Fugues

LA PURGE LGBT AU FÉDÉRAL : LES PERSONNES LÉSÉES DOIVENT RÉCLAMER

RÈGLEMENT AU RECOURS COLLECTIF PORTANT SUR LA PURGE LGBT

- ANDRÉ C. PASSIOUR

Le 28 novembre 2017, le premier ministre Justin Trudeau fait une déclaratio­n historique devant la Chambre des communes, à Ottawa. Il présente des excuses officielle­s pour la «chasse aux sorcières» anti LGBT au sein de la Fonction publique fédérale, des Forces armées canadienne­s (FAC) ainsi qu’à la GRC (Gendarmeri­e royale du Canada). Cette «Purge LGBT» a eu cours jusque dans les années 1990. Des centaines voire des milliers de personnes ont été discriminé­es, abusées et même congédiées en raison de leur orientatio­n sexuelle ou de leur identité de genre. Une entente est survenue en Cour fédérale et donne droit à des compensati­ons pour les personnes ainsi affectées. Jusqu’à 145M$ seront attribués. Mais il faut le réclamer! Vous pouvez le faire entre le 25 octobre 2018 et le 25 avril 2019. Retenez ces dates, elles sont importante­s!

Peut-être mois dernier? êtes-vous Évidemment, passé à le côté texte de est l’«Avis hautement Légal» publié juridique. dans Il fait le Fugues référence du à l’entente survenue dans le cas d’un recours collectif intenté contre le gouverneme­nt fédéral par trois ex-militaires congédiés de l’armée en raison de leur orientatio­n sexuelle. Ce recours a été déposé à l’automne 2016 par Martine Roy, Todd Ross et Alida Satalic. Une entente de principe a été finalement conclue en Cour fédérale en novembre 2017, juste quelques jours avant les excuses officielle­s du premier ministre Trudeau.

«Mais il y avait beaucoup de détails à négocier et à discuter, c’est pourquoi l’accord final en tant que tel a été décidé lors des auditions des 18 et 19 juin 2018 devant l’honorable juge Martine St-Louis. L’entente a été approuvée officielle­ment le 18 juin par la juge», détaille Me Audrey Boctor, associée de la firme d’avocats IMK qui oeuvre dans ce dossier depuis les tous débuts, soit en automne 2016, aux côtés, entre autres de Martine Roy.

Tout d’abord, qui sont visés par cette entente? Ceux qui ont été touchés directemen­t par les politiques du gouverneme­nt fédéral, et ce, entre le 1er décembre 1955 et le 20 juin 1996. Mais pourquoi? «Le recours est basé sur les politiques officielle­s du gouverneme­nt quant à l’orientatio­n sexuelle et l’identité de genre, continue Me Boctor. Nous avons établi la date de 1996 en raison de la modificati­on de la Loi canadienne sur les droits de la personne pour y inclure l’orientatio­n sexuelle. Donc, toutes les personnes qui ont subi ces mesures du gouverneme­nt fédéral peuvent réclamer une indemnisat­ion.» Soyons clairs ici: certaines personnes ont subi des enquêtes, des sanctions, de la discrimina­tion, du harcèlemen­t, des renvois ou des libération­s de leurs fonctions.

Et si cela s’est poursuivi au-delà de la date du 20 juin 1996? «Ceux qui ne sont pas couverts par cette date peuvent faire une réclamatio­n et on étudiera leur dossier», explique Me Boctor.

Un été total dévolus pouvant à toute aller l’administra­tion jusqu’à 145M$ a et été le attribué. traitement De cette des cas, somme, 15M$ 5M$ prévus ont pour une forme de commémorat­ion de ces préjudices subis, y compris une «distinctio­n» qui sera créée et appelée CitationFi­ertéCanada. Une autre tranche de 15M$ a été mise de côté pour les avocats qui oeuvrent dans ce Recours et le reste des sommes pour les réclamatio­ns.

Réclamatio­ns

Pour réclamer une compensati­on, les individus pourront le faire entre le 25 octobre 2018 et le 25 avril 2019. Si vous avez subi un quelconque traitement discrimina­toire, vous devez absolument vous inscrire pour que l’on puisse étudier votre dossier. «C’est très, très important, les gens doivent formuler une réclamatio­n à l’intérieur des dates mentionnée­s, si elles ne le font pas, elles peuvent perdre leurs droits aux compensati­ons», précise Me Audrey Boctor (voir les coordonnée­s en bas de l’article.)

Il y a quatre niveaux de compensati­ons. Il y a au minimum 5000$ et cela peut aller jusqu’à 50.000$. Cependant, il y a un 4e niveau de réclamatio­n. «C’est un niveau où la somme n’est pas définie parce qu’elle varie selon plusieurs critères, selon la sévérité, la durée, etc. C’est à un niveau individuel. Par exemple si vous avez subi un syndrome post-traumatiqu­e (TSPT) suite à votre congédieme­nt ou vos expérience­s vécues, que cela vous a affecté émotivemen­t durant des années, alors ceci sera analysé et on déterminer­a un montant en fonction de tous ces éléments», souligne Me Audrey Boctor. «Tout au long des procédures, on a entendu d’ailleurs des histoires de gens qui ont été affectés par [cette purge] et c’était extrêmemen­t émouvant d’entendre leurs cas, j’ai été moi-même très émue parce que certains ont vraiment vécu des situations très pénibles», rajoute Me Boctor. Pour le niveau 4, «c’est l’an-

cienne juge de la Cour suprême du Canada, l’honorable Marie Deschamps, qui va étudier les cas et qui établira le montant de la réclamatio­n», de spécifier Me Audrey Boctor, dont le travail a été souligné par un hommage spécial lors du dernier Gala Phénicia de la Chambre de commerce LGBT du Québec (le 31 mai dernier). À lire, d’ailleurs, l’histoire touchante de l’ex-militaire Pierre Turcot dans ces mêmes pages. Les membres des familles de personnes décédées ne sont pas éligibles aux compensati­ons monétaires. Toutefois, ils peuvent faire une demande de mesure de reconnaiss­ance individuel­le et être déclarés admissible­s à de telles reconnaiss­ances.

Si le une gouverneme­nt personne a déjà, fédéral à titre pour personnel, de tels motifs intenté de des discrimina­tion, poursuites contre cette personne doit absolument, d’ici au 20 septembre 2018, cesser les procédures de poursuites si elle désire être incluse parmi les «Membres du Groupe» du Recours collectif. Encore là, c’est une autre date importante à retenir: le 20 septembre prochain! Si vous désirez faire partie du Recours, vous devez cesser votre poursuite et remplir un formulaire à cet effet. Dans le cas où vous continuez la poursuite d’ici le 20 septembre, vous vous excluez automatiqu­ement du Recours et vous n’aurez droit à aucune compensati­on. Donc, soit vous faites cavalier seul, soit vous faites une réclamatio­n à la compensati­on, mais vous ne pouvez pas avoir les deux!

Et pourquoi, enfin, attendre jusqu’au 25 octobre 2018 pour formuler votre réclamatio­n et pas avant? «C’est une bonne entente qui a été négociée avec le gouverneme­nt fédéral, mais il faut attendre un certain délai au cas où il y aurait un appel [de cette décision de la juge StLouis]. C’est très peu probable qu’il y ait un appel, mais c’est une question de délais et il faut donc attendre jusqu’à cette date», commente Me Audrey Boctor.

Si vous avez été visé par cette chasse aux sorcières et que vous en avez été victime, vous devez suivre les procédures et les dates indiquées pour avoir droit à une compensati­on…

Pour plus d’informatio­ns ou pour faire une demande de réclamatio­n: www.lgbtpurges­ettlement.com ou lgbtpurge@deloitte.ca ou par téléphone au 1-833-346-6178. Par courrier, écrire à Recours collectif Purge LGBT, a/s Deloitte, Bay Adelaide East, 8 rue Adelaide West, Suite 200, Toronto ON, M5H 0A9.

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