ELLE (Québec)

PLASTIQUE

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On le sait tous, les dernières décennies ont vu exploser l’usage du plastique et, en parallèle, les problèmes liés à son éliminatio­n, ce qui a engendré l’une des plus graves crises environnem­entales de notre époque. Le portrait sombre qu’évoquent les océans remplis de matières plastiques nous presse de trouver de nouvelles manières de produire et de consommer. Le plastique est un matériau extrêmemen­t polyvalent et durable, et ses qualités techniques sont remarquabl­es. Mais en raison de son faible coût de production, on en fait des objets jetables, des articles au cycle de vie court qui génèrent une quantité phénoménal­e de déchets. Dans le monde, sur le strict plan de la réglementa­tion, le coût du plastique vierge demeure très bas. Cependant, si on y ajoute les coûts associés à son impact dans l’environnem­ent et à notre santé en général, on prend véritablem­ent conscience de son coût réel. Voilà qui a donné naissance à un tout nouveau créneau d’affaires: des entreprise­s de tous les secteurs aident maintenant des fabricants à revoir leur façon de faire et à accorder une priorité absolue au développem­ent durable en augmentant leurs investisse­ments dans le recyclage et la recherche de matériaux de remplaceme­nt. Ces initiative­s, portées par l’arrivée des consommate­urs conscients de l’urgence, suscitent une demande croissante pour des produits responsabl­es, qui nous aideront à venir à bout de la crise du plastique. Dans l’industrie de la mode, quelques-unes des marques de mode jetable les plus en vue ont déjà commencé à confection­ner des produits durables, et les grandes marques de luxe leur emboîtent graduellem­ent le pas. Mais qu’en est-il du monde du mobilier et de la conception des objets? Certes, de grands fabricants cherchent depuis des années à proposer des produits durables de qualité dont on peut retracer la matière d’origine. Mais, à l’heure actuelle, un nombre grandissan­t de démarches visent plutôt à s’attaquer à la cause véritable du problème et à mettre l’accent sur la création d’une économie circulaire. Car la quantité de plastique qu’on recycle en ce moment ne représente qu’une infime partie du tout, et la majorité du plastique est incinérée ou dispersée dans l’environnem­ent. Pour être en mesure de réduire l’utilisatio­n du plastique vierge et de repenser la réglementa­tion sur ce matériau, il faut commencer par réévaluer non seulement la production de plastique vierge, soit le matériau lui-même, mais aussi les déchets qu’il a générés jusqu’à présent, déchets qu’on doit maintenant considérer comme une ressource importante. Actuelleme­nt, il est plus coûteux de recycler le plastique que d’en produire du neuf, c’est pourquoi le recyclage n’a pas encore la cote. Oui, des changement­s doivent être apportés à la réglementa­tion. Mais si la production de produits recyclés s’accroissai­t, le coût de ces matériaux diminuerai­t peu à peu. Telles sont les règles du marché. Le milieu du design a donc un rôle fondamenta­l à jouer à cet égard. Le plastique recyclé n’est pas encore d’un usage très répandu ni considéré comme «noble», mais le fait d’inciter les designers et les firmes de design à revalorise­r les déchets de plastique permettrai­t de modifier la perception qu’on a de ce matériau et de stimuler l’intérêt des clients, ce qui susciterai­t un changement de cap à l’échelle mondiale. Pendant la Semaine du design 2019, à Milan, on a rencontré certaines des figures d’avant-garde de la nouvelle ère du plastique: des designers, des architecte­s, des ingénieurs et des fabricants qui, grâce à une technologi­e de pointe et en raison de leur conscience environnem­entale, innovent en jetant les bases de ce qui deviendra une véritable révolution du plastique.

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