Fugues

LE JOUET PÉDAGOGIQU­E D’ENFANTS TRANSGENRE­S

SAM, MATRIOCHKA TRANSGENRE

- MICHEL JOANNY FURTIN

Les poupées russes ou matriochka­s sont des séries de poupées de tailles décroissan­tes placées les unes à l'intérieur des autres. Jouet transactio­nnel éducatif, la poupée du projet Sam en reprend le principe pour aider les enfants à comprendre les défis émotionnel­s d’un(e) enfant trans.

«Ça fait deux ans qu’on travaille sur ce projet», rappelle Annie PullenSans­façon, présidente d’Enfants Transgenre­s. «Des cadres de l’entreprise de publicité LG2 nous ont proposé leur aide bénévole pour la promotion de notre action. Ils ont rencontré quelques familles et leurs enfants pour comprendre ce qu’ils traversent. Quelques semaines plus tard, ils nous sont revenus avec le Projet Sam, un projet d’informatio­n et d’éducation en trois volets, à utiliser parallèlem­ent, auprès des enfants du primaire voire dans les garderies.» «Il y a tout d’abord un film d’animation, réalisé par Rodolphe Saint-Gelais à l’ONF (Office National du Film), détaille Annie, puis un livret pédagogiqu­e et scientifiq­ue, ancré sur des recherches scientifiq­ues et destiné aux éducateurs et intervenan­ts auprès d’enfants. Et enfin la poupée gigogne, ou poupée russe, Sam, un jouet éducatif qui veut montrer les différents moments émotionnel­s que pourrait vivre un(e) enfant transgenre.»

OUTILLER LES INTERVENAN­TS

«L’idée des poupées russes est venue d’une équipe de quatre personnes», explique Jean-Philippe Dugal, designer chez LG2. «En discutant avec des familles et des enfants transgenre­s, sont apparus des indices clés que les parents avaient notés. Une dysphorie du genre se manifeste parfois dès l’âge de 2 ans et souvent entre deux et sept ans. Et selon les parents, il y a différents moments où l’enfant se questionne. C’est important d’y être at- tentif», n’a ment pas une été insiste-il. tentative pris en «41% compte de suicide…» des ou enfants accepté dont par le leurs questionne­ment parents font sur ultérieure- le genre «On a constaté que les éducateurs n’avaient aucun outil autre qu’académique et théorique pour aborder les questionne­ments liés au genre», poursuit Jean-Philippe. «Appuyé par un film d’animation avec un héros à la manière Disney, le but du jouet est d’entraîner une discussion dès le plus jeune âge.» Le principe de la poupée russe permet donc de raconter et de pointer certains moments particulie­rs, mais jamais systématiq­ues, dans le développem­ent de la personnali­té et du genre, jusqu’à l’acceptatio­n par les parents et leur soutien. «Sam, c’est l’histoire d’une petite fille qui devient un petit garçon», reprend Annie Pullen-Sansfaçon. «Mais ce jouet pédagogiqu­e ne représente pas le parcours obligé de chaque enfant transgenre, ni l’ensemble des émotions ressenties. Il existe différente­s façons de vivre son genre et différente­s façons d’exprimer ses émotions, avec plusieurs étapes autant émotives que sociales. Ce n’est donc pas un outil de diagnostic pour les parents, mais un outil de discussion.»

DES ÉCOLES VOLONTAIRE­S

Le mettent film pour de maximiser illustrer, le l’impact livret pour de expliquer Sam. «C’est et d’ailleurs le jouet pour étonnant interagir de voir percomment les enfants ont une ouverture sur les questions de genre. Alors que pour les enfants, c’est si simple, leurs réactions permettent de défaire un paquet de noeuds dans nos têtes d’adultes», commente Jean-Philippe. «Des enfants ont déjà vu le petit film et ont commencé à en parler autour d’eux. "Ça doit être terrible de pas se sentir bien dans sa personne", a même dit une petite fille lors d’un essai du produit.» Actuelleme­nt être aimerait livrées les dans avoir en production quelques pour la rentrée semaines. hors scolaire», du pays, «Dans les espère le poupées meilleur Annie Sam des Pullen-Sans- mondes, devraient on façon. Une première série de 500 Sam sera ainsi distribuée dans les écoles primaires et les garderies qui en feront la demande. «Notre coordonnat­rice a déjà contacté l’ensemble des écoles. On a déjà une petite liste d’écoles intéressée­s. Il est important qu’elles soient volontaire­s pour l’utiliser afin que le coffret - bilingue - du projet, avec le film, le livret et la poupée, ne restent pas sur une tablette», commente-elle avant de conclure: «j’aimerais que les institutio­ns soient conscienti­sées comme le ministère de l’éducation. Et on invite les commission­s scolaires à s’y intéresser…»

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