Les cosmétiques sous l’influence de l’intelligence artificielle.
Nos salles de bain sont de plus en plus CONNECTÉES. Ce qui semblait relever de la science-fiction il n’y a pas si longtemps se concrétise grâce à L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, et les principales marques de cosmétiques n’ont certes pas l’intention de manquer le bateau. Zoom sur un océan de possibilités EN RÉALITÉ AUGMENTÉE.
Miroir, miroir, quelle concoction devrais-je appliquer ce matin? – Pourquoi pas ce sérum apaisant? Mon algorithme note davantage de rougeurs qu’à l’habitude sur votre visage.» Ce genre de discussion – on exagère à peine! – avec une certaine intelligence artificielle dissimulée derrière notre reflet fait déjà partie de l’univers des possibles. Le dernier Consumer Electronics Show (CES), cet incontournable salon de l’innovation technologique qui se déroule en janvier de chaque année à Las Vegas, en a d’ailleurs mis plein la vue aux beautistas de partout sur la planète lors de l’édition 2019. Parmi l’échantillon des inventions qui y ont volé la vedette l’année dernière, lesquelles pourraient arriver dans nos salles de bain dans un avenir proche? Un masque en feuille fabriqué sur-mesure à partir d’une imprimante 3D, un capteur permettant de connaître le pH de notre peau et, bien sûr, ce fameux miroir intelligent capable de nous offrir des conseils beauté personnalisés, en plus d’évaluer une tonne de paramètres santé et bien-être, voire de consulter la météo ou notre consommation d’eau. «Grâce à l’intelligence artificielle, on peut presque parler de miroir magique», résume Chloé Szulzinger, cofondatrice de la jeune pousse française CareOS, qui a d’ailleurs remporté un prix d’innovation pour son miroir, nommé Artémis, au CES 2019. Avec Artémis, la reconnaissance du visage et des objets génère un éventail de fonctionnalités toutes plus excitantes les unes que les autres. «C’est vertigineux de voir tout ce qui est possible!» s’exclame Chloé Szulzinger. Par exemple, le miroir reconnaît le crayon pour les yeux qu’on tient dans notre main et nous présente immédiatement le tutoriel voulu pour réussir notre maquillage. «Nous pourrons bientôt proposer une séance de coaching en réalité augmentée, précise-t-elle. Les points indiquant où appliquer le produit se superposeraient alors directement à notre reflet. Pour une crème, on nous montrerait les zones à couvrir.» La gestuelle appropriée aussi, pourquoi pas?
Ces mises en application sont certes très prometteuses pour l’industrie de la beauté, mais, comme l’explique Chloé Szulzinger, «il y a encore beaucoup de boulot [à faire] pour arriver à la perfection, car la technologie évolue sans cesse. On est dans du jamais vu pour l’instant. C’est un exercice difficile, mais passionnant.»
Le pouvoir de l’intelligence artificielle
Toutes ces innovations fascinantes émergent grâce à la percée de l’intelligence artificielle. Mais qu’est-ce que c’est, au juste, la fameuse IA? «Le terme “intelligence artificielle” est assez large et on a maintenant tendance à l’utiliser à toutes les sauces», souligne le journaliste et chroniqueur techno Maxime Johnson. Et qui dit objet connecté ne dit pas nécessairement intelligence artificielle. «Il est vrai cependant qu’on retrouve de l’intelligence artificielle dans de plus en plus d’objets connectés», poursuit-il. Outre le miroir décrit plus haut, on pense aux bracelets d’entraînement, qui convertissent les mouvements de notre poignet en nombres de pas, ou aux applications de maquillage en réalité augmentée. «Pour que l’appli en question puisse poser le mascara au bon endroit, il faut qu’elle reconnaisse où sont les yeux sur la photo ou la vidéo», explique Maxime Johnson. C’est un travail effectué en amont par des spécialistes de l’apprentissage machine: on utilise des dizaines de milliers de photos pour lui enseigner où se situent les yeux, le nez, la bouche… Et ce n’est là qu’un seul exemple! Selon Parham Aarabi, PDG de l’entreprise canadienne ModiFace, désormais dans le giron de L’Oréal et derrière de nombreuses applications en réalité augmentée, «[cette technologie] est extrêmement utile quand on magasine des produits de beauté». Elle peut en effet nous aider à choisir les soins appropriés pour notre type de peau, ou une palette de couleurs basée sur notre carnation. «Et l’intelligence artificielle permettra d’aller encore plus loin en matière de personnalisation avec des suggestions propres à chacun», croit-il.
L’enjeu de la sécurité des données
On s’en doute: pour que ces appareils fonctionnent de manière optimale, il faut leur céder un certain nombre d’informations que d’aucuns qualifieront de «sensibles»: notre âge, notre état de santé et, dans le cas d’outils de reconnaissance faciale, nos caractéristiques physiques ultradétaillées. «Il n’y a jamais rien de sûr à 100 %», avertit Maxime Johnson, rappelant qu’une firme de sécurité informatique a dénombré quelque 100 millions d’attaques sur des objets connectés au cours de la première moitié de 2019. Bien sûr, on peut se protéger dans une certaine mesure, entre autres en s’assurant de faire toutes les mises à jour. «Si on n’est pas à l’aise avec l’idée d’avoir une webcam dans la chambre à coucher, on peut la débrancher lorsqu’on ne l'utilise pas», ajoute-t-il. Chose certaine, les objets connectés – en beauté comme dans les autres sphères de notre vie – sont là pour rester. «Pour 2020, on estime qu’il y en aura des dizaines de milliards, affirme Maxime Johnson. Il y a déjà plus d’objets connectés que d’humains, et ce qui n’existe pas au moment où on se parle existera sûrement dans six mois ou un an!»
d’objets
«Il y a déjà plus connectés
que d’humains,
et ce qui n’existe pas au moment où on se parle existera sûrement dans six mois ou un an!»
– MAXIME JONHSON