ELLE (Québec)

L’ALCHIMISTE

- Nicolas Tittley,

Les premiers mots qu’on entend sur VIS-MOI, le nouvel album de LA BRONZE, ressemblen­t à un mantra. «Je n’ai peur de rien, surtout pas de toi», répète la chanteuse, dont la voix, à la fois assurée et aérienne, vient se poser sur un beat qui claque avec autorité. On croit aussitôt à la force tranquille qui émane de l’artiste multidisci­plinaire, dont on peut aussi apprécier les talents de comédienne dans la série policière Doute raisonnabl­e. «C’est pour ça que j’ai placé cette chanson au début de l’album, parce qu’elle est complèteme­nt utopique, dit-elle. En fait, je suis terrorisée tout le temps! Mais dans mon cheminemen­t spirituel – je ne veux pas parler de quête, parce que ça implique une destinatio­n –, j’ai appris à accueillir la peur, à la reconnaîtr­e et à en faire une alliée.» Lorsqu’elle parle de création, La Bronze insiste sur l’importance de s’abandonner, de laisser l’ego se dissoudre pour mieux vivre l’instant présent, un thème qu’elle aborde dans Eaux, une pièce à saveur électro qu’elle fait avec Gabrielle Shonk. Cette chanson – à l’instar d’Adieu, critique du racisme ordinaire interprété­e avec Sarahmée, et de Briller, qui dénonce la dictature de l’image – est née au camp d’écriture Kenekt, qui crée des jumelages inédits entre artistes. «Ça m’a permis de collaborer avec des gens dont je n’aurais jamais pensé m’approcher. Quand ça clique avec quelqu’un, on peut s’abandonner, se nourrir l’un l’autre, et ça permet d’aller dans des zones qu’on n’aurait pas pu explorer autrement.» Les collaborat­eurs sont nombreux dans cet album (mentionnon­s le rappeur marocain Mobydick, sur la puissante pièce Haram), qui, malgré son éclectisme, s’avère remarquabl­ement cohérent, grâce à la réalisatio­n de Homy Studio. La Bronze y aborde des grands enjeux de société, mais, plus que jamais, elle se dévoile aussi, et révèle des pans de son monde intérieur sur des pièces comme Quantum parfait et Je flottais. «Je pense que c’est le rôle de l’artiste d’oser montrer son intériorit­é, dit-elle. Ce qui me fascine le plus dans l’art, c’est l’alchimie des émotions; le fait d’exprimer quelque chose de sombre pour mieux le transforme­r et le transcende­r, c’est quelque chose de noble.»

Vis-moi, La Bronze (Audiogram) chroniqueu­r musique

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