ELLE (Québec)

Viktor &Rolf le pouvoir des mots

Pour le duo néerlandai­s VIKTOR& ROLF, le processus créatif est réparti à parts égales entre l’art, la haute couture et la parfumerie. Rencontre bien sentie.

- TEXTE THÉO DUPUIS-CARBONNEAU

On ne peut pas travailler sur quelque chose en ayant pour but que ça devienne culte», me répond Rolf Snoeren, du duo néerlandai­s Viktor&Rolf, lorsque je lui demande ce qui fait la popularité intarissab­le de Flowerbomb – le tout premier parfum de la marque, lancé en 2005 – et de ses déclinaiso­ns. Viktor Horsting et Rolf Snoeren, que je rencontre au Four Seasons, à Montréal, sont calmes, réservés, voire austères. Tout le contraire de leurs designs extravagan­ts, qui surfent sur la très fine ligne entre la haute couture et l’art visuel depuis leurs débuts en 1993. Aux antipodes aussi de ce parfum culte, justement, dont le nom – trouvé avant même l’élaboratio­n des accords – révèle parfaiteme­nt la nature: une véritable explosion de fleurs, reconnaiss­able dès la première bouffée. «On voulait mettre au point un parfum puissant et complexe», rappelle Viktor Horsting. L’importance des mots influence le duo dans toutes les sphères de ses créations. «Tout passe par le langage. C’est impossible pour nous de concevoir un parfum sans avoir d’abord choisi son nom. C’est la même chose pour les vêtements: nous devons cerner et visualiser les mots qui les définissen­t avant de dessiner une seule ligne», explique Rolf Snoeren. Est-ce que les similitude­s entre l’univers de la mode et de la parfumerie s’arrêtent là, pour eux? «Lorsque nous élaborons une fragrance, nous disposons de bien plus de temps que pour une collection de vêtements, mais il faut être infiniment plus précis. Il n’y a qu’un parfum, qu’un flacon, qu’une boîte et qu’une image par lancement. Notre message doit donc être clair», lance Viktor Horsting. «C’est comme condenser le meilleur de Viktor&Rolf en un seul produit», ajoute Rolf. D’où le désir de concevoir des déclinaiso­ns de Flowerbomb, «qui exploitent chacune à leur façon une facette particuliè­re du jus original, comme les petites soeurs d’une même grande famille», précise Viktor. La dernière, Flowerbomb Dew, a été imaginée comme une fragrance «seconde peau» («Pour nous, tout tournait autour du mot “douceur”!» dit Rolf), dont les notes de poire, de rose, d’iris et de musc blanc créent un bouquet à la fois léger et sensuel. Ce désir d’explorer le monde de la parfumerie était tout naturel pour le duo, qui affirme être toujours capable d’arriver à un consensus. «Depuis le début, la mode représente plus que des vêtements pour nous. C’est une aura, un sentiment, un moyen d’expression... L’identité de notre marque passe donc autant par les morceaux qui défilent sur les passerelle­s que par les parfums qu’on élabore», explique Viktor. C’est aussi une façon, selon le designer, de «raconter une histoire avec un produit beaucoup plus démocratiq­ue que la haute couture». Et même si, de leur propre aveu, le marché de la parfumerie est saturé, il y a encore de la place pour une innovation excitante. Parce qu’après tout, comme le souligne Viktor, «que ce soit en mode, en art ou en design, les gens vivent dans une quête constante de nouveauté». Et peu importe où Viktor&Rolf décide de nous emmener, on a envie de suivre son sillage.

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(144 $ les 50 ml d’eau de parfum; labaie.com).
FLOWERBOMB DEW, de Viktor&Rolf (144 $ les 50 ml d’eau de parfum; labaie.com).

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