LE GÉSÙ CÉLÈBRE SES 150 ANS
« Nombre de Québécois ont vu leur première oeuvre de théâtre classique ici, dans ce qui était à l’époque la salle académique du Collège Ste-Marie et où Gilles Vigneault a donné son premier spectacle ! », affirme Daniel LeBlond, fondateur du Centre de créativité qu’est devenu le Gesù. Inaugurée en 1865, classée monument historique en 1975 puis immeuble patrimonial en 2012, l'église du Gesù est un des bâtiments religieux les plus anciens de Montréal. Au sous-sol, la salle académique est devenue l'amphithéâtre du Gesù. C’est le plus ancien lieu de diffusion culturelle encore actif à Montréal. Haut lieu de la vie artistique montréalaise, le Gesù affiche plus de 300 représentations par an. Plusieurs artistes et créateurs issus de la communauté LGBT y ont présenté leurs oeuvres et spectacles, comme entre autres le Choeur Gai de Montréal, ou Mado Lamotte qui revient bientôt faire son "One Mado Show" qu’elle a d’ailleurs créé ici !
Il est important de savoir que le Centre de créativité est toujours resté maître de ses choix en termes de diffusion, et ce en toute conscience du contenu des spectacles. « Les choix artistiques, ça passe toujours par des personnes », rappelle Daniel LeBlond qui en fut le directeur artistique jusqu’en 2006. « Nous avons voulu un centre pour accueillir des artistes de la relève et des communautés culturelles et mettre l’Art au milieu des débats de société. Cette salle de diffusion est donc ouverte aux artistes et à la communauté LGBT : tout d’abord, on accueille des artistes; l’important, c’est l’Art et ce qu’il transmet. L’Art, c’est plus que du divertissement; et tant mieux s’il suscite des questions, des débats et des confrontations. Je suis très à l’aise avec ça… »
Art & Spiritualité
« N’oublions pas que les rituels religieux sont un hommage aux sens et au corps, et ce, du baptême à la mort. Dans leurs démarches, l’art et le spirituel ont toujours fait appel au corps. Le corps participe à l’expression de la Vérité. La chapelle Sixtine en est une démonstration magistrale ! Il y a quelques années, une artiste a proposé dans les petites chapelles du pourtour de la nef une exposition de déesses nues qui en son temps a choqué la piété populaire parce qu’on venait y mettre une autre iconographie », se souvient-il.
« Pour moi, l’arrivée d’un artiste dans le champ spirituel est une étape pour avancer, pour aller plus loin », insiste Daniel LeBlond. «Maintenant il est tout à fait normal de faire l’art dans ce lieu de spiritualité…», ajoute-il avant de conclure : « Chaque époque doit se réapproprier la spiritualité. L’Art y contribue, parce qu’il fait appel à la raison comme à l’émotion, pour donner de l’âme et de l’humanité à chaque être humain… »
Le Gesù-Centre de créativité célèbre les 150 ans de son église et commémore cette année l’histoire unique de ce lieu phare du paysage culturel montréalais. Grâce à une démarche volontairement ouverte, plus spirituelle que religieuse, cet espace a toujours accueilli sans préjugés les artistes et les créations de notre communauté LGBT. Un peu d’histoire avec Daniel LeBlond qui en fut longtemps « l’éminence grise »…