Fugues

RANDY BOISSONNEA­ULT

LA LISTE DE RANDY...

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Conseiller spécial du premier ministre les enjeux liés à la communauté LGBTQ2, et le premier conseiller LGBTQ de toute l'histoire des gouverneme­nts canadiens, Randy Boissonaul­t était l'un des conférenci­ers d'honneur invités lors de la Conférence nationale sur les réalités LGBTTIQA2S de Fierté Montréal en août dernier. Le député d'Emonton-Centre en Alberta a été nommé à ce poste en novembre 2016, et depuis il a fait le tour des besoins, des attentes, et des réalités des organismes communauta­ires à travers le pays. Lors de sa nomination, il avait accordé une entrevue pour le magazine Fugues détaillant le mandat qu'il avait accepté. Nous avons profité de son passage à Montréal dans le cadre de Fierté Montréal pour faire un premier bilan de son travail. Quel bilan tirez-vous de votre rôle depuis votre nomination ?

Il était important de rencontrer les groupes communauta­ires, de discuter avec eux des meilleures stratégies pour faire avancer les dossiers, et d'évaluer leurs besoins. Et quand on parle de besoins, on parle aussi de financemen­ts. Ce sont des dossiers sur lesquels mon équipe travaille, en tout cinq personnes composent ce bureau.

Est-ce que l'on doit s'attendre à des annonces de la part du gouverneme­nt maintenant que vous avez fini les consultati­ons, sachant que les attentes sont grandes en particulie­r de la part des ex-militaires et autres fonctionna­ires exclus en raison de leur orientatio­n sexuelle ?

RB. Nous sommes en voie de finaliser un texte qui sera présenté d'ici la fin de l'année au Parlement et qui présentera au nom du gouverneme­nt canadien des excuses officielle­s à ces canadienne­s et ces canadiens injustemen­t discriminé­s. Nous regardons actuelleme­nt la partie dédommagem­ents et indemnités possibles à verser à ces personnes-là. C’est certain qu'une annonce interviend­ra avant la fin de l'année.

Qu'en est-il de l'article 159 du Code Criminel qui considère que la sodomie est un acte criminel passible d'un d'undun emprisonem­prisonempr­isonnement maximal de 10 ans ?

Nous allons introduire un projet de loi en ce sens devant la Chambre des communes cet automne. On a utilisé historique­ment cet article du Code criminel pour arrêter des hommes, que ce soit dans les bars ou les saunas et les condamner parfois à la prison. Il faut en finir avec cet article.

Que peut-on faire pour les LGBTQ+ qui dans d’autres pays sont victimes de persécutio­n ou d’ostracisat­ion, comme on l’a vu récemment en Tchétchéni­e?

On continue d’agir à travers le ministère des Affaires extérieure­s du Canada. On va continuer à agir soit à travers l’Organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie (OIE) ou à travers le Commonweal­th. Nous agissons à travers un tout nouveau comité qui est chargé d’étudier les questions LGBTQ+ au sein du Commonweal­th, c’est la première fois qu’il y a un tel comité dans cette organisati­on et le Canada en fait partie et nous continuons de soulever la question des droits de la personne et plus particuliè­rement celle des droits de minorités sexuelles. C’est ce qu’a fait le premier ministre, Justin Trudeau dans son discours d’ouverture du Sommet de la Francophon­ie à Madagascar à l’automne dernier. C’est la même approche que nous utilisons avec l’Organisati­on des États américains, il y a un noyau de pays, le Chili entre autres, et nous oeuvrons ensemble.

Y aura-t-il un traitement spécial pour les réfugiés Haïtiens LGBTQ+ qui se présentent peut-être à la frontière actuelleme­nt ?

Chaque cas est traité de manière individuel­le, et évaluer les risques si la personne devait être retournée dans son pays. Mais c’est important que, lorsqu’elles se présentent aux autorités d’immigratio­n, elles racontent toute leur histoire afin que l’on puisse évaluer leur cas et le traiter en conséquenc­e. Ce qu’il faut noter en ce qui concerne les réfugiés LGBTQ+, c’est qu’ils font partie de nos procédures habituelle­s. En revanche, le travail au Canada des organismes LGBTQ+ est très important pour aider ces personnes-là parce qu’ils voient à leurs besoins et les aident à mieux s’intégrer dans la société.

Le Canada a des relations avec des pays qui criminalis­ent encore l’homosexual­ité, comme l’Arabie Saoudite par exemple. Qu’est-ce que le Canada peut faire à ce sujet ?

Il y a du travail à faire partout dans le monde, nous devons continuer de soulever ces questions-là à dénoncer publiqueme­nt des pratiques homophobes. Nous pouvons aussi accueillir des réfugiés en provenance de pays où leurs droits sont réprimés, c’est pourquoi nous avons un système d’asile au Canada qui nous permet de le faire. Mais le Canada n’est pas tout seul au monde, il faut travailler avec chaque pays individuel­lement. Mais vous savez, il y a du travail à faire, ici aussi, au Canada. Il faut seulement regarder, lorsque je parle de questions LGBTQ+, sur Twitter ou sur Facebook les commentair­es négatifs que je reçois, on s’aperçoit bien vite que tout n’est pas encore réglé et qu’on a du chemin à faire chez nous. Et c’est pour cela que le gouverneme­nt va continuer aussi de travailler avec les organisati­ons locales ici même au pays.

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