Fugues

072 ARTS VISUELS/MÉTIERS D’ARTS

CHLOÉ SAINTE-MARIE AMBASSADRI­CE DE LA GUILDE CANADIENNE DES MÉTIERS D’ART

- DANIEL ROLLAND

La Guilde canadienne des métiers d’art ne pouvait trouver meilleure ambassadri­ce que cette artiste vouée corps et âme à la promotion des arts et de la culture des premières nations.

Rejointe alors qu’elle arrivait tout juste d’un séjour à l’Île Verte, là où est désormais inhumé l’homme de sa vie, Gilles Carle. « Vous savez que Gilles était Métis, né à Maniwaki. J’ai toujours été séduite par l’artisanat amérindien, parce que pour ces cultures ancestrale­s qui sont aussi contempora­ines que les grottes de Lascaux il y a une dimension spirituell­e qui rejoint mon désir du sacré. Ici on est au-delà du simple artisanat, de l’objet même. Par exemple j’ai une paire de raquettes conçue par le frère de Roméo Saganash qui pour moi n’a pas de prix ». À n’en pas douter, pour elle, l’artisanat autochtone fait parler les éléments.

Une merveilleu­se tribune pour faire connaître ces créateurs d’exception. Chloé Sainte-Marie est honorée que l’on ait pensé à elle pour devenir la porte-parole des célébratio­ns du 110e anniversai­re de la Guilde. « L’établissem­ent a longuement été perçu comme une adresse anglophone, sans doute en raison des fondateurs et premiers contribute­urs, mais au contraire, on veut profiter de cette commémorat­ion pour faire une sorte de décloisonn­ement ». Dans son rôle de porte-drapeau, elle fera durant toute l’année, la tournée des médias. Dans le cas des plateaux de télévision, elle arborera des créations originales venant des diverses nations autochtone­s. « L’art on a beau en parler, il faut le voir ». Surveillez notre infolettre, lorsque le programme des festivités sera dévoilé on vous en fera connaître le détail.

Pour une sexualité libre

Je ne pouvais pas quitter cette femme douce et libre sans lui demander son rapport personnel à la vie gaie. Sur le coup elle est demeurée longuement interloqué­e. « Quoi vous dire ? Ça ne m’a jamais posé de problème dans la mesure où je prône de vivre comme on l’entend. Et que les rapports entre deux personnes de même sexe ne se limitent pas à la seule sexualité. Dans mon village on connaissai­t un couple de messieurs vivant ensemble, parfois de petits sarcasmes, mais pas plus. Justement dans la culture amérindien­ne on était très moderne de ce côté-là, avec les bernaches, acceptées dans la communauté. Je suis pareille, je ne fais pas de distinctio­n. » Cette belle liberté de ton fait sa grandeur. Allez sur son site web pour connaître aussi les dates de son dernier spectacle « À la croisée des silences » qui est une magistrale leçon de poésie dite et chantée. Nancy Huston qui était près de moi le soir de la première en était toute remuée.

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CHLOÉ SAINT-MARIE LA BOUTIQUE DE LA GUILDE

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