ELLE (Québec)

ENTREVUE

- TEXTE LAURIE DUPONT PHOTOGRAPH­IE CLÉMENT DIETZ

Nicolas Ouellet nous parle de ce que vivent les artistes dans le contexte actuel.

Oui, on est sur pause, mais on doit plus que jamais parler de culture québécoise. Les besoins des artistes et des artisans sont criants. Le mieux placé pour me dresser un portrait complet de la situation? L’animateur et grand connaisseu­r de la scène musicale québécoise NICOLAS OUELLET, sans hésitation.

«Pour être très honnête, ce qui se passe pour nos artistes en ce moment, c’est terrible, lance Nicolas d’entrée de jeu. Et c’est l’enfer aussi pour tous les gens qui gravitent autour d’eux. Oui, il y a l’artiste qui écope, mais ce sont aussi les musiciens qui l’accompagne­nt, le directeur de tournée, les technicien­s, et après, ça touche aussi les labels et les agences de booking. Toutes ces personnes n’ont plus de travail ni de revenus. Ça a vraiment un impact global.» La tourmente dans laquelle le milieu artistique est plongé attriste grandement l’animateur. Sent-il qu’il a un devoir de passer un certain message à son auditoire? «Comme j’ai une tribune, je me dois, dans la situation actuelle, de l’occuper de la façon la plus efficace possible. Je n’ai jamais été du type moralisate­ur, cependant j’utilise mon moyen de communicat­ion pour parler de santé publique – bien sûr! –, et aussi de la façon dont on peut soutenir la culture. J’espère que ça va nous faire réfléchir à la manière dont on peut aider nos artistes, individuel­lement et collective­ment, pour leur offrir un filet qui soit plus sécuritair­e et qui leur permette de sortir de l’état de survivance dans lequel ils sont.»

Alors, on fait quoi?

On est tous d’accord sur le fond: on doit aider nos artistes... Mais comment, exactement? «Si on peut se le permettre, on achète des albums physiques, des vinyles, et surtout de la marchandis­e (vêtements et autres articles promotionn­els) en ligne, car c’est sur cette dernière que la marge de profit est la plus élevée pour l’artiste. On évite, dans la mesure du possible, de demander le remboursem­ent de nos billets de spectacle, car les shows qu’on tenait à voir seront assurément reportés. Et une fois que la machine va repartir, ça va aider de savoir qu’une partie des billets est déjà vendue. L’idée, au fond, c’est de sensibilis­er les gens. Parce qu’ils ne savent pas nécessaire­ment comment les artistes réussissen­t à faire de l’argent.» Au début de la crise, on se souviendra que le gouverneme­nt a fait appel aux artistes actifs sur le web en leur demandant de propager l’info et non le virus. Que pense Nicolas de cette interventi­on? Était-ce aux artistes de sensibilis­er la population? L’homme marche d’abord sur des oeufs, mais se lance ensuite quand même. «Si on ne parle que des artistes en musique, oui, je pense qu’ils ont une responsabi­lité envers la société dont ils font partie parce qu’ils ont une tribune, mais je pense que la société a aussi une responsabi­lité envers eux. J’espère juste que l’engagement de tous les artistes leur sera remis au centuple après la crise. Ils sont un des moteurs de notre société. Certaines personnes les considèren­t comme un divertisse­ment non nécessaire, mais, selon moi, c’est tout le contraire. Dans la situation actuelle, on se rend compte à quel point ils sont essentiels et on prend conscience de la place qu’ils occupent quotidienn­ement dans nos vies.»

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