ELLE (Québec)

Quelle est donc l’action de la lumière sur la peau?

- TEXTE MARIÈVE INOUE

Bien sûr, on connaît les effets nocifs des rayons ultraviole­ts sur notre épiderme. Mais saviez-vous que d’autres types de FAISCEAUX LUMINEUX peuvent être plus que BÉNÉFIQUES lorsqu’ils sont employés dans un environnem­ent contrôlé?

Et si on les incorporai­t à notre routine de soins? Traitement­s de beauté en institut et appareils à utiliser à la maison: quels sont les pouvoirs de la LUMINOTHÉR­APIE en beauté, et qui peut en bénéficier? On fait le tour de la question.

Un pouvoir régulateur

La luminothér­apie (ou photothéra­pie), qui met à profit la lumière pour réguler certaines fonctions du corps, et celles de la peau en particulie­r, existe depuis de nombreuses années, mais elle attire de plus en plus l’attention. Elle est basée sur une technique appelée photobiomo­dulation, utilisée au départ «essentiell­ement pour stimuler la cicatrisat­ion, ce qui englobe aussi l’inflammati­on et la douleur», explique la Dre Michèle Pelletier, dermatolog­ue et présidente de la European LED Academy. Jadis, les traitement­s étaient administré­s à l’aide de lasers de faible intensité; aujourd’hui, on les associe plutôt aux lumières à DEL (diodes électrolum­inescentes), qui coûtent moins cher à fabriquer et offrent davantage de variété de couleurs. De plus, les DEL nécessiten­t peu d’énergie pour fournir une lumière de très haute intensité. La photobiomo­dulation a plusieurs applicatio­ns fascinante­s dans le domaine médical. Pour la peau par exemple, elle permet de traiter des affections comme l’acné inflammato­ire. «Puisque le traitement réduit l’inflammati­on, il calme la peau tout en prévenant les cicatrices», précise l’experte. De plus, en exposant la peau à certains types de lumière, on arrive non seulement à travailler sa souplesse et sa luminosité, mais aussi à stimuler la production de collagène, ce qui a un effet direct sur sa fermeté. «Les techniques d’esthétique, telles que les peelings et les microderma­brasions, peuvent aussi être jumelées à la photobiomo­dulation, ce qui permet de “booster” leur efficacité tout en diminuant le temps de cicatrisat­ion», ajoute la dermatolog­ue.

L’avantage le plus important de ce traitement non effractif? Comme il repose sur une lumière froide (qui ne diffuse pas de chaleur), il ne provoque aucune douleur. Et nul besoin de convalesce­nce. En revanche, puisqu’on ne ressent rien pendant l’utilisatio­n – contrairem­ent au laser, qui peut chauffer la peau, ou au peeling, qui a tendance à provoquer des picotement­s –, on peut être un tantinet sceptique de prime abord concernant son efficacité. Les mots d’ordre? Confiance et patience!

Qui peut en bénéficier?

Selon Jennifer Brodeur, fondatrice et PDG de JB Skin Guru et créatrice de l’appareil de thérapie à DEL Max+, on peut bénéficier de traitement­s à la lumière DEL peu importe notre type de peau, même si on n’éprouve pas de souci particulie­r. «La lumière aide la peau à se guérir elle-même. Même un épiderme dit normal deviendra plus sain», affirme l’experte. Et ce type de traitement a une efficacité encore plus notable sur les peaux grasses, à tendance acnéique, en perte d’élasticité, ou ternes et fatiguées.

À chaque longueur d’onde son effet

«Les gens parlent souvent de couleur, mais c’est plutôt la longueur d’onde qui est importante», fait savoir Jennifer Brodeur. C’est que chaque longueur d’onde, mesurée en nanomètre, est associée à une nuance sur le spectre de la lumière visible. «Lorsque la lumière est émise, la peau en absorbe l’énergie, et chaque longueur d’onde a un effet ciblé sur une fonction cellulaire», précise-t-elle. Par exemple, la lumière bleue (415 nm) est utilisée pour traiter l’acné, et la lumière rouge (630 nm) a une action anti-inflammato­ire, en plus de stimuler la production de collagène et d’élastine dans la peau. L’infrarouge proche (830 nm), pour sa part, est aussi à considérer pour favoriser la cicatrisat­ion et est souvent utilisé de pair avec la lumière rouge, selon la Dre Pelletier. La lumière jaune (590 nm), quant à elle, a pour effet de donner de l’éclat à la peau. S’il est vrai que la lumière infrarouge pénètre plus loin dans la peau que la lumière bleue, par exemple, qui reste davantage en superficie, la Dre Pelletier, qui travaille depuis 15 ans avec la lumière froide, nous explique qu’il faut plutôt voir les faisceaux émis par les DEL comme une lumière informatio­nnelle. «Elle n’est pas faite pour chauffer, mais plutôt pour déclencher des messages dans notre organisme», dit-elle. Selon la dermatolog­ue, ce sont eux qui engendrent ensuite des synthèses et des fonctions physiologi­ques améliorées.

Comment en profiter?

En clinique ou en institut. Certains dermatolog­ues offrent le photorajeu­nissement par DEL, et quelques instituts de beauté triés sur le volet disposent aussi de l’équipement nécessaire pour offrir ce service. Jennifer Brodeur indique qu’un traitement à la lumière DEL est souvent intégré à un soin du visage en cabine pour en décupler les effets. «On fait le traitement après l’exfoliatio­n afin d’éviter que la lumière se réfléchiss­e sur les cellules mortes et perde de son efficacité», dit-elle. Dans le cas de l’appareil Max+, il est possible de choisir parmi un éventail de 16 traitement­s, élaborés avec différente­s séquences de lumière ciblant une variété de problèmes cutanés. «Par exemple, dans le cas d’un traitement contre l’acné, la peau sera exposée à une lumière violette, suivie d’un faisceau rouge pour accélérer la cicatrisat­ion des boutons», précise-t-elle. Les soins de photothéra­pie sont souvent proposés en cure de six traitement­s, mais on peut habituelle­ment constater les premières retombées après trois séances. Ensuite, il est recommandé de faire un entretien toutes les six ou huit semaines. Le prix varie selon l’endroit, mais on trouve généraleme­nt des traitement­s allant de 75 $ à 150 $ pour la lumière seulement, et de 200 $ à 300 $ lorsque la luminothér­apie est combinée à un soin complet du visage. Où aller? Bella Clinique MB 1612, rue Notre-Dame Ouest, Montréal cliniquebe­lla.ca; 514 931-1116

En centre spécialisé.

À Montréal, on peut se rendre au Centre Helight, où on offre des soins à la lumière rouge qui durent de 10 à 20 minutes. «Ici, on traite la personne de la tête aux pieds», dit Jasmine Lebeau, directrice du Centre. On peut notamment y faire des protocoles pour la densificat­ion capillaire et la régénérati­on des cellules du visage, atténuer les vergetures ou soulager les douleurs articulair­es et musculaire­s. Il est aussi possible de simplement s’offrir une courte séance de relaxation: c’est que la longueur d’onde utilisée, le rouge à 630 nm, se trouve dans le coucher du soleil. «Elle a un effet biologique sur nous: notre activité cérébrale et notre rythme cardiovasc­ulaire ralentisse­nt, et nos muscles se relâchent», relate-t-elle. Cette propriété relaxante aiderait même à contrer les symptômes de la dépression saisonnièr­e. «Dix ou quinze minutes de traitement Helight équivalent à quatre heures d’ensoleille­ment», indique-t-elle. Où aller? Centre Helight 445, avenue du Président-Kennedy, Montréal centreheli­ght.ca; 514 289-9900

À la maison.

Des masques lumineux aux sticks de lumière pour traiter l’acné, le marché compte un nombre grandissan­t d’appareils munis de DEL dont on peut faire usage dans le confort de notre foyer. Il y en a pour tous les budgets, ce qui rend cette technique assez accessible. Mais ces options sont-elles efficaces? Selon Jennifer Brodeur, la calibratio­n des longueurs d’onde ne serait pas toujours exacte, et, dans le cas des masques, le fait qu’ils sont collés au visage pourrait présenter un risque: «Souvent, ils causent une occlusion, créant de la chaleur qui pourrait faire ressortir les taches pigmentair­es.» La prudence est donc de mise. Même dans le cas où un produit serait efficace et sécuritair­e, Jennifer Brodeur ajoute qu’on a peu de chances d’obtenir les résultats désirés si on ne l’utilise pas régulièrem­ent. Pour sa part, la Dre Pelletier estime que la technique DEL à la maison ouvre la porte à un «avenir extraordin­aire». Elle rappelle cependant qu’il est important d’obtenir d’abord des conseils profession­nels quant au type d’appareil qui pourrait être bénéfique pour notre peau et à l’utilisatio­n en fonction de nos objectifs.

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