Fugues

Outgames, 10 ans plus tard

- DENIS-DANIEL BOULLÉ

boucler l’exercice financier, mais nous étions en train de régler la question quand la nouvelle est sortie. Et comme cela faisait la manchette des journaux, le gouverneme­nt québécois, par la voix de la ministre Nathalie Normandeau, s’est retiré des discussion­s. Peutêtre un des premiers événements à être largués par les pouvoirs publics. Et c’est dommage car des contrats avec des fournisseu­rs n’ont pu être honorés. Il faut aussi rappeler que les hôteliers n’ont pas respecté le contrat qu’ils avaient avec nous, c’est-à-dire de reverser un pourcentag­e par nuitée au cours de l’événement. Si c’était à refaire, je contraindr­ai les hôteliers à respecter leur engagement plus rapidement. Nous avons donc eu un manque à gagner d’environ 600 000 $ qui aurait dû réduire le déficit qui est de 1 million. Il faut rappeler que les Outgames ont coûté 15 millions de dollars, avec des subvention­s publiques de 4 millions. Compte tenu de toutes les retombées économique­s, de la visibilité donnée à la ville de Montréal pendant cette semaine-là, et de son aura actuelleme­nt à l’échelle internatio­nale, le déficit est peu, même si tout à fait malheureux j’en conviens, surtout pour de petits fournisseu­rs. Je pense que les pouvoirs publics auraient pu être un peu plus généreux. Mais nous étions aussi dans une mauvaise période, avec le scandale des commandite­s au Fédéral, et le déficit de 4 millions de dollars des compétitio­ns de natation de la FINA en 2005.

On nous a reproché aussi notre silence quand le scandale a éclaté. C’est peut-être vrai. Mais moi, j’étais brûlée après dix ans de ma vie passée à organiser les Outgames. Et je trouvais dommage que l’on mette l’emphase sur le déficit oubliant les retombées économique­s engendrées pour la ville. Je n’avais plus le goût de me battre. Tout comme je trouvais indécent que les pouvoirs publics nous abandonnen­t au dernier moment mais je pense qu’il y avait des considérat­ions politiques qui ont joué dans cet abandon.

Cela ne m’empêche pas de penser que nous avons fait un super travail et que je suis heureuse du résultat. En plus, j’y ai rencontré l’amour de ma vie, une néerlandai­se avec laquelle je me suis mariée et avec qui je vis depuis.

Que devient Louise Roy aujourd’hui ?

Après les Outgames, j’ai travaillé auprès de femmes pour leur enseigner comment démarrer une entreprise, comme monter un projet d’affaires pendant quelques mois, puis je me suis installée avec celle qui allait devenir ma femme aux Pays Bas. J’ai appris le néerlandai­s et suis devenue citoyenne néerlandai­se. Et comme mon épouse avait une maison en Bourgogne, on vit entre Amsterdam et cette région de France où beaucoup de Néerlandai­s ont des maisons soit pour leur retraite, soit pour leurs vacances.

Nous nous occupons d’un magazine associatif sur la toile. J’en suis l’éditrice et mon épouse la rédactrice. En fait on sert de relais entre les néerlandop­hones et les Français de Bourgogne. Je suis aussi sur le conseil d’administra­tion d’un office de tourisme qui regroupe 6 communes de la région. J’adore m’impliquer et cette implicatio­n facilite l’intégratio­n et l’on dépasse ainsi les différence­s culturelle­s.

Pour moi, c’est important. J’ai toujours été engagée et je le resterai surement toujours. En ce sens, les Outgames de Montréal représente­nt une des réalisatio­ns dont je suis la plus fière, fière aussi d’avoir pu travailler avec une équipe exceptionn­elle durant toutes ces années de préparatio­n. Et beaucoup conserve un excellent souvenir ici comme ailleurs de cette semaine-là.

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