GRAND SONDAGE PANCANADIEN SUR LES RÉALITÉS LGBTQ+
Combien sommes-nous ? Combien sommes-nous à nous identifier différement que comme hétérosexuel-le cisgenre ? Comment les hétérosexuel-les cisgenres nous perçoivent-ils ? Ce sondage réalisé par la firme Crop à l'intiative de la Fondation Jasmin Roy apporte des éléments de réponse. Pour les plus déterminés, sachez que le rapport contient environ 400 pages, sûr que l'on trouvera la question à laquelle on souhaite une réponse.
Un sondage est le portrait d'une réalité. S'il n'en est pas la représentation la plus fidèle, il en est un indicateur notable et dessine des lignes de données et d'inteprétations qui sont nécessaires pour mieux comprendre nos réali-tés et surtout mesurer l'évolution de la société canadienne dans son acceptation des communautés LGBTQ. 2697 questionnaires ont été complétés en ligne à travers le Canada auprès de personnes âgées de 15 ans et plus. Et parmi eux, 1897 LGBT et 800 hétérosexuel-les cisgenres. Pour la petite histoire, sachez qu'il fallait environ 40 minutes pour compléter le questionnaire, ce qui en dit long sur l'éventail des thèmes abordés.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, entendre que les réponses valident en quelque sorte ce que nous devinions tous déjà sur la plus grande ouverture de la population, ou encore de la résistance du monde du travail à ne plus être encore un lieu où l'homophobie, la lesbophobie et la transphobie se manifestent encore trop souvent, des résultats représentent des surprises intéressantes. Comme par exemple, 73 % des Canadien-nes considèrent qu'il reste encore beaucoup à faire pour que cessent l'homophobie et l'intimitidation envers les personnes LGBT. Ce qui devrait allumer une petite lumière chez les décideurs et les bailleurs de fonds à en faire un peu plus en termes de sensibilisation et d'information dans toutes les sphères de la société.
Pour rester dans le registre de la perception des LGBTQ par la population, 76% des répondant-es savent ce que veut dire LGBT. Mais une lettre supplémentaire, Q pour queer, fait chuter le pourcentage à 60%. Et bien évidemment, elles et ils sont 88% à être perdus avec le sigle LGBTTIQ2S, les principaux intéressé-es compris.
Parmi les surprises, autres surprises de la part des répondant-es LGBT quant à la discrimination qu'elles et ils ont pu subir au cours de leur vie. Un chiffre doit nous interpeller ; 20% disent en avoir subi à l'intérieur même de nos communautés. Si le travail et l'école restent en tête des sphères où la discrimination, l'intimidation et le rejet seraient les plus nombreux, nos communautés qui prônent inclusion et tolérance doivent aussi faire leur bout de chemin. Il est courant de dire que nous représentonsé représentons environi environ 10% dde de lla la population lation. Certaines études avanceraient même que nous serions bien moins nombreu-ses, environ 5 à 6%. Le sondage révèle que nous serions 13%, et parmi ce résultat, les jeunes LGBT seraient plus nombreu-es à se définir comme bisexuel-les, pansexue-les, ou encore assexuel-les, tout comme les jeunes sont plus nombreuses à revendiquer à se dire transgenres ou encore non-binaires.
Comme on peut le voir, des catégories rarement abordées ont été prises en compte dans le questionnaire, comme les personnes trans, les asexuel-les, les pansexuel-les. Bien évidemment, dans la population en générale, la question trans demeure encore un continent étranger, peu en côtoie aussi bien dans le domaine familial, professionnel ou social et l'ignore des réalités trans. Si certaines et certains se sentiraient à l'aise avec des personnes trans, les résistances sont plus grandes à partager par exemple, les mêmes toilettes, ou encore les vestiaires avec elle. Il y a dans ce domaine encore du travail à faire.
L'autre pan intéressant de ce sondage concerne les LGBT en relation avec les groupes ethnoculturels. Et l'un des faits notables concernent les autochtones LGBT qui seraient tout groupe confondu, celles et ceux qui auraient le moins de difficulté à faire accepter leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre. Elles et ils devanceraient sur ce chapitre celles et ceux d'origine caucasienne, entendre les blancs. Pour les autres LGBT appartenant à des groupes ethnoculturels non-caucasiens, ils vivraient des moments plus difficiles au sein particulièmenet de leur famille, ce qui va du déni au rejet.
Il reste que ce sondage dense demande une lecture serrée tenant compte des cadres méthodologiques qui ont conduit à ces résultats. Un petit bémol cependant : d'une part l'utilisation d'un masculin générique, ce qui est un peu troublant dans un rapport où la question du genre, de la binarité et de la non-binarité est posée aux participant-es ; d'autres part, et c'est le plus troublant, la plupart des questions sur l'orientation sexuelle englobe sous le même vocable homosexuel, les gais et les lesbiennes. Il aurait été peut-être intéressant d'opérer un distingo dans les questions pour mettre en évidence, par exemple, les particularismes propres aux femmes lesbiennes en termes d'acceptation tout comme en termes de discrimination possible qui ne peuvent se calquer sur ceux des hommes gais.
Il n'en demeure pas moins que ce sondage et le volumineux rapport publié constituent une base de données indispensables et utiles qui contribueront à développer des politiques nécessaires à tous les échelons dans la sensibilisation, l'éducation et la lutte contre toute forme de discrimination dans la population canadienne en général. Jasmin Roy, heureux lors du lancement des résultats de ce premier sondage pancanadien, doit déjà avoir sur sa table de travail – et peut-être avec ses partenaires et la firme Crop – d'autres enquêtes nationales sur le sujet pour affiner et rendre plus net et détaillé le portrait des LGBTTQI2S au Canada et redonner au L de lesbiennes une place équitable.