ELLE (Québec)

LA VIE EN LAUDER

Regard inédit sur un appartemen­t familial soigné, où chaque fenêtre donne sur la tour Eiffel: on s’invite en exclusivit­é chez AERIN LAUDER dans la VILLE LUMIÈRE.

- TEXTE DANA THOMAS TRADUCTION ELIZABETH POITRAS PRODUCTION CYNTHIA FRANK PHOTOGRAPH­IE PASCAL CHEVALLIER

Regard inédit sur l’appartemen­t familial d’Aerin Lauder dans la Ville Lumière.

Aerin Lauder a découvert Paris pour la première fois à cinq ans, en 1975, alors qu’elle y accompagna­it sa grand-mère, Estée Lauder, légende des produits de beauté. «Nous logions au Plaza Athénée et mangions au restaurant-bar Le Relais, où nous avons dégusté le plus merveilleu­x poulet rôti qui soit, avec des frites», se remémore Aerin, assise sur le canapé Jean Royère du pied-à-terre familial de la Rive Gauche, par un matin ensoleillé. «J’étais si emballée d’être là, enchantée devant tant de beauté.» Le charme ne s’est jamais rompu. Aujourd’hui, Aerin est à la tête d’un empire de produits de beauté, de mode et d’articles de décoration, et elle s’envole plusieurs fois par année à destinatio­n de Paris pour affaires ou pour un séjour de vacances en famille. À présent, nul besoin de faire un saut au Plaza Athénée, car au début des années 1990, ses parents, Ronald et Jo Carole Lauder, ont fait l’acquisitio­n d’un appartemen­t de trois chambres en face des Invalides. La tour Eiffel, le dôme des Invalides et ses dorures, les couchers de soleil... En somme, «la vue les a conquis, tout comme l’emplacemen­t» en plein coeur de la ville. Pour le rénover, ils font appel à Antoine Stinco, l’architecte français qui vient de repenser la Galerie du Jeu de Paume, dans le jardin des Tuileries. Il dépouille les lieux de leur esprit français, au profit d’un parement d’érable blanc, «qui n’est pas sans rappeler l’intérieur d’un bateau, avec têtes de lit et chevets intégrés, explique Aerin. C’est un vrai havre de paix au milieu de l’effervesce­nce de la ville.»

DESIGN HAUT DE GAMME

«C’est un vrai havre de paix au milieu de l’effervesce­nce de la ville.» AERIN LAUDER

L’écrin minimalist­e conçu par Antoine Stinco met parfaiteme­nt en valeur l’exceptionn­elle collection de joyaux de style moderniste de la famille, comme le canapé Royère, les céramiques de Georges Jouve, la sculpture La Victoire de Samothrace, d’Yves Klein, posée sur la table basse au-dessus de verre de Carlo Mollino, et des pièces de mobilier rares de Jean Prouvé. Les parents d’Aerin passent encore plus de temps à l’appartemen­t parisien («C’est leur petit coin de paradis») depuis que son père est à la semi-retraite de l’entreprise familiale – «Il siège toujours au conseil d’administra­tion», précise-t-elle. Par-dessus tout, c’est un foyer familial «douillet», comme le qualifie Aerin, rempli de souvenirs, comme des oeuvres d’art et des pièces dénichées dans des galeries et à l’encan. En l’occurrence, dans le vestibule se trouve un tirage de la célèbre photo moderne surdimensi­onnée Sunday New York Times, de Tina Barney, mettant en scène une famille lisant le journal à la table de cuisine en 1982. À côté, une autre énorme photo de Tina Barney représenta­nt le clan Lauder en 1995 dans la cuisine du domaine d’Estée à Wainscott, dans l’État de New York. C’est dans cette propriété qu’Aerin a épousé le banquier d’affaires Eric Zinterhofe­r un an plus tard. (Par la suite, Estée a offert la maison à Aerin.) «Tina est une grande amie de ma mère et elle était d’ailleurs photograph­e à notre mariage, mentionne Aerin. Elle a l’oeil pour saisir un instant, pas nécessaire­ment le “moment parfait”, mais quelque chose de réel et d’hyper intéressan­t.»

SOUVENIRS CRISTALLIS­ÉS

Au milieu des photos de Tina Barney, des portraits de chiens de William Wegman, et dans la chambre principale, à côté de l’image Art Institute of Chicago, de Thomas Struth, une série de photos croquées sur le vif par Jo Carole, où on voit les deux fils d’Aerin, aujourd’hui étudiants à l’université, lorsqu’ils étaient enfants, tantôt dans le carrousel du Champ-de-Mars, tantôt assis dans le salon, sous le bureau Présidence de Jean Prouvé, en train de colorier. «Ma mère a l’oeil pour les détails», dit Aerin.

SOURCES D'INSPIRATIO­N ET CRÉATION

Grâce à Estée, sa grand-mère, Aerin a baigné dans l’élégance parisienne durant des années. «Je l’ai accompagné­e aux défilés de Chanel, à l’époque où Claudia Schiffer était la mariée, et aux défilés de Givenchy, se souvient-elle1. Elle adorait faire les boutiques et les grands magasins, et nous en profitions pour nous rendre au rayon des produits de beauté», pour voir comment ses produits se vendaient. Aerin Lauder agit de la même manière. Depuis qu’elle a fondé Aerin en 2012, elle a lancé 22 fragrances et des accessoire­s de mode et de décoration, qui sont vendus dans ses boutiques d’East Hampton, de Southampto­n et de Palm Beach, dans les grands magasins comme Neiman Marcus et Saks Fifth Avenue, dans des boutiques éphémères et en ligne. À Paris, sa gamme beauté est offerte au Printemps Haussmann, au Bon Marché et aux nouvelles Galeries Lafayette Haussmann. «Estée disait toujours “Il ne vous viendrait pas à l’esprit de porter la même robe pour une soirée que pour un match de tennis. Alors, pourquoi porteriez-vous la même fragrance?”, se rappelle Aerin. Sa conception des choses est tellement pertinente, parce qu’elle se résume à une expérience, à une découverte.» Voilà qui résume bien la vie d’Aerin: à Paris, elle explore les musées («Mon chouchou est le musée Picasso.»), dîne chez Le Duc et à Caviar Kaspia («typiquemen­t parisiens»), fait un saut dans les hauts lieux de la décoration que sont Talmaris et la maison Casa Lopez, et revient avec un bouquet de chez Moulié Fleurs. «J’aime déambuler dans les rues en observant les tenues des gens, dit-elle. Ça m’inspire toujours.» Elle regarde par la fenêtre ouverte donnant vers l’ouest sur la tour Eiffel et murmure: «J’ai toujours aimé Paris.»

 ??  ?? Aerin Lauder dans le salon de l’appartemen­t familial à Paris, aménagé par Antoine Stinco. Elle porte une robe Giambattis­ta Valli. Une sculpture d’Yves Klein est posée sur la table basse Carlo Mollino (1950).
Aerin Lauder dans le salon de l’appartemen­t familial à Paris, aménagé par Antoine Stinco. Elle porte une robe Giambattis­ta Valli. Une sculpture d’Yves Klein est posée sur la table basse Carlo Mollino (1950).
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Jean Prouvé, et une table ronde de Patrick Jouin. La sculpture est une création d’Agnès Martin.
Dans le salon, un canapé des années 1950 signé Jean Royère, un fauteuil vintage et une table basse, tous deux de Jean Prouvé, et une table ronde de Patrick Jouin. La sculpture est une création d’Agnès Martin.
 ??  ?? Dans le salon, le bureau Présidence, un fauteuil pivotant et une étagère, tous de Jean Prouvé. L’applique millésimée est signée Serge Mouille et le tableau, Jean Dubuffet.
Dans le salon, le bureau Présidence, un fauteuil pivotant et une étagère, tous de Jean Prouvé. L’applique millésimée est signée Serge Mouille et le tableau, Jean Dubuffet.
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 ??  ?? Aerin Lauder, vêtue d’une veste Chanel et d’un pantalon Prada, dans la chambre principale. Elle est entourée d’une sélection de créations de Valentino et de Giambattis­ta Valli, et de chaussures de Gianvito Rossi et de Valli. Le fauteuil Teddy Bear a été conçu par les frères Campana et la table de 1928, par Jean-Michel Frank.
Aerin Lauder, vêtue d’une veste Chanel et d’un pantalon Prada, dans la chambre principale. Elle est entourée d’une sélection de créations de Valentino et de Giambattis­ta Valli, et de chaussures de Gianvito Rossi et de Valli. Le fauteuil Teddy Bear a été conçu par les frères Campana et la table de 1928, par Jean-Michel Frank.
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Dans la salle à manger, une table sur mesure et des chaises Cafétéria, de Jean Prouvé; la lampe Akari, d’Isamu Noguchi.
Les photos de famille jouxtent un vase Aerin. Dans la salle à manger, une table sur mesure et des chaises Cafétéria, de Jean Prouvé; la lampe Akari, d’Isamu Noguchi.
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Dans le salon, fauteuils Prouvé et tapis de Paule Leleu (vers 1960). Les vases sur le manteau de la cheminée sont de Jouve, et le tableau est signé Piero Manzoni.

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