POUR SORTIR DE L’ISOLEMENT
Pedro gagne sa vie dans des chatrooms de sites pornos. La résolution des images n’est peut-être pas parfaite, mais lorsque Pedro se transforme en NeonBoy devant la caméra, il parvient à créer l’impression qu’il désire. Le jeune homme trempe ses doigts dans des pots de peinture phosphorescente et les fait glisser sur son corps nu. Luisant dans la nuit, NeonBoy suit les ordres de ses interlocuteurs jusqu’à ce qu’il accepte, pour de l’argent, de rencontrer l’un d’eux dans un chatroom privé. Les choses changent lorsque sa soeur déménage de l’appartement et que Pedro remarque que quelqu’un imite ses performances. Si d’abord les interludes érotiques du film n’ont pas immédiatement la puissance fantasmatique qu’on s’attendrait à voir, à l’arrivée de Léo l’utilisation de la peinture prend une plus grande puissance esthétique. Quand les deux gars lancent ensemble la webcam, la beauté de ces corps couverts de peinture fait écho à la montée du désir qui naît non plus seulement chez leur «public» anonyme, mais aussi entre eux. HARD PAINT parvient à mêler un univers esthétique moderne et affirmé, les atmosphères brutes de la ville et un propos sur l’acceptation de soi, la réappropriation de son corps et de ses émotions. HARD PAINT est d’abord et surtout un film sur l’isolement et la précarité d’une ville désertée par sa population, mais aussi sur la difficulté des jeunes à réellement connecter ensemble à une époque où la techno est devenue un intermédiaire pour la socialisation et la sexualité. Le montage élégant des images virtuelles et les histoires des protagonistes nous éloignent du monde réel, mais nous ne sortons jamais de cette société brésilienne de plus en plus homophobe. C’est aux jeunes qui n’y trouvent pas leur place que ce portrait sensible et affectueux en trois actes est dédié.
HARD PAINT / TINTA BRUTA sera présenté dans le cadre de la 31e édition du festibal image+NATION, qui se tiendra du 22 novebre au 2 décembre. Visitez Fugues.com pour visionner un extrait du film.