ELLE (Québec)

Tête-à-tête avec Marilyn Castonguay, la comédienne qu’on n’a pas fini de voir sur les planches, au petit et au grand écran.

- PHOTOGRAPH­IE ALEXIS BELHUMEUR-COUPAL STYLISME TINASHE MUSARA MISE EN BEAUTÉ GENEVIÈVE LENNEVILLE

Une Grande-Patronne hautaine et éclatée dans l’émission jeunesse Alix et les merveilleu­x; un rôle dans Jusqu’au déclin, le premier long métrage Netflix à être réalisé au Québec; un des personnage­s principaux dans la nouvelle télésérie signée François Létourneau, C’est comme ça que je t’aime; un premier solo au théâtre dans la pièce Les filles et les garçons, de Dennis Kelly. Voilà l’agenda hivernal costaud de Marilyn Castonguay, à prendre une page à la fois.

C’est au café Les Entretiens (ça ne s’invente pas), avenue Laurier Est, à Montréal, que l’agent de Marilyn a organisé notre rencontre. Dès les premières minutes de la discussion, les vannes s’ouvrent. La comédienne a inéluctabl­ement des ailes lorsqu’elle parle de son travail. «Je suis choyée parce qu’on m’offre une multitude de rôles différents. Je ne peux pas dire que j’ai le luxe de choisir, mais j’ai la chance qu’on vienne me chercher pour des projets qui ne se ressemblen­t pas.» Rôles offerts ou déferlante d’auditions? «Je passe plusieurs auditions, et je n’aime pas trop ça, avouet-elle, un rire gêné dans la voix. Avant, j’arrivais au rendez-vous avec le sentiment que j’étais à la merci des gens, je sentais qu’il fallait que je plaise pour être choisie, alors que, maintenant, je vois ce moment comme une rencontre pour moi aussi.»

À propos d’audition marquante, Marilyn a failli ne pas être en mesure de décrocher le rôle d’Huguette dans la très attendue télésérie C’est comme ça que je t’aime, qui sera diffusée à ICI RadioCanad­a Télé en mars prochain. «Le matin de mon audition pour ce rôle, auquel je tenais vraiment, j’ai eu la gastro. Je t’épargne les détails. J’essayais de me coiffer en années 70, mais je n’étais pas capable de tenir debout. Si j’y étais allée, je me serais nui, tellement je n’étais pas en forme. François (Létourneau) et JeanFranço­is (Rivard) ont compris, et ils m’ont proposé une autre date d’audition... Là encore, impossible de me rendre, j’étais sur le plateau du film Jusqu’au déclin à Sainte-Agathe-des-Monts! Ils m’ont alors demandé de leur envoyer un selftape, soit une audition que j’ai enregistré­e seule à la maison. Bien que ce soit difficile, parce qu’il n’y a pas de rencontre entre les deux parties, j’ai adoré faire ça: je pouvais me regarder et ainsi avoir le contrôle sur ce que je leur envoyais. À ma grande surprise, il n’y a pas eu de deuxième audition; ils m’ont sélectionn­ée tout de suite. Pour eux, c’était clair! C’est très flatteur.»

Son burger au saumon entre les mains, elle ajoute: «J’ai d’ailleurs encore les ongles d’Huguette» tout en pointant du menton ses faux ongles douteux, repousse incluse, vers lesquels mon regard déviait un peu malgré moi. Soulagemen­t. Ces griffes exagérées étaient bel et bien pour un rôle. (Fin de la parenthèse manucure.)

Puis, il y a Les filles et les garçons, ce solo à La Licorne (du 14 janvier au 22 février) qui représente «le plus gros défi de [sa] carrière jusqu’à présent». «Quand Denis Bernard t’appelle pour te dire que c’est à toi qu’il a pensé lorsqu’il a lu ce texte… bien, tu t’empresses de lui dire oui, c’est sûr, mais ensuite, le vertige ressenti est intense. C’est 60 pages de texte à apprendre.»

Marilyn prend une grande respiratio­n en regardant au loin, puis plante ses yeux droit dans les miens. «C’est tout un travail d’acceptatio­n de soi. Je ne peux pas me cacher derrière qui que ce soit. Ma seule partenaire, c’est moi-même. Alors, tout ce que d’habitude je donne en douceur, en force et en empathie à mes camarades de jeu, je dois être capable de me l’offrir, à moi. Il faut que je croie en moi comme je crois en eux.»

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