Fugues

LOUIS-ALAIN ROBITAILLE

UN 2e ANNIVERSAI­RE DÉJÀ !

- ANDRÉ C. PASSIOUR

Plusieurs personnes s’étaient donc rassemblée­s avec pour point central Louis-Alain Robitaille qui a oeuvré dans plusieurs organisati­ons (dont les premiers jours de Fierté Montréal). Quelques heures à peine après la mise en ligne d’une page Facebook, plus de 1 200 sympathisa­nts s’y inscrivent. Le petit groupe s’active pour voir comment il peut aider Alain Jackinsky. Il y a alors une nouvelle conscienti­sation face à cette violence qui sévit dans le Village. Quelques semaines plus tard, après des rencontres avec le commandant Vincent Richer du PDQ 22 (SPVM), la troupe organise une manifestat­ion de paix et d’amour le 14 février 2014. Près de 500 personnes bravent le froid hivernal, y compris le maire Denis Coderre et plusieurs élus, et marchent dans le Village. Le Collectif y gagne le respect, l’admiration et la légitimité dont il a besoin pour fonctionne­r.

Si malheureus­ement d’autres crimes se produisent dans le secteur encore de nos jours, au moins les victimes peuvent compter sur l’appui et l’aide du Collectif Carré Rose. «En septembre dernier, il y a eu Pascal qui s’est fait attaqué face au métro Beaudry. Il a été hospitalis­é une dizaine de jours environ. Il a failli se suicider. Il ne voulait plus sortir de chez lui, il a été très traumatisé. On l’a aidé, on lui a parlé pour l’encourager. Un policier du poste 22 s’est déplacé et a été chez lui pour prendre sa déposition. Je lui parle encore régulièrem­ent pour voir comment vont les choses et comment il se sent. Nous sommes là pour ça, pour aider les victimes qui se sentent souvent seules et isolées», indique Louis-Alain Robitaille. L’organisme a aussi pris contact avec Mathieu Grégoire qui a été agressé lors du dernier Festival western de Saint-Tite. «Nous lui avons parlé, on l’a conseillé un peu au sujet des médias, dit M. Robitaille. Ce qui est intéressan­t, ici, c’est que les gens nous contactent parce qu’ils ont entendu parler de nous et que nous ne nous occupons pas que des cas dans le Village, mais des crimes homophobes.»

Louis-Alain Robitaille a ainsi cofondé le Collectif avec André Quennevill­e, Marco Duguay, Pierre Perreault et Jean-Yves K Leblanc puis d'autres membres se sont rapidement joints au comité : Nathalie Di Palma, Jean-Sébastien Boudreau, Martin St-Onge et Laura Filosa.

En deux ans, on a dénombré 20 agressions dans le quartier. Quinze personnes sur 20 ont porté officielle­ment plainte, soit 25%. «Cela veut dire qu’il reste tout de même 15 personnes qui ont été agressées et dont la majorité ont passé un certain temps à l’hôpital suite aux blessures plus ou moins graves. Elles n’ont pas voulu porter plainte pour plusieurs raisons. La plupart demeure sous le choc et on le comprend très bien», explique M. Robitaille. «À Montréal, il n’y a pas eu d’autres agressions que l’on connaisse. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas eu. Plusieurs de ces incidents ne nous parviennen­t pas tout simplement», poursuit-il. Le 3 février prochain, Louis-Alain Robitaille et d’autres membres du Collectif auront un entretien avec le maire Denis Coderre. «Nous voulons améliorer la sécurité dans le Village par des moyens proactifs, ajoute-t-il. L’éclairage actuel hivernal de la SDC augmente le sentiment de sécurité en plus d’être agréable pour les yeux. On sait qu’un éclairage adéquat contribue à diminuer les agressions. Mais il faut faire plus. C’est de cela dont il faut parler avec le maire. Nous savons qu’il y a un bon budget pour les sans-abri, mais combien ira vraiment aux organismes du quartier afin de pouvoir les aider suffisamme­nt parce qu’une grosse portion des itinérants vivent dans le secteur? C’est de cela et d’autres choses que l’on veut discuter avec le maire.»

Pour ceux qui ne le connaissen­t pas, ce collectif a été fondé le 14 décembre 2013 après la sauvage attaque, sur SainteCath­erine Est (près d’Alexandre-deSève), contre le jeune et sympa DJ Alain Jackinsky. Son colocatair­e, David Lord, a subi des blessures également. Cet épisode violent, le énième en liste à ce moment-là, avait choqué la communauté toute entière et fait ressortir le besoin d’agir plus que jamais.

«On va rencontrer le commandant Guerrero (du PDQ 22) dans les prochaines semaines pour la surveillan­ce policière dans le secteur. Comment peut-on améliorer la situation parce que la majorité des agressions se sont déroulées à côté du métro Beaudry et du Tim Horton’s. Donc, c’est un coin problémati­que important du Village et il faut trouver des solutions.»

Sans aucun budget afin de n’être redevable à personne, le Collectif Carré Rose bénéficie aujourd’hui de 5 500 membres (dont 2 700 vivent à Montréal) sur sa page Facebook et publie en moyenne 30 nouvelles LGBT par jour. Ça représente plus de 20 000 publicatio­ns depuis sa fondation. La portée totale de ces publicatio­ns atteint de 35 000 à 100 000 personnes par semaine !

«Pour nous, atteindre la 2e année est signe que l’on a bien réussi, nous avons le sentiment d’accomplir quelque chose et de venir en aide aux victimes et de sensibilis­er les autorités et la population à l’homophobie et à la violence. Et de faire tout cela en ne comptant que sur le bénévolat de tous et chacun est encore plus merveilleu­x!», termine Louis-Alain Robitaille.

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