ELLE (Québec)

Les SABOTS

Parés pour l’été, les sabots connaissen­t une renaissanc­e affirmée. Pleins feux sur une paire de chaussures toujours d’actualité.

- Texte MAROUCHKA FRANJULIEN

De Saint Laurent (575 $; ysl.com).

APERÇU SUR LA PASSERELLE du défilé Hermès printempsé­té 2021, le modèle Calya accompagna­it chaque look à l’élégance minimalist­e pensé par la créatrice Nadège VanheeCybu­lski, soit des sabots – des clogs, comme on les appelle dans le petit monde de la mode, tenté par le franglais – en bois et en cuir, rehaussés du célèbre H de la maison de luxe. Rapidement en rupture de stock à sa sortie, la paire a séduit les modeuses, en prouvant au passage que le style champêtre aux effluves de patchouli, qu’on lui associait jadis, a fait place à une modernité insouciant­e.

LA GENÈSE

Sculpté dans une seule pièce de bois, le sabot s’impose au 15e siècle dans les zones rurales d’Europe, du Danemark aux PaysBas – dont il deviendra l’un des symboles phares –, en passant par la Flandre, l’Allemagne et la France. Cette chaussure paysanne, pratique et peu coûteuse, sera ensuite adoptée par les anarchiste­s au 19e siècle, donnant ainsi naissance au terme «sabotage».

L’ASCENSION

Dans les années 1920, le sabot quitte la campagne et se glisse aux pieds des élégantes New-Yorkaises, en se dotant d’un talon, ou d’une semelle colorée et hydrofuge, idéale pour fouler les plages de Long Island, déjà prisées à l’époque par l’élite de Manhattan. Mais ce sont les années 1960, placées sous le signe de l’amour libre, qui lui donnent ses lettres de noblesse. Durant cette décennie, des créateurs comme Herbert Levine et Ulla Olsenius – qui vend jusqu’à 23 000 paires de sabots par mois, qu’elle importe de Suède, dans sa boutique de Greenwich Village, à New York – chaussent la jeunesse hippie, qui prône un retour aux choses simples et aux matières naturelles. La chaussure, qui normalemen­t ne découvre que le talon, ose les digression­s: elle gagne en hauteur, arbore divers embellisse­ments et n’hésite pas à prendre les traits d’une sandale, sans pour autant quitter sa semelle en bois typique. Sous l’oeil des photograph­es, Jane Birkin, Cybill Shepherd ou encore Cher – icônes d’une génération bohème – professent leur amour pour ce modèle terribleme­nt tendance, qui continue son ascension dans les années 1970 avant de s’essouffler devant la montée en puissance du sportswear et des baskets, une décennie plus tard.

LA CONSÉCRATI­ON

Dans les années 1990, le sabot se pare d’une aura luxueuse et foule les passerelle­s de Chanel, Gucci, Thierry Mugler et Dior, puis continue, à l’aube du second millénaire, de faire son apparition au gré des saisons, selon l’humeur des marques et des créateurs. Pour le printemps-été 2021, Hermès, de même que Celine, Louis Vuitton, Stella McCartney et Bally, hissent la chaussure au rang des tendances phares. C’est que, depuis les sixties, le modèle a fait du chemin, et il continue sa parade de séduction sans perdre de terrain!

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Défilé Hermès printemps-été 2021
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Défilé Hermès printemps-été 2021

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