ELLE (Québec)

Les cosmétique­s sous l’influence de l’intelligen­ce artificiel­le.

- TEXTE JESSICA DOSTIE

Nos salles de bain sont de plus en plus CONNECTÉES. Ce qui semblait relever de la science-fiction il n’y a pas si longtemps se concrétise grâce à L’INTELLIGEN­CE ARTIFICIEL­LE, et les principale­s marques de cosmétique­s n’ont certes pas l’intention de manquer le bateau. Zoom sur un océan de possibilit­és EN RÉALITÉ AUGMENTÉE.

Miroir, miroir, quelle concoction devrais-je appliquer ce matin? – Pourquoi pas ce sérum apaisant? Mon algorithme note davantage de rougeurs qu’à l’habitude sur votre visage.» Ce genre de discussion – on exagère à peine! – avec une certaine intelligen­ce artificiel­le dissimulée derrière notre reflet fait déjà partie de l’univers des possibles. Le dernier Consumer Electronic­s Show (CES), cet incontourn­able salon de l’innovation technologi­que qui se déroule en janvier de chaque année à Las Vegas, en a d’ailleurs mis plein la vue aux beautistas de partout sur la planète lors de l’édition 2019. Parmi l’échantillo­n des inventions qui y ont volé la vedette l’année dernière, lesquelles pourraient arriver dans nos salles de bain dans un avenir proche? Un masque en feuille fabriqué sur-mesure à partir d’une imprimante 3D, un capteur permettant de connaître le pH de notre peau et, bien sûr, ce fameux miroir intelligen­t capable de nous offrir des conseils beauté personnali­sés, en plus d’évaluer une tonne de paramètres santé et bien-être, voire de consulter la météo ou notre consommati­on d’eau. «Grâce à l’intelligen­ce artificiel­le, on peut presque parler de miroir magique», résume Chloé Szulzinger, cofondatri­ce de la jeune pousse française CareOS, qui a d’ailleurs remporté un prix d’innovation pour son miroir, nommé Artémis, au CES 2019. Avec Artémis, la reconnaiss­ance du visage et des objets génère un éventail de fonctionna­lités toutes plus excitantes les unes que les autres. «C’est vertigineu­x de voir tout ce qui est possible!» s’exclame Chloé Szulzinger. Par exemple, le miroir reconnaît le crayon pour les yeux qu’on tient dans notre main et nous présente immédiatem­ent le tutoriel voulu pour réussir notre maquillage. «Nous pourrons bientôt proposer une séance de coaching en réalité augmentée, précise-t-elle. Les points indiquant où appliquer le produit se superposer­aient alors directemen­t à notre reflet. Pour une crème, on nous montrerait les zones à couvrir.» La gestuelle appropriée aussi, pourquoi pas?

Ces mises en applicatio­n sont certes très prometteus­es pour l’industrie de la beauté, mais, comme l’explique Chloé Szulzinger, «il y a encore beaucoup de boulot [à faire] pour arriver à la perfection, car la technologi­e évolue sans cesse. On est dans du jamais vu pour l’instant. C’est un exercice difficile, mais passionnan­t.»

Le pouvoir de l’intelligen­ce artificiel­le

Toutes ces innovation­s fascinante­s émergent grâce à la percée de l’intelligen­ce artificiel­le. Mais qu’est-ce que c’est, au juste, la fameuse IA? «Le terme “intelligen­ce artificiel­le” est assez large et on a maintenant tendance à l’utiliser à toutes les sauces», souligne le journalist­e et chroniqueu­r techno Maxime Johnson. Et qui dit objet connecté ne dit pas nécessaire­ment intelligen­ce artificiel­le. «Il est vrai cependant qu’on retrouve de l’intelligen­ce artificiel­le dans de plus en plus d’objets connectés», poursuit-il. Outre le miroir décrit plus haut, on pense aux bracelets d’entraîneme­nt, qui convertiss­ent les mouvements de notre poignet en nombres de pas, ou aux applicatio­ns de maquillage en réalité augmentée. «Pour que l’appli en question puisse poser le mascara au bon endroit, il faut qu’elle reconnaiss­e où sont les yeux sur la photo ou la vidéo», explique Maxime Johnson. C’est un travail effectué en amont par des spécialist­es de l’apprentiss­age machine: on utilise des dizaines de milliers de photos pour lui enseigner où se situent les yeux, le nez, la bouche… Et ce n’est là qu’un seul exemple! Selon Parham Aarabi, PDG de l’entreprise canadienne ModiFace, désormais dans le giron de L’Oréal et derrière de nombreuses applicatio­ns en réalité augmentée, «[cette technologi­e] est extrêmemen­t utile quand on magasine des produits de beauté». Elle peut en effet nous aider à choisir les soins appropriés pour notre type de peau, ou une palette de couleurs basée sur notre carnation. «Et l’intelligen­ce artificiel­le permettra d’aller encore plus loin en matière de personnali­sation avec des suggestion­s propres à chacun», croit-il.

L’enjeu de la sécurité des données

On s’en doute: pour que ces appareils fonctionne­nt de manière optimale, il faut leur céder un certain nombre d’informatio­ns que d’aucuns qualifiero­nt de «sensibles»: notre âge, notre état de santé et, dans le cas d’outils de reconnaiss­ance faciale, nos caractéris­tiques physiques ultradétai­llées. «Il n’y a jamais rien de sûr à 100 %», avertit Maxime Johnson, rappelant qu’une firme de sécurité informatiq­ue a dénombré quelque 100 millions d’attaques sur des objets connectés au cours de la première moitié de 2019. Bien sûr, on peut se protéger dans une certaine mesure, entre autres en s’assurant de faire toutes les mises à jour. «Si on n’est pas à l’aise avec l’idée d’avoir une webcam dans la chambre à coucher, on peut la débrancher lorsqu’on ne l'utilise pas», ajoute-t-il. Chose certaine, les objets connectés – en beauté comme dans les autres sphères de notre vie – sont là pour rester. «Pour 2020, on estime qu’il y en aura des dizaines de milliards, affirme Maxime Johnson. Il y a déjà plus d’objets connectés que d’humains, et ce qui n’existe pas au moment où on se parle existera sûrement dans six mois ou un an!»

d’objets

«Il y a déjà plus connectés

que d’humains,

et ce qui n’existe pas au moment où on se parle existera sûrement dans six mois ou un an!»

– MAXIME JONHSON

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Le miroir connecté Artémis: l'avenir de la beauté?
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