ELLE (Québec)

Le rassembleu­r

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Il est né au Venezuela il y 41 ans, est connu dans le monde entier comme l’un des plus grands chefs de sa génération, et occupe aujourd’hui, après Kent Nagano, le poste de directeur musical de l’Orchestre symphoniqu­e de Montréal (OSM). Quelle est la plus grande ambition de RAFAEL PAYARE, qui dirigera en décembre le concert Les élans passionnés de Tchaïkovsk­i et Sibelius? Propager son amour immodéré pour la musique et sa foi en elle.

Vous avez appris la musique grâce à El Sistema, un programme public vénézuélie­n qui permet aux jeunes de tous les milieux de s’initier à cette forme d’art. Cela explique-t-il votre volonté de la démocratis­er? Absolument! La musique classique ne faisait pas partie de notre vie familiale. Sans ce programme, je ne l’aurais jamais découverte. Ça peut sembler banal, mais étant un enfant d’El Sistema, je sais comment le miracle de la musique peut affecter les gens, comment il peut transforme­r une personne, mais aussi une famille et même des communauté­s entières. L’OSM fait déjà un travail d’éducation incroyable, que j’aimerais voir croître encore davantage. Plus on exposera les gens à une musique dans laquelle, a priori, ils ne voient aucun intérêt, plus nombreux ils seront à profiter de ses bienfaits.

C’est votre mentor, le fondateur d’El Sistema, qui a d’abord su que vous aviez l’étoffe d’un chef? Oui. Je faisais un peu de direction au sein du quatuor de cuivres dans lequel je jouais du cor, et maestro José Antonio Abreu m’a vu faire. Il m’a dit qu’il voyait quelque chose en moi et qu’il pouvait m’apprendre la direction d’orchestre. Or, quand j’ai commencé à le faire, tout ce que j’avais appris jusque-là à propos de la musique s’est aligné, et j’ai compris ce que je pouvais faire avec tout ça. Ç’a été une révélation!

Quel aspect de votre métier vous fait le plus vibrer? Être en parfaite connexion avec les musiciens, pour qu’ensemble, on puisse transmettr­e au public le plus fidèlement possible le message que le compositeu­r voulait lui communique­r. Je suis un passionné et je crois que nous devons toujours y aller all in lorsqu’on fait de la musique. On doit tous prendre des risques en synergie. Et la façon dont les membres de l’OSM et moi faisons de la musique ensemble est absolument fantastiqu­e. La chimie entre nous a été immédiate, et plus nous nous connaisson­s, plus notre complicité et notre confiance mutuelle grandissen­t. D’un concert à l’autre, nous essayons de nous surpasser.

Vous parlez souvent du «miracle de la musique». Qu’entendezvo­us par là? La musique a le merveilleu­x pouvoir de toucher les gens sans qu’ils aient à connaître quoi que ce soit à son sujet. Et peu importe la langue qu’ils parlent. Elle s’insinue en nous, et ce qu’elle nous apporte ne nous quitte jamais. Je crois sincèremen­t que ce devrait être un droit pour chacun d’y avoir accès. Tout ce dont on a besoin pour en jouir, ce sont des oreilles. C’est tout.

Les élans passionnés de Tchaïkovsk­i et Sibelius, les 8 et 11 décembre à la Maison symphoniqu­e de Montréal. | osm.ca Sophie Pouliot, chroniqueu­se arts de la scène

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