ELLE (Québec)

LES ANNÉES CHLOÉ

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Pour comprendre cette ferveur, il faut saisir celle qui déchaîne les passions. Elle est née dans la banlieue parisienne de parents anglais en 1973 (pour l’anecdote, sa mère a cocréé la pochette de l’album Aladdin Sane, de David Bowie, la même année) et a fait ses classes à la prestigieu­se école de mode londonienn­e Central Saint Martins. Diplômée en 1996, elle rejoint la maison Chloé un an plus tard comme assistante de Stella McCartney, qui vient tout juste d’y être nommée directrice artistique. Après le départ de cette dernière, en 2001, Phoebe Philo reprend le flambeau et appose son style à la griffe. Entre féminité assumée et naturel affirmé, les vêtements Chloé charment par leur fraîcheur bohème et leurs lignes modernes et épurées. Le résultat fait mouche, les ventes explosent et, en 2004, la créatrice décroche le prix de designer de l’année aux British Fashion Awards. Un an plus tard, elle lance le sac Paddington, son premier it-bag, qui en annonce d’autres, des accessoire­s chéris qui provoquent l’émoi parmi les fashionist­as. Susciter le désir ne s’apprend pas, mais Phoebe Philo a déjà un don inné pour capter avant l’heure ce dont les femmes ont envie. Le succès est là, il l’auréole et l’enveloppe chaudement, mais la designer a la tête ailleurs: en 2005, enceinte de son premier enfant, elle décide de partir en congé de maternité. Dans une industrie qui est largement dominée par les hommes et valorise la course effrénée aux nouvelles tendances, c’est du jamais vu! La mode ne s’arrête pas, mais l’Anglaise n’en a que faire. La pause d’un an prend finalement des airs de départ et, en 2006, la créatrice quitte Chloé pour se consacrer entièremen­t à sa famille. Certaines craindraie­nt d’être oubliées, mises de côté au profit d’un énième designer masculin, dont la présence ne semble jamais tarir, alors que les femmes nommées à la tête de la direction artistique d’une maison de luxe se comptent sur les doigts d’une seule main. Mais Phoebe Philo nage à contre-courant et incarne cette femme libre qu’elle fait défiler sur les passerelle­s.

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