POUR L’AMOUR DU CINÉMA
En 1955, naissait la revue de cinéma Séquences, se positionnant ainsi comme la plus ancienne revue canadienne dédiée au septième art. Soixante ans plus tard, la publication francophone demeure fidèle à son mandat, celui de promouvoir la culture cinématographique. Du 3 février au 30 mars prochain, la Cinémathèque québécoise rendra hommage à la revue. Gros plan sur ce 60e anniversaire.
Érudits et cinéphiles sont invités à célébrer à la Cinémathèque québécoise, alors qu’une sélection de chefs-d’oeuvre cinématographiques, proposée par les rédacteurs de la revue, sera présentée. Au menu: Les 400 coups de Truffaut (3 février), Le Regard d’Ulysse d’Angelopoulos (10 février), Mondo Cane de Cavara/Jacopetti/Prosperi (6 mars), Médée de Pasolini (24 mars), puis le controversé Under the Skin de Jonathan Glazer (30 mars).
La projection de ces films sera précédée d’une présentation des rédacteurs de Séquences (Pierre Pageau, François D. Prud’homme, Élie Castiel, Jean-Marie Lanlo), qui proposeront aux spectateurs une nouvelle façon de regarder les images en mouvement et les innovations de ces films réalisés de 1959 à 2013. D’ailleurs, innover dans la perspective du regard cinématographique, selon les diversités, est une chose que Séquences ne cesse de faire depuis sa fondation, appuie Élie Castiel, rédacteur en chef: « Une revue de cinéma spécialisée peut-elle ou encore doit-elle confronter ses lecteurs aux nombreux enjeux politiques, sociaux et culturels de son temps? Socialement, depuis quelques décennies, Séquences s'est intéressée à la question LGBT en publiant, d'année en année, le festival Image+Nation, plateforme incontournable et toujours essentielle à l'évolution des images en mouvement homosexuelles ».
Ainsi, Séquences demeure une des rares revues cinématographiques à ne pas négliger la question de la représentation des homosexualités, puisque « une chose est certaine », enchaîne Élie, « nous ne pouvons pas rester dans le confort acquis depuis quelque temps et nous plonger dans l'indifférence. La liberté de choix en matière d'orientation sexuelle doit se gagner à force de compromis, de logique et, dans la mesure du possible, de cohabitation avec le reste de la société. Plus que carnavalesque (parades annuelles, nightlife), la dynamique homosexuelle doit faire partie de la norme sociale de toutes les sociétés libres. C'est à chacun des individus, femmes et hommes, de mettre en avant leur système de valeur, du moment où celui-ci est au diapason avec les progrès et l'évolution de l'espèce. Le contrat d'union pour tous est un exemple édifiant. »
Mais comment cela se traduit-il dans une revue de cinéma spécialisée? «À Séquences, lorsque, par exemple, nous abordons un film à thématique gaie, l'orientation sexuelle des personnages est mise de l'avant, incarnée, faisant partie de tous les possibles, contrairement à la plupart de critiques (non gais) qui ne cessent, chacun à sa façon, de marteler « ... ce n'est pas un film sur l'homosexualité, mais sur l'amour en général... ». Il y a là une peur viscérale des mots, un paternalisme insupportable que Séquences a toujours su éviter. On n'est jamais mieux servi que par soi-même. », conclut Élie Castiel.
Si la revue en format papier se prête aux analyses, critiques et dossiers de fond, le site web est consacré à l’actualité cinématographique, tout en faisant la promotion de la version imprimée, dont la première parution remonte à octobre 1955. Le 300e numéro de cette revue bimestrielle, marque l’entrée dans la 61e année de la revue, bien que le 60e anniversaire se poursuive symboliquement jusqu’à la fin de septembre 2016. Sans conteste un tour de force pour une revue spécialisée en cinéma, alors que la majorité des publications papier se meurent à l’ère du web.