ELLE (Québec)

L’AMÉRIQUE

de Michael KORS

- TEXTE MAROUCHKA FRANJULIEN

Sur la passerelle du défilé MICHAEL KORS 2020, les mannequins (GIGI, PRINTEMPS-ÉTÉ KAIA, BELLA...) défilent dans des tenues tantôt chics, tantôt sportives, rétro ou androgynes aux couleurs de l’Amérique, tandis qu’une chorale entonne American Pie, magnifique ballade nostalgiqu­e signé Don McLean. Le ton reste délibéréme­nt optimiste, quand bien même le pays, fracturé, traverse une crise politique majeure. «Je me suis toujours considéré comme très patriotiqu­e», nous confie Michael Kors, après son défilé. Rencontre avec un ténor de la mode new-yorkaise.

Les États-Unis sont au coeur de votre défilé. En quoi vous inspirent-ils?

L’esprit américain repose sur les possibilit­és, et personne ne représente mieux cela que mon arrière-grand-mère. Elle a débarqué à Ellis Island à 14 ans avec 10 $ en poche. Mais elle avait un rêve, et elle a pu se bâtir une business, une famille et une vie. Elle m’inspire tous les jours, et cette collection lui rend hommage.

Est-ce que les États-Unis d’aujourd’hui sont en phase avec l’esprit américain qui vous anime?

Il y a beaucoup de négativité dans le monde. Les gens ont besoin d’optimisme et d’espoir. Pour cette collection, j’ai pensé aux femmes des années 1940 qui ont retroussé leurs manches et accompli le travail. J’ai aussi pensé aux jeunes d’aujourd’hui qui apportent des changement­s positifs. C’est l’âme américaine que je connais et que j’aime.

À la fois moderne et rétro, féminin et androgyne, votre défilé est marqué par la dichotomie. Pourquoi?

[Le pays] est fait de contrastes. Il est à la fois punk et preppy, puissant et romantique. Cette collection célèbre ce mélange. On y trouve autant des robes fluides que des pièces ajustées qui réinventen­t les classiques américains.

Que pensez-vous de l’état de la mode actuelle?

Grâce aux réseaux sociaux et à Internet, [l’industrie] se démocratis­e de plus en plus, ce que j’adore. Maintenant que les défilés sont retransmis en direct [comme le fait sa marque chaque saison], la mode n’est plus réservée à un petit cercle d’initiés. N’importe qui, venant de n’importe où, peut regarder un show et se faire sa propre opinion.

Kaia Gerber, Binx Walton et Gigi et Bella Hadid ont défilé sur la passerelle, tandis que Nicole Kidman et Kate Hudson étaient assises au premier rang de votre défilé. Quelle femme incarne le mieux votre griffe?

Une jongleuse, [comme le sont] Kate Hudson, Nicole Kidman, Michelle Obama et bien d’autres, pas forcément connues, qui ont une carrière, une famille et qui sont toujours sous le feu des projecteur­s. Lorsque je crée, je pense toujours à cet éventail de personnes et à ce dont elles ont besoin pour paraître et se sentir à leur avantage.

Avez-vous toujours su que vous vouliez devenir designer?

Je viens d’une famille de femmes qui adorent la mode, donc ç’a toujours été dans les cartes pour moi. Si je ne travaillai­s pas dans [cette industrie], j’aurais pu être un producteur à Broadway. Mon mari, Lance, et moi allons souvent au théâtre après le boulot... et quand j’ai quelques jours pour me relaxer, j’adore aller à la plage. Il suffit de m’emmener au soleil pour que je sois au paradis!

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