SCÈNE UN AVANT-GOÛT DU PROCHAIN FTA
Nous sommes nombreux.euses à réserver dans nos agendas ndas les dates du Festival Trans Amériques. Et pour nous rendre encore plus impatient.es, les organisateurs ont procédé à un prédévoilement de six spectacles.
À tout seigneur, tout honneur, le chorégraphe et danseur Paul-André Fortier revient en force. Lui qui avait présenté en extérieur et sans musique Solo 30 × 30 (2006) et 15XLANUIT (2014) dans de nombreuses villes de la planète revient avec un projet tout aussi fou mais exaltant. L’homme qui a 70 ans s’est entouré de jeunes collaborateurs pour créer SOLO70, poussant encore les limites de son corps, ce corps rebelle comme il l’appelle, mais qui a travers le mouvement, poésie singulière l’expérience et lumineuse et le temps et qu’on produit appelle une La Danse. Sur des textes signés Étienne Lepage, Paul-André Fortier a choisi d’être confronté à ce que la jeune génération pouvait lui suggérer, à se laisser aller hors des sentiers battus de son propre parcours pour aller plus loin et peut-être plus longtemps. Ce n’est pas la dernière surprise que nous réserve Paul André Fortier. Pour le théâtre, on retrouvera la metteure en scène Marie Brassard qui a mis en scène Lavie utile d’Évelyne de la Chenelière. Lors de sa résidence à l’Espace Go, la dramaturge Évelyne de la Chenelière a transformé un grand mur du foyer du théâtre en un chantier-atelier d’écriture, dessinant et redessinant ses obsessions autour de l’écriture, de l’interrogation que lui procure la langue qui ne cesse de lui échapper au point de croire en une illusion. De ce chantier-atelier d’écriture, Lavieutile est née et Marie Brassard a choisi d’en assurer une énième vie sur les planches. L’année dernière, le FTA présentait LaFureurdecequejepense autour de l’oeuvre de Nelly Arcand mise en scène par Marie Brassard et dans laquelle jouait aussi Évelyne de la Chenelière. Figure montante et marquante de la nouvelle danse contemporaine le jeune chorégraphe et danseur Tao Ye sera pour la première fois du FTA avec sa compagnie (TAO Dance Theater) avec deux pièces 6 et 9, des chiffres qui représentent le nombre de danseurs dans chacune des ses chorégraphies. Des chiffres aussi pour ne pas que les spectateurs soient influencés par un titre qui les orienteraient dans leurs émotions ou leur compréhension. Le jeune créateur chinois a développé une écriture chorégraphique singulière fondée sur le
minimalisme et sur la répétition demandant une très grande maîtrise du corps et de l’esprit. Et si une création de danse et de théâtre ne pouvait exister l’un sans l’autre. C’est le défi que se sont lancés la chorégraphe Crystal Pite et son complice, l’acteur, danseur et scénariste Jonathon Young avec Betroffenheit, une aventure sur les suites d’un choc traumatique et de ses conséquences aussi bien dans l’expression du mouvement que dans celui de la parole. Une descente aux enfers pour certains, un chemin vers la rédemption du corps et de l’âme pour d’autres. Dans tous les cas, une plongée dans l’univers des deux créateurs qui jouent de la rigueur comme de la folie, tout comme de l’improvisation. Betroffenheit, une pièce coup de poing dont on ne ressort pas indemne. Ivo Van Hove est de retour à Montréal. Et encore avec Shakespeare. Après Tragédiesromaines présenté au FTA en 2010, le metteur en scène belge revient avec KingofWars, une réflexion sur le pouvoir avec les trois rois de Shakespeare, Henri V, Henri VI et Richard III, trois déclinaisons totalement différentes du pouvoir qui font étrangement écho à la situation politique contemporaine et aux comportements et décisions erratiques de certains de nos chefs d’état. Ivo Van Hove qui a ouvert le festival d’Avignon en 2016 avec LesDamnésdeVisconti, continue son exploration des classiques en lien avec les grandes questions qui traversent notre époque troublée. Une réflexion sur le pouvoir et ses incidences sur la vie des peuples, sur les idéologies qu’elles soient d’ordre politique ou religieuse. Lanuitdestaupes. Et si les taupes dans les galeries qu’elles creusent étaient une société cachée, de la nuit et des profondeurs. Le metteur en scène français déjanté Philippe Quesne propose une farce philosophique sans parole. Sur scène des taupes géantes dévoilent leur vie souterraine, avec leurs règles, leurs préoccupations, leurs activités du quotidien. Un conte pour adultes, où le mystère fraye avec le merveilleux. Et si nous n’étions pas si étrangers de ce petit animal qualifié de nuisible par tout bon jardinier? Philippe Quesne avait présenté L’effetdeSerge dans cadre du FTA en 2010 et avait conquis le public montréalais. Ce sont aujourd’hui ses taupes qui nous séduiront.
FTA 2018 du 23 mai au 7 juin. Pour les horaires et les lieux de présentation des spectacles, visitez le site Fta.ca