ELLE (Québec)

Discussion avec Mathilde Thomas, cofondatri­ce de Caudalie.

Comment la marque française CAUDALIE s’est-elle établie comme un puissant leader écorespons­able dans l’industrie de la beauté? Sa fondatrice nous éclaire. MATHILDE THOMAS

- TEXTE THÉO DUPUIS-CARBONNEAU

Ça fait longtemps que l’aventure Caudalie a commencé pour Mathilde et Bertrand Thomas. La découverte du pouvoir des polyphénol­s logés dans les pépins de raisin, en 1993, a lancé la marque, qui a tôt fait de s’ancrer dans la routine beauté de femmes du monde entier. Véritable pionnière dans les balbutieme­nts de la beauté clean, Caudalie a continué d’évoluer, avec les actions de Mathilde, pour être encore plus verte et plus écorespons­able sans faire de compromis sur son efficacité.

Un processus toujours plus vert

«La liste des éléments qu’on souhaite éliminer de nos formules s’allonge au fur et à mesure que les études démontrent que certains sont des perturbate­urs endocrinie­ns», m’explique Mathilde Thomas. Depuis 2017, tous les nouveaux soins de la marque sont donc exempts de silicones et de PEG (polyéthylè­neglycol) – des agents fréquemmen­t utilisés pour la texture soyeuse et les propriétés tensioacti­ves qu’ils apportent aux produits –, et son portfolio complet est revisité pour retirer graduellem­ent certains agents. Un défi de taille – «Chaque étape est compliquée!» –, qu’il est possible de relever grâce au lancement sur le marché d’ingrédient­s novateurs, comme des dérivés de la noix de coco et du sucre, qui permettent des concoction­s naturelles fluides et stables. L’autre pari de Mathilde Thomas? «Je veux que Caudalie soit zéro déchet – c’est-à-dire que la totalité de nos emballages soient recyclés, recyclable­s ou rechargeab­les – d’ici 2022.» Le verre utilisé pour les flacons sera donc transparen­t, et les impression­s métallisée­s ou laminées sur les tubes de plastique seront éliminées. Pour les pièces plus difficiles à recycler, comme les pompes des sérums, confection­nées à l’aide de plusieurs matériaux, la marque fait équipe avec l’entreprise de recyclage TerraCycle. Cette prise de conscience accrue, la fondatrice l’a eue à Hong Kong, où elle a habité pour conquérir le marché asiatique. «Quand on vit en Asie, le problème de pollution devient extrêmemen­t concret. On visitait des plages paradisiaq­ues envahies par les déchets, et quand on surfait, chaque vague était parsemée de résidus de plastique», se désole Mathilde. Dès son retour en France, en 2018, des mesures serrées ont été prises pour réduire l’impact environnem­ental de Caudalie. «Comme je me rends au labo chaque semaine, ça facilite le processus!»

L’impact de la COVID-19

J’étais censée rencontrer Mathilde Thomas en personne, fin avril, lors de son passage prévu dans la Ville Reine pour l’inaugurati­on du nouveau siège social de Caudalie au Canada, qui abritera à la fois ses bureaux et sa boutique-spa. Crise de la COVID-19 oblige, son ouverture a été retardée. Les boutiques et les spas de la marque à travers le monde ont aussi temporaire­ment mis la clé dans la porte. «La business est lourdement touchée. On a du personnel au chômage, en arrêt temporaire… c’est une crise comme on n’en a jamais connu», me confie Mathilde, attristée, lors de notre entretien par Zoom. Lorsque je la questionne sur les conséquenc­es de cet événement sur nos habitudes de consommati­on dans l’avenir, la femme d’affaires me confie que l’espoir réside dans la prochaine génération. «Les jeunes sont très sensibles à la cause environnem­entale et ils n’iront travailler que pour des entreprise­s auxquelles ils croient. Ils voient le produit dans son ensemble. C’est ça qui va changer les moeurs!» dit-elle, enthousias­te. Quoi qu’il en soit, elle leur a pavé le chemin de bien belle façon.

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