UN JEU D’ ENFANT
UN VOYAGE À TOY STORY LAND CATAPULTE L’IMAGINATION D’UN GARÇON DE CINQ ANS VERS L’INFINI ET PLUS LOIN ENCORE.
JACK, MON FILS DE CINQ ANS, NE RAFFOLE PAS DES MANÈGES, même des plus banales montagnes russes. Je m’en rends malheureusement compte en Floride, par une journée étouffante de juin. Ma femme, Jack et moi sommes ici pour l’inauguration du nouveau Toy Story Land de Walt Disney World, un hommage grandeur nature à la populaire série de films sur un garçon et sa collection bigarrée de jouets vivants. C’est notre première visite à Orlando. Mais je suis déjà allé au Disneyland de Californie quand j’étais à peine plus âgé que Jack, et je suis fébrile à l’idée de revivre cette expérience à travers lui.
Nous sommes tous fébriles, en fait. Comme Andy, le héros d’Histoire de jouets, et comme je l’étais moi-même à son âge, Jack est un enfant sensible et imaginatif. Dès qu’il aperçoit la statue de 6 m de Buzz l’Éclair, le personnage le plus emblématique de la
franchise, il se jette presque dans ses bras en criant: «J’adore cet endroit!» Je ne suis pas loin derrière. À l’instar du reste de Walt Disney World, Toy Story Land est un temple de la culture pop, féerique et coloré, captivant, éblouissant. Bien que l’on puisse tirer de nombreuses leçons de l’univers d’Histoire de jouets (l’amour l’emporte sur la haine, la loyauté ne meurt jamais), la plus importante est sans doute que l’imagination est toute-puissante: elle peut apporter l’espoir, paver la voie au changement, faire naître des mondes entiers.
La conception infiniment inventive de Toy Story Land en est la preuve vivante. Le complexe de 4,5 ha, plus vaste expansion de l’histoire du parc Hollywood Studios de Walt Disney World, vous plonge droit dans la cour arrière d’Andy. La ruse ? Le visiteur a l’impression d’avoir été réduit à la taille d’un jouet et d’être entouré des personnages du film, surdimensionnés : le shérif Woody et Buzz, ainsi que Rex le dinosaure, Slinky, Jessie, les soldats verts et le grincheux tubercule que tout le monde aime, Monsieur Patate.
Le parc a été conçu pour les enfants de tous âges, mais il plaira sans doute surtout aux préados. Je propose à Jack de commencer doucement par le manège Toy Story Mania!, longtemps une des attractions les plus populaires du parc, mais il fige. Comme quoi les chiens ne font pas des chats : il y a des lustres que je suis moimême monté à bord d’un manège plus effrayant qu’une grande roue. Soucieux néanmoins de la rigueur journalistique, je surmonte ma peur. Et Toy Story Mania!, un parcours carnavalesque de tir 4D, est un véritable enchantement. Faire la queue fait partie du plaisir (l’entrée du manège est décorée avec encore plus de jouets, dont une immense bobine View-Master de Peter Pan), et le manège ne déçoit pas; pas même un adulte... laissé à lui-même. C’est aussi agréable qu’un combat géant de pistolets à eau par une chaude
journée d’été. Tout aussi divertissant, le Slinky Dog Dash, un manège familial, fait une pause spectaculaire à mi-chemin avant qu’un regain de puissance ne vous catapulte à travers une série d’anneaux et d’effets lumineux.
Malgré les réticences de Jack, il ne manque pas ici d’attractions pour le divertir. Le complexe a prétendument été conçu par Andy, et une tonne de jouets et de jeux ont été combinés à la Frankenstein, alors que d’autres sont à moitié finis et que le matériel de construction du garçon (énormes tubes de colle Elmer’s, pièces Tinkertoy, boîtes en carton recyclé et crayons de couleur) est éparpillé çà et là. Des empreintes de pas géantes d’Andy qui parsèment les allées aux énormes lumières de Noël accrochées au-dessus de nos têtes, le niveau de détail est extraordinaire, troublant presque.
Arrêtés le temps d’une pause, Jack et moi réalisons que le banc sur lequel nous sommes assis est fait de bâtons de Popsicle géants, tous de couleur différente. Je me rends compte que nous n’avons pas simplement été miniaturisés ; cette variation sens dessus dessous sur le thème des proportions m’amène à réfléchir à l’image du monde vu par un enfant.
Comme d’autres films de Disney-Pixar, la série Histoire de jouets a maîtrisé la formule du divertissement, charmant à la fois les enfants (qui aiment les jouets animés) et les adultes nostalgiques, friands d’esprit et de prouesses d’animation. Toy Story Land actualise magnifiquement cet aspect multigénérationnel. Les adultes de la génération X apprécieront les détails conceptuels du complexe, pendant que les plus jeunes s’éclateront dans les manèges. Du moins, certains d’entre eux.
Emmener un enfant qui n’aime pas les manèges jusqu’à Walt Disney World, c’est un peu comme proposer à un végétalien du McDo à volonté. Ce n’est qu’à la troisième journée que j’accepte enfin que le plaisir forcé n’a rien d’amusant. Et que je commence à me détendre.
D’ailleurs, Jack invente ses propres jeux. Il essaie d’escalader les divers objets surdimensionnés. Ravi que toutes les toilettes du parc soient dotées de lavabos à sa hauteur, il se lave les mains à répétition. Il sort du papier et des marqueurs de son sac à dos et dessine Woody et Buzz. Il invite au passage des inconnus au spectacle (imaginaire) qu’il organise le lendemain. L’esprit des lieux l’habite. Son imagination déborde.
Mais dans Histoire de jouets, il est aussi question de se défaire des choses enfantines, ou du moins, d’en remplacer une par une autre. De l’autre côté de la clôture qui délimite la cour d’Andy, Jack lorgne le Star Wars: Galaxy’s Edge à moitié achevé, un autre ajout à Walt Disney World, qui ouvrira l’an prochain. Ses yeux s’illuminent à nouveau : « Est-ce qu’on peut revenir ? »
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