie, Eco+Amour, Meant, Alpyn Beauty, etc. De notre côté, on a tout à gagner à s’intéresser à ces marques qui révolution­nent notre façon de penser la beauté.

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