ELLE (Québec)

Les BASKETS

Des terrains de tennis aux passerelle­s des défilés, il n’y a apparemmen­t qu’un pas, que nos sneakers ont réussi à franchir. Décryptage d’une paire culte au summum du cool.

- Texte MAROUCHKA FRANJULIEN

LES PREMIERS PAS

En France, on les appelle des baskets, un nom intimement lié à l’univers du sport qui les a vues grandir. Outre-Atlantique, on emploie plutôt le terme sneakers depuis le début du 20e siècle: son sens découle du verbe to sneak («se faufiler»), un clin d’oeil à leurs semelles en caoutchouc silencieus­es qui permettent de se déplacer furtivemen­t. Leur création est de fait intimement liée à celle de la vulcanisat­ion du caoutchouc, un procédé chimique inventé en 1839, qui permet dans les années 1860 de fabriquer les toutes premières baskets durables et flexibles pour les amateurs de croquet.

En 1916, la US Rubber Company flaire la bonne affaire et décide d’offrir, sous la marque Keds, des sneakers en toile pour le plus grand nombre. Un an plus tard, Converse lance sa célèbre Converse All Star, puis s’associe avec le joueur de basketball Chuck Taylor en 1921 pour en faire la promotion, bien avant que Nike ne s’offre un coup de pub d’envergure en collaboran­t avec Michael Jordan. Pendant ce temps-là, en Allemagne, Rudolf et Adolf – Adi – Dassler commercial­isent des baskets dès 1924, mais à la suite d’une dispute, les deux frères décident de se faire concurrenc­e en créant chacun sa marque dans les années 1940: le premier fonde Puma, le second, Adidas… et le reste appartient à l’histoire!

L’ÉLAN

Les souliers, qui avaient déjà emballé la jeunesse rebelle dans les années 1950, envahissen­t la rue durant les seventies et conquièren­t la culture hip-hop. En 1986, le groupe de rap RunDMC encense la marque aux trois bandes dans son succès My Adidas («Mes Adidas et moi, aussi proches que possibles / On forme une super équipe, mes Adidas et moi»). La griffe allemande connaît de fait un franc succès depuis sa création, et cumule les bons coups grâce à des modèles phares: la Stan Smith, première chaussure en cuir destinée aux courts de tennis, lancée en 1964, et la Superstar, reconnaiss­able à son bout en forme de coquillage, qui s’impose dès sa création, en 1969, sur les terrains de basket et sur le bitume.

Face au géant Adidas, une autre marque fait son chemin: Nike, fondée en 1971, qui doit son ascension fulgurante à ses chaussures de sport à la semelle gaufrée et à ses sneakers emblématiq­ues, dont la Air Force One, lancée en 1982, et la Nike Air Jordan, en 1984. Cette paire marque le coup d’envoi... d’un partenaria­t juteux avec le célèbre basketteur Michael Jordan, qui écope d’une amende de 5000 $ US pour entorse au règlement chaque fois qu’il les porte durant les matchs!

LES PODIUMS

Séries limitées, collection­s exclusives, modèles prisés… L’engouement pour les baskets a toujours le vent en poupe et, sur le marché de la revente, certaines atteignent des sommes astronomiq­ues. C’est le cas d’une paire de Nike Air Jordan 1 qui a trouvé preneur à 560 000 $ US en 2020, tout comme un prototype de la première paire de Nike Air Yeezy 1, conçue par le rappeur Kanye West, qui a été vendue 1,8 million $ US cette année. Le filon n’est évidemment pas passé à côté des maisons de luxe. Chez Balenciaga, Gucci, Chanel et Isabel Marant, les sneakers font désormais partie du vestiaire griffé lorsqu’elles ne foulent pas carrément les passerelle­s, comme au défilé Celine automne-hiver 2021-2022. Une chose est sûre: la folie des baskets n’est pas près de ralentir le pas!

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Celine
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Michael Jordan et ses Nike Air Jordan.

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