LA FUREUR DES CORPS
Frankie, incarné par l’acteur Harris Dickinson, est un adolescent désoeuvré vivant aux abords de Brooklyn. Entre son père malade et sa mère qui veut à tout prix qu’il se trouve une petite amie, Frankie échappe à la morosité de sa vie quotidienne en traînant avec ses amis délinquants. Par conformisme il entame une relation avec une jeune fille de son âge, bien qu’il flirte aussi secrètement avec des hommes plus âgés sur internet ou sur la plage. Partagé entre l’envie de plaire et sa vie nocturne cachée, il se laisse envahir par des désirs antagonistes qu’il peine à maitriser. Alors que Frankie concrétise une drague en ligne au milieu d’une forêt, les paroles qu’il prononce dans une scène emblématique du film – «Je ne sais pas ce que j’aime» – laissent place à des corps magnifiés par des plans abstraits. Deux hommes font l’amour, jusqu’au flou qui les fait disparaître progressivement dans un lac sans lumière. La limite entre réalité et fantasme est atteinte et la mise en scène déploie toutes ses cartes ; l’effervescence d’instants clandestins est renforcée par des formes radicales et poétiques. Le comme visage une de surface Frankie de est projection. énigmatique Devantet apparaîtdes feux d’artifice, lorsqu’il rencontre pour la première fois celle qui lui servira de faire-valoir, les explosions et les sourires de la jeune femme déteignent sur le regard de Frankie, ouvert à toutes possibilités. L’indécision permanente de l’adolescent est comme un mystère qui ne se résout jamais ; l’ambivalence de ses sentiments va de pair avec sa pudeur. Objet d’une grande pureté, reflétant la fragilité de l’adolescence, le film met en scène de manière explosive le rêve de la matière et la seule présence d’une beauté éphémère.