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Como água em rocha, flexível e exacta, entras na minha pele, maré a encher. Só temos asas porque temos corpo.

Water on Stone Like water on stone, flexible and exact, You enter my skin, a rising tide. We only have wings because we have a body. L’eau douce sur la pierre dure Comme l’eau sur la pierre, souple et précise, tu entres en ma peau, marée montante. Sans c

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I lean over to my neighbour, who happens to be one of the country’s most famous poets and a favourite of Portugal’s president Marcelo Rebelo de Sousa, and ask her about Cristiana’s voice, which resonated with intimacy. “Oh yes!” says Rosa Alice Branco. “We call it dizer.” Portuguese poetry dates back to the troubadour­s of the 12th century, so that explains the mix of love and historical heft in Cristiana’s voice. But what about the crowd, all around me, questionin­g so fervently? Flâneur’s muse, Pina, incited his countrymen – living through the Estada Novo dictatorsh­ip, one of the longest in modern history – to “fight for books to be truly free.” Poetry here has the feeling of dialogue, and its recital, just the opening lines of a conversati­on. After all, it was poetry, set to music, that was the secret signal that brought down the government during the peaceful Carnation Revolution of 1974, when folk singer Zeca Afonso urged us to look around: “On each corner, a friend / On each face, equality.”

THE NEXT DAY, I FIND MYSELF IN FRONT OF THE FAMED CAFÉ

Piolho on a rainy evening, feeling quite close to the country’s tumultuous past. Behind the gold anchors that adorn the colonial facade is one of the rare places where women – including Rosa Alice Branco – could speak freely during the dictatorsh­ip, a period when free speech came at a high cost. Poet Maria

Je me penche vers ma voisine, qui se trouve être une des plus célèbres poètes du pays, en plus d'avoir la faveur du président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, pour commenter la voix de Cristiana, vibrante d’intimité. « Oh, oui ! fait Rosa Alice Branco. On utilise le verbe dizer. » La poésie portugaise remonte aux troubadour­s du xiie siècle, d’où ce mélange d’amour et de poids historique dans la voix de Cristiana. Mais cette foule, tout autour de moi, aux questions si ferventes ? La muse du Flâneur, Pina, a incité ses compatriot­es (sous la dictature de l’Estado Novo, une des plus longues de l’histoire moderne) à « soutenir que les livres sont vraiment libres». Ici, la poésie a des airs de dialogue, et elle se lit comme s’il s’agissait d’un simle début de conversati­on. Après tout, c’est la poésie, mise en musique, qui a été le signal secret qui a renversé le gouverneme­nt lors de la pacifique révolution des OEillets de 1974, quand le chanteur folk Zeca Afonso nous a exhortés à regarder autour de nous : « À chaque coin, un ami / Sur chaque visage, l’égalité. »

LE LENDEMAIN SOIR, DEBOUT SOUS LA PLUIE DEVANT LE CÉLÈBRE

Café Piolho, je me sens très proche du passé tumultueux du pays. Derrière les ancres dorées ornant la façade coloniale se trouve un des rares endroits où les femmes, dont Rosa Alice Branco, pouvaient parler librement sous la dictature, quand la liberté d’expression coûtait cher. La poète Maria Teresa Horta a été arrêtée

Teresa Horta was arrested and allegedly tortured by the state’s secret police for co-authoring a banned collection of fiction, letters, poetry and erotica. Horta, now 80, has said, “Until the dictatorsh­ip fell, women didn’t have a voice in Portugal.” Except at Piolho.

As I’m contemplat­ing the continuity of conversati­ons in Porto, José Efe, a poet friend I first met in the Azores last summer, strolls up. From the nearby Miradouro da Vitória overlook, we snake down the city’s hills, past curvilinea­r murals by street artist Hazul, across the River Douro. We step inside the Mercado Beira Rio. A foodie’s hipster-modern fever dream, it also hosts concerts, art exhibits and, you guessed it, poetry events. However, it’s Sunday night and the market vendors are wrapping up, so José and I set up our own pop-up poets’ corner. Over powerful Portuguese espresso, smoother than its Italian counterpar­t, José dizers to me passages from his books about the city. Through his gentle, basso profundo voice, Porto’s six bridges explode into vibrant images and paintings. He evokes the handto-hand dances of women selling their wares at Bolhão market and allegories adorning Porto’s churches in blue and white azulejo tile, before bringing me back to the conspirato­rial tertúlias (gatherings with friends to discuss art and politics) happening at today’s Café Piolho. et aurait été torturée par la police politique pour avoir coécrit un recueil interdit de fiction, de lettres, de poésie et de textes érotiques. Maintenant âgée de 80 ans, Mme Horta a déclaré : « Jusqu’à la chute de la dictature, les femmes n’avaient pas droit de parole au Portugal. » Sauf au Piolho.

En méditant sur la continuité des conversati­ons à Porto, je vois arriver José Efe, un ami poète rencontré aux Açores l’été dernier. Partant du Miradouro da Vitória, un belvédère voisin, nous descendons les collines de la ville, par-delà les murales curviligne­s de l’artiste de rue Hazul, sur l’autre rive du Douro. Nous entrons au Mercado Beira Rio. C’est un délire hipster moderne de cuisinoman­e qui présente aussi concerts, expos d’art et soirées de poésie (eh oui). Mais c’est dimanche soir et les marchands sont en train de remballer leurs affaires, alors José et moi installons notre propre coin des poètes éphémère. Autour d’espressos portugais corsés (mais moins que les italiens), José me diz des passages de ses livres parlant de la ville. Dans sa douce basse profonde, les six ponts de Porto s’animent en images et tableaux saisissant­s. Il évoque les corps à corps des femmes qui vendent leurs marchandis­es au marché de Bolhão et les allégories sur azulejos bleu et blanc qui ornent les églises de Porto, avant de me ramener aux conspirate­urs des tertúlias (rassemblem­ents où l’on discute d’art et de politique entre amis) qui se déroulaien­t au Café Piolho.

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GAUCHE...
ABOVE, LEFT TO RIGHT Windows on Ribeira, Porto’s historical district; Livraria Lello’s staircase is one for the books. OPPOSITE PAGE, LEFT TO RIGHT Taking a shelfie at Porto’s In-Libris bookstore; a coffee break at Praia da Luz. CETTE PAGE, DE GAUCHE...
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