Fugues

DEVOIR CHOISIR ENTRE DEUX PASSIONS

- YVES LAFONTAINE MARIO sera présenté dans le cadre de la 31e édition du festibal image+NATION qui se tiendra du 22 novembre au 2 décembre. Visitez Fugues.com pour visionner un extrait du film.

Pour la première fois de sa vie Mario, un jeune joueur de soccer tombe amoureux de Leon, un nouvel attaquant venu d’Allemagne. Mais dans l’équipe, des rumeurs commencent à circuler sur leur relation et Mario voit sa carrière compromise pour intégrer un club de première division. L'idée de départ du film est venue au réalisateu­r suisse Marcel Gisler par son coscénaris­te, grand fan de soccer (voir l’entrevue ci-contre). L'intrigue de MARIO commence comme une banale romance, la rencontre de deux hommes qui se rapprochen­t peu à peu. L'un se sait homosexuel, l'autre ne l'assume pas encore. Mais «coming-out» aucun des puisqu'ils deux ne veulent peut se évoluer permettre dans de le l'être football ouvertemen­t, profession­nel de faire et em- un brasser une carrière nationale, voire internatio­nale. L'homophobie présente chez certains joueurs est surtout très prégnante au niveau des clubs et des commandita­ires qui ont peur de se voir refuser un soutien financier parce que telle ou telle marque ne souhaite pas être associée à l'homosexual­ité. Avec ce film, le réalisateu­r Marcel Gisler dénonce la souffrance de ces individus qui doivent absolument vivre cachés. Ils passent alors par des stratagème­s pour éviter que leur secret soit dévoilé. Le film aborde par conséquent également la problémati­que des femmes de footballeu­rs qui sont, pour certaines, des fairevaloi­rs pour cacher la réelle nature de ces sportifs. MARIO est un film fort, pertinent, bien interprété, dont on apprécie la démarche pudique mais émouvante, autant que la justesse de son regard qui n’a jamais besoin d’en faire trop pour filer au but. La souffrance inextricab­le du joueur profession­nel est le coeur de ce longmétrag­e touchant et humaniste. Cela dit, Marcel Gisler parvient à livrer à la fois une belle histoire d'amour et un film politique qui n'oublie pas de faire du cinéma – les scènes de match sont magnifique­ment chorégraph­iées et les quinze dernières minutes sont d'une belle maîtrise dramaturgi­que.

L'impossible histoire d'amour entre deux hommes est un thèmme thème traité à de nombreuses reprises par le cinéma cinéma. Pourquoi l'avo l'avoir adapté dans le milieu du football (soccer)?

Je ne suis pas un fan de foot. Le coauteur, Thomas Hess, l’est. Il était à la recherche d’une histoire de foot, mais n’avait pas trouvé le conflit intérieur du personnage. Un jour, il s’est posé la question de l’homosexual­ité dans ce milieu sportif. Quand il m’a proposé le sujet, je me suis dit que cela devait déjà être fait dans le cinéma. Ce n’était pas le cas. Il n’existait aucune histoire d’amour entre deux footballeu­rs profession­nels. Des scénarios avaient été proposés, mais n'ont jamais abouti. Nous aussi, nous avons eu des difficulté­s à trouver les financemen­ts nécessaire­s. Les producteur­s n’étaient pas chauds au départ prétextant que les films sur les histoires d'amour homosexuel­les ne marchent pas. Heureuseme­nt, ils ont fini par saisir les enjeux sociaux dans le football où l'homosexual­ité est plus que jamais taboue.

Comment vous êtes-vous renseigné sur ce milieu?

J'ai la chance rencontré de m'entretenir plusieurs joueurs avec Marcus profession­nels, Urban, un des des managers. premiers joueurs J'ai eu à avoir arrêté sa carrière pour révéler son homosexual­ité. Il ne supportait pas la double pression qui reposait sur ses épaules. Celle que connaît tout footballeu­r mais aussi celle qui l'obligeait à cacher sa sexualité. Aujourd’hui, il est très engagé dans les droits de la communauté LGBT. Sur un joueur de foot, il y a déjà une pression énorme pour qu’il rapporte de l’argent. Un joueur joue pour un pays ou sa ville. Un joueur gai dans le placard doit en plus supporter le mensonge à soimême. Nous avons aussi été aidés par les clubs des Young Boys de Bern et de Sankt Pauli à Hambourg. Ils nous ont ouvert leurs portes et donné des conseils intéressan­ts. J'ai même pu assister à des briefings avant matchs.

Ne parle-t-on vraiment jamais d'homosexual­ité dans les vestiaires?

Si, on entend souvent les joueurs s'insulter de pédés ou d'enculés entre eux, mais c'est compris comme un synonyme de faibles, de sensibles... Pourtant il y a des contacts physiques entre les joueurs, souvent très tactiles. Il y a même une forme d'érotisme. Tapes sur les fesses, câlins, bisous sur le crâne... Tout ça est toléré à condition que cela reste viril. Mais si quelqu'un éprouve du plaisir à être touché, la frontière est franchie.

La relation entre Mario et son agent montre combien ce sera difficile pour lui de devenir profession­nel s'il révèle son homosexual­ité...

Son la sienne. agent Le tente risque désespérém­ent est de perdre de des sauver commandita­ires son image. Le qui club gagnent ne veut de pas l'argent salir sur cette idée d'un homme viril et hétéro. Plus intéressan­t, le père de Mario, ancien joueur n'ayant pas réussi à passer profession­nel s'en prend violemment à son fils quand il lui annonce aimer les hommes. Il n'est probableme­nt pas homophobe mais il a la conviction que si son fils révèle son homosexual­ité, il ne pourra pas atteindre le plus haut niveau.

Selon vous, être footballeu­r profession­nel et gai, ce n’est pas encore possible?

La question de l’homosexual­ité ne concerne pas la majorité des joueurs, mais certains d’entre eux le sont évidemment. C'est statistiqu­e. Pour l'heure, il y a une atmosphère hétéronorm­ative qui règne dans le milieu. J'ai souvent entendu cette phrase: «Nous sommes pour que les joueurs expriment librement leur homosexual­ité, mais chez nous, il n'y a pas de gais...» Les choses changeront peut-être prochainem­ent. Je l’espère.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada