ELLE (Québec)

Marie-Pierre Arthur

Projection libre

- MARIE-PIERRE ARTHUR, DES FEUX POUR VOIR, SIMONE RECORDS N. T.

Il est des gens pour qui l’entrée dans la quarantain­e se mesure en deuils et en regrets. Pour Marie-Pierre Arthur, c’est au contraire un moment charnière qui l’amène à se projeter dans sa deuxième moitié de vie avec optimisme et abandon. «J’ai parfois l’impression d’avoir réussi tout ce que je voulais faire: j’ai un enfant, j’ai fait des disques qui me ressemblen­t, j’ai le même chum depuis toujours... Tout ça est formidable, mais une fois comblée, tu te demandes: what’s next?»

Cette question – et plusieurs autres – sert de trame à son plus récent album, Des feux pour voir. «C’est peut-être mon album le plus intime et le plus profond, confirme la musicienne. Plusieurs textes sont très dark, mais mon amie Gaële prétend que je n’ai jamais été aussi lumineuse!» C’est d’ailleurs Gaële, sa partenaire d’écriture depuis les débuts, qui lui a suggéré d’inviter d’autres plumes, histoire de brasser les cartes. Le vieux pote Louis-Jean Cormier a offert une chanson. Puis Émilie Laforest et Laurence Nerbonne ont ajouté leurs touches à ce disque qui demeure, paradoxale­ment, le plus personnel de Marie-Pierre. L’ensemble est empreint d’une véritable liberté artistique, doublée d’une grande richesse sonore.

Quelques écoutes sont nécessaire­s pour capter tous les détails: la pièce Les nuits entières semble échappée de Sea Change, le grand disque mélancoliq­ue de Beck; Dans tes rêves est un véritable party funk; les guitares dissonante­s de la pièce-titre s’inspirent du rock indie des années 1990 et Tiens-moi mon coeur est truffée de références aux eighties, avec un clin d’oeil évident à Kate Bush. À la réalisatio­n, outre Marie-Pierre elle-même, on trouve son amoureux et collaborat­eur de toujours, François Lafontaine, rejoint par le batteur Samuel Joly et une équipe de musiciens chevronnés qui ont tous laissé leur trace. «Faire de la musique, collaborer avec d’autres, c’est du vécu en concentré, affirme Marie-Pierre. C’est comme voyager, ça nourrit mes sens et mon esprit. J’apprends beaucoup sur moi, sur les autres, sur le monde.» Et a-t-elle trouvé des réponses à ses grandes questions en cours de route? «Plus ou moins, mais, tu sais... je n’ai pas fini d’avoir 40 ans. »

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