ELLE (Québec)

Martha Wainwright L’ÂGE MÛR

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Lorsqu’on la joint au téléphone, MARTHA WAINWRIGHT se trouve dans sa deuxième maison. Pas dans quelque chalet coquet des Laurentide­s, mais à l’espace Ursa, le café-salle de spectacles qu’elle a inauguré dans le Mile End en 2019. «Comme on a dû cesser les spectacles pendant la pandémie, on a décidé de continuer à servir la communauté d’une autre manière, en offrant un camp de jour à une douzaine d’enfants», explique l’autrice-compositri­ce-interprète, qui s’amuse à monter en leur compagnie des petits spectacles musicaux pour leurs parents. Ursa est également le lieu où Martha a créé une bonne partie de son plus récent album, LOVE WILL BE REBORN, qui marque une renaissanc­e à bien des égards. «La pièce-titre est la première que j’ai écrite il y a quatre ans, explique-t-elle. L’album dans son ensemble est assez sombre, mais celle-là est plus optimiste. J’allais mal, mais je voulais croire que l’amour pouvait renaître et, même si je n’y croyais pas à l’époque, la chanson a prédit ce qui allait arriver!» Ce nouvel amour, chanté du point de vue d’une mère de deux enfants, est exploré dans Getting Older, dont le ton tranche avec celui d’un brûlot comme Bloody Mother Fucking Asshole, écrite il y a plus de 20 ans. «J’ai failli appeler l’album Getting Older, mais la compagnie de disques m’a dit que ce n’était pas vendeur, lance-t-elle dans un rire. Quand tu rencontres quelqu’un dans la quarantain­e, c’est une relation complèteme­nt différente d’avant: tu te mets à imaginer que c’est la personne avec qui tu vas probableme­nt vieillir et décliner; ça change tout!»

Fait intéressan­t, Martha a fait appel au réalisateu­r Pierre Marchand, connu pour sa longue associatio­n avec Sarah McLachlan. Il y a 30 ans, ce réalisateu­r faisait ses débuts sur l’enregistre­ment de Heartbeats Accelerati­ng, des Soeurs McGarrigle, le groupe de sa mère, Kate. «Ce qui est fou, c’est que ma mère avait 45 ans au moment où elle a commencé à travailler avec Pierre, exactement comme moi! Je sens beaucoup de similitude­s entre nos albums», dit-elle. Épaulée par Pierre Marchand et entourée des musiciens qui l’ont accompagné­e en tournée, Martha a trouvé un équilibre entre sa nature fougueuse et une douceur qu’elle exprime bien dans Falaise de Malaise, sa première chanson «franglaise», où elle s’accompagne timidement au piano. «C’est l’album d’une femme middle-aged, conclut Martha. On entend ce que j’ai pu vivre dans une pièce comme Report Card, où je parle de divorce, de solitude, mais aussi de parentalit­é. J’aime en chanter les moments drôles à mes enfants en imitant Neil Young, mais je détourne le regard lorsque j’arrive au moment de raconter comment j’ai noyé mon chagrin dans l’alcool.» Avec l’âge vient la sagesse ....

Martha Wainwright

Love will be Reborn

Nicolas Tittley, chroniqueu­r musique

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