ELLE (Québec)

3 QUESTIONS À SOPHIE BIENVENU

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La romancière Sophie Bienvenu est passée du côté des bédéistes, l’instant d’une histoire illustrée par la non moins talentueus­e Julie Rocheleau. Elle a fait le saut avec Traverser l’autoroute, une histoire de mecs un peu cons (c’est elle qui le dit), mais attachants.

Le père en pleine crise de la cinquantai­ne, le fils unique dans celle de l’adolescenc­e… Ça ne va pas bien pour les antihéros de votre roman graphique qui implosent dans leur vie de banlieue rangée et ordinaire. Pourquoi avoir choisi ce type de situation en apparence banale?

Ce qui m’intéressai­t surtout, c’était cette incapacité de communicat­ion entre un père et son fils que tout semble éloigner, mais qui se ressemblen­t au fond. Ça prend un événement précis, comme l’arrivée du chien, pour que ça devienne apparent.

Certaines critiques jugent que la fiction présentée au public, au cinéma et la télévision, s’attarde trop sur le destin d’hommes blancs dans la cinquantai­ne. Partagez-vous cette opinion?

Je ne suis pas de cet avis. C’est un con, mon personnage de père – et fiston l’est aussi –, mais il est attendriss­ant, imparfait. J’avais envie de le montrer dans une zone de gris et dans deux versions d’une même histoire. Ce qui m’intéressai­t, c’était d’explorer quelque chose qu’on ne nous montre pas souvent. On a l’impression, sans entrer dans les clichés, que les femmes ont plus de facilité à communique­r leurs émotions; qu’avec les hommes, il faut creuser davantage, que c’est juste la pointe de l’iceberg qu’on voit. Je suis allée chercher plus loin.

Entre la forme graphique et la forme romanesque, il y a deux mondes. Comment avez-vous vécu cette transition?

J’ai écrit un texte, je l’ai remis à mon éditeur et je pensais que ce serait tout. Je me suis rendu compte que non, que finalement ça se rapprochai­t plus d’un scénario que d’un roman dans la manière de structurer les idées. Je ne comprenais pas l’apport de l’image dans une histoire, mais je l’ai appris en travaillan­t avec Julie [Rocheleau]. Son apport est essentiel pour saisir les nuances du récit, pour nous rendre les personnage­s aimables et attachants. Je pense qu’on fait tout un duo!

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