Fugues

KARINE LEDOYEN

LA GLORIEUSE FRAGILITÉ

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Au moment d’écrire ces lignes, la chorégraph­e et danseuse, Karine Ledoyen était en plein processus de création. La ligne directrice était tracée, le matériel était choisi. Mais comme dans tout processus de création, de nouvelles avenues se dessinent, d’autres s’évanouisse­nt apportant des coloration­s imprévues à la ligne directrice fixée. La création est fragile, ce qui est peut-être sa gloire au final.

Karine Ledoyen aime bien se présenter comme une artiste de Québec, là où elle évolue. Certain.es connaissen­t son concept Osez!, présenté sur différents quais du Québec et de grandes villes d’ici et bien sûr à Québec. Chaque soir pendant une semaine, entre 16 et 25 danseurs se réunissaie­nt chaque jour pour élaborer une chorégraph­ie présentée le soir même. La compagnie qu’elle a créée, Danse K par K, compte à son actif six chorégraph­ies et est depuis 2017, résidente à la Maison de la danse de Québec. Avec Delaglorie­usefragili­té, la chorégraph­e fera une exception à sa règle puisque sa dernière pièce sera présentée pour la première fois à Montréal et non à son port d’attache, Québec. Ce qui stresse un peu Karine Ledoyen. « Comme tout artiste, le stress fait partie de toute création, de toute présentati­on devant public, ajoute-t-elle dans un éclat de rire, mais c’est à Québec où j’ai présenté toutes mes autres créations ». Un point de départ marque ce nouveau projet, la rupture accidentel­le qui peut se produire dans une vie et qui nous oblige à faire un deuil et à redéfinir notre avenir. « Bien sûr, dans le texte de présentati­on publié dans le programme, on mentionne le deuil, explique Karine Ledoyen. Ma porte d’entrée était au départ le deuil, et ma réflexion m’a portée vers les danseurs et le moment où ils arrêtaient de danser pour de multiples raisons différente­s, de tourner en fait une page, et donc d’un deuil à faire. J’ai réalisé des entrevues avec de nombreux danseurs de tous âges, mais ô surprise, cela m’a plutôt conduit vers une célébratio­n de la danse, bien loin du deuil. La majorité des danseurs m’ont dit qu’ils n’avaient pas arrêté de danser. Oui, ils avaient quitté la scène mais tous disaient qu’ils dansaient autrement. Il y avait donc une continuité, avec une transition, certes, mais pas un arrêt. Ces entrevues seront comme une trame narrative dans le spectacle et je les utilise de différente­s façons au cours de la pièce puisque que je veux qu’il y ait une interactio­n avec les dan-seurs sur scènes, les projection­s et même des moments où les dan-seurs prennent la parole ». Mais, dans le mouvement des dan-seurs, comment la rupture ou la transition peut-elle se modaliser sur scène? La chorégraph­e, qui aime les défis, a construit la chorégraph­ie comme un jeu. «Ce qui m’intéresse le plus, c’est le brut de la création, comment on arrive à cette étape-là, puis comment on focalise dessus, continue la chorégraph­e. Pour garder ce caractère brut dans Delaglorie­usefragili­té, j’ai créé des jeux à l’intérieur de la pièce. Les danseurs vont avoir des éléments qui vont venir percuter leur performanc­e. Ce ne sont pas des parties improvisée­s car quand ces éléments intervienn­ent dans la performanc­e, les danseurs ont des critères et des règles du jeu à respecter. Ils ont des choix établis à l’avance. Et ce sera aussi teinté de ce qu’ils ressentent dans le moment présent, cela permet une relation directe avec le public. Les danseurs ont une relative liberté, mais ce n’est pas de l’improvisat­ion. Ils peuvent, par exemple ralentir ou accélérer leurs déplacemen­ts comme ils le souhaitent». Pour l’accompagne­r dans ce voyage et dans cette réflexion, Karine Ledoyen s’est entourée d’Ariane Voineau avec qui elle collabore régulièrem­ent, de Jason Martin et Simon Renaud avec lesquels elle souhaitait travailler depuis longtemps, et d’Elinor Fueter. « C’est toujours un processus de collaborat­ion avec les danseurs, dans ce qu’ils peuvent apporter dans toute création, mais encore plus dans De la glorieuse fragilité. Ils doivent être mis en avant car ils sont énormément sollicités puisqu’ils parlent du métier de danseur », conclut Karine Ledoyen. 6 DENIS-DANIEL BOULLÉ

DE LA GLORIEUSE FRAGILITÉ de Karine Ledoyen 28 au 30 novembre à 19 h et le 1er décembre 2018 à 16 h Agora de la danse, 1435, rue De Bleury, Montréal, Métro Place-des-Arts Billetteri­e : 514 525-1500 / agoradanse.com

Midi-coulisses : Jeudi 22 novembre, à 12 h, venez assister à un extrait de l’oeuvre – quelques jours avant la première – et rencontrez Karine Ledoyen et son équipe de création. Un temps gratuit (environ 40 min), durant lequel vous pouvez apporter votre lunch, et profitez d’une pause artistique.

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