Helena Deland Au-delà de soi
Sur son premier album, le bien nommé SOMEONE NEW, l’autricecompositrice-interprète Helena Deland joue les alchimistes, transmutant le plomb de ses angoisses en une aurifère série de chansons à la fois intimistes et fortes. Après s’être interrogée sur l’importance qu’elle accordait au regard des autres, que ce soit dans ses relations amoureuses ou son travail de musicienne, elle a trouvé l’équilibre en puisant au plus profond d’ellemême avec acharnement. «À la fin du processus de création, qui a quand même duré deux ans, j’ai eu l’impression d’être devenue une nouvelle personne, explique-t-elle. Ç’a été un grand voyage au cours duquel j’ai gagné en confiance, et cet album sera à tout jamais près de mon coeur pour ça.» La Québécoise s’est bâti une réputation internationale enviable grâce à une série de quatre minialbums d’indie folk rêveur parus en 2018 sous le titre Altogether Unaccompanied. Ces ballons d’essai, produits en compagnie de Jessie McCormack, ne manquent pas de charme, mais Helena rêvait d’un projet plus profond, plus cohérent pour son premier véritable album. «C’est drôle à dire, mais j’ai l’impression que mes premières chansons ne n’appartiennent pas vraiment. Je suis fière de mes premiers EP, mais c’était clairement du travail de débutant: j’avais bien moins d’expérience que les gens avec qui je travaillais et j’avais toujours l’impression que le petit succès que je remportais revenait à d’autres.» En 2018, elle entame la création de Someone New, sûre de pouvoir réunir sur un même disque une réflexion cohérente sur de grands thèmes, tout en explorant de nouveaux territoires sonores. «J’ai réalisé que beaucoup des malaises que je ressentais dans ma vie s’expliquaient par des dynamiques de genres, et que c’était une expérience partagée, qui allait au-delà de ma petite personne. L’idée de la validation qui passe par le regard masculin a été ma grande inspiration.» Le résultat se décline dans des chansons en apparence douces, mais derrière la voix feutrée, la section rythmique s’agite par moments et l’album étonne par les ambiances sonores parfois tordues et inquiétantes créées par son collaborateur Valentin Ignat, musicien issu du monde de l’électroacoustique. «J’ai parfois peur d’avoir surproduit, car je suis très attachée aux versions démo, plus folk; mais je suis contente d’être allée plus loin, d’avoir ajouté des couleurs à la toile d’origine.»