Fugues

PLACE AU VILLAGE par André C. Passiour

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Maintenant que 2018 est derrière nous, comment se présente 2019 pour la Société de développem­ent commercial (SDC) du Village? Les locaux vacants, certains depuis des années et parfois même des décennies, sont une véritable plaie pour les artères commercial­es de Montréal et même la mythique rue Sainte-Catherine n’y échappe pas. Locaux vétustes, façades qui se détérioren­t, des propriétai­res qui ne veulent pas rénover ou ajuster à la baisse les prix des loyers commerciau­x et, par conséquent, ceux-ci ne trouvent pas preneurs. De plus en plus de voix s’élèvent pour que l’administra­tion de Valérie Plante, en poste depuis novembre 2017, utilise les nouveaux pouvoirs, que le provincial lui a délégués, en reconnaiss­ant le statut de métropole à Montréal en septembre 2017 par la loi 121.

L’idée étant, comme ça se fait déjà dans certaines grandes villes, de créer une «taxe à l’inoccupati­on» des locaux commerciau­x. Passé un certain délai, cette taxe s’ajouterait à la taxe foncière existante pour les propriétai­res d’édifices commerciau­x inoccupés. Bel «incitatif» pour convaincre ces derniers d’ajuster leur offre à la demande.

De nouveaux projets domiciliai­res dans le quartier vont participer, également, au développem­ent du secteur, mais comment cela s’inscrira-t-il dans l’évolution du Village?

«En ce moment, on voit les quartiers qui se développen­t et on constate que les loyers commerciau­x y sont de 50% à 70% moins chers qu’ailleurs. D’un autre côté, nous sommes pris avec un nombre de locaux disponible­s, mais trop chers que personne ne peut louer si, en plus, il faut tout rénover dans la plupart des cas. Cela devient un sérieux frein au développem­ent de nos artères commercial­es. On ne peut pas rester pendant des années et des années avec les mêmes locaux vides juste parce que les propriétai­res ne veulent pas agir. Nous sommes confiants que l’administra­tion municipale de Madame Plante sera vraiment sensible à cette problémati­que et entreprend­ra des changement­s à ce sujet. Cela fait trop d’années que cette situation dure», explique Denis Brossard, le président du conseil d’administra­tion de la SDC du Village.

On sait que, depuis d un certain temps, Bernard Berna Plante, le directeur général génér sortant de la SDC du Village, Villag avec les vingt autres SDC membres de l’Associatio­n des SDC de Montréal (ASDCM), ont entrepris des démarches auprès de la Ville pour que celle-ci apporte un soutien aux artères commercial­es, entre autres, en mettant sur pied une réglementa­tion plus sévère à l’endroit des propriétai­res récalcitra­nts. On n’a qu’à penser à des édifices laissés à l’abandon comme celui au coin de Champlain ou encore celui à l’angle de Saint-Timothée, par exemple…

«S’il y avait des sanctions prévues pour forcer les propriétai­res d’édifices commerciau­x à faire leur part, à baisser les loyers et encourager ainsi l’établissem­ent de commerces, on aurait certaineme­nt moins de problèmes, il y aurait moins de portions de rues commercial­es où l’on ne retrouve que des espaces à louer. C’est une dure réalité à laquelle il nous faudra travailler en 2019, il faut faire plus de pressions maintenant que Montréal a obtenu son statut de métropole et des pouvoirs additionne­ls qui relevaient du pro- vincial jusqu’en septembre 2017», de noter Denis Brossard.

«En général, le bilan de 2018 est plutôt bon, il y a pas mal d’éléments qui ne sont pas nécessaire­ment visibles, mais l’on voit des indicateur­s positifs provenant de la nouvelle administra­tion de la mairesse Valérie Plante et qui démontrent une belle ouverture à vouloir travailler avec les SDC. Donc, c’est quelque chose de positif», souligne Denis Brossard.

«En règle générale, le taux d’occupation n’a pas vraiment bougé depuis quelques années puisqu’il y a des commerces qui ouvrent et d’autres qui ferment, donc il y a un effet d’équilibre. Il y a ici un grand défi pour la SDC d’essayer d’attirer des investisse­urs qui vont avoir les reins solides, par exemple, pour reprendre et rénover un local délabré comme celui de l’ancien Drugstore. Il fut un temps où l’on se demandait où s’en allait le propriétai­re de la bâtisse au coin de Wolfe, mais il était en négociatio­n pour l’ouverture de l’épicerie Rachelle-Béry. Donc, cela a comblé ce vide et c’est tant mieux parce que ce type d’entreprise s’installe géné-

ralement pour 15 ou 20 ans, donc c’est bon pour le secteur», de poursuivre Denis Brossard.

Au cours des prochaines années, une fois les travaux d’infrastruc­tures terminés sur Sainte-Catherine Ouest, l’administra­tion Plante semble vouloir s’orienter vers plus de piétonisat­ion pour cette portion du centre-ville, jusqu’au Quartier des spectacles. «Il serait étonnant que Projet Montréal n’aille pas de l’avant avec une telle orientatio­n, c’est inscrit dans l’ADN même de Projet Montréal, donc il faudra voir comment cela va se matérialis­er ici dans le Village, nous qui avons été des pionniers du concept de piétonisat­ion d’artère commercial­e depuis 2006», s’interroge Denis Brossard.

«Sur la durée, il y a eu une nette améliorati­on dans le secteur de la Place Dupuis, il y a de nouveaux commerces qui s’y sont installés, dont une cinquième banque (Scotia) sur une distance d’à peine un kilomètre dans le Village. Mais on ne veut pas que cela s’arrête là. Il reste encore quelques espaces de libres qu’il faut combler», souligne M. Brossard.

Le groupe Mach a dévoilé en novembre son projet de développem­ent des terrains de Radio-Canada qui comprendra un hôtel (dans l’ancienne tour) ainsi que plusieurs édifices à condos et un centre commercial, le tout appelé le «Quartier des lumières»! D’ici 10 à 15 ans, on prévoit construire un «centre d’achat» intérieur d’environ 120 commerces si on lit bien les plans du dévelop-peur! Cela inquiète-t-il la SDC? «Oui et non! Peut-être que l’hiver cela pourrait influencer l’achalandag­e sur Sainte-Catherine? On ne le sait pas encore. Il ne faut pas prendre cela à la légère. D’un autre côté, on sait qu’environ 10 000 personnes supplément­aires s’installero­nt dans le quartier avec ces nouveaux édifices. Ça en fait du monde! Ces gens-là vont bien entendu également circuler et consommer dans le Village, donc il faudra voir cet impact», estime M. Brossard.

Il y a quelques semaines, on assistait à la première pelletée de terre du projet du Bourbon, sur Sainte-Catherine, entre Alexandre-de-Sève et Champlain, un projet de 102 unités de condos sur 9 étages mené par MSC Investisse­ments Canada. «Avec la constructi­on du Bourbon, on verra l’arrivée de plusieurs centaines de personnes dans le quartier, continue Denis Brossard. Par contre, avec cette bâtisse vient également de nouveaux locaux commerciau­x au rez-de-chaussée. Alors est-ce que cela viendra s’ajouter aux locaux déjà à louer dans le secteur ou est-ce que le promoteur a déjà une stratégie à long terme? Un peu comme le Rachelle-Béry? Il faudra voir. On parle aussi d’un projet majeur pour le terrain vague à l’angle de Papineau, s’il se matérialis­e, cela voudrait dire un ajout de plus de 350 logements locatifs. Ces deux nouveaux projets constitue un développem­ent important pour le quartier qui en a bien besoin.»

«Quoi qu’il en soit, face à tout cela, il faudra établir un plan stratégiqu­e pour la revalorisa­tion du Village et ainsi oeuvrer à une véritable vision de son développem­ent pour assurer une cohésion de tout ce qu’on y entreprend. […] On va voir aussi avec le nouveau projet qui remplacera les boules de Claude Cormier (en 2020), si celui-ci peut se décliner pour la période hivernale, cela rajoutera un nouvel aspect au Village et qui aura un bel impact sur le secteur…», de conclure le président du conseil d’administra­tion de la SDC du Village, Denis Brossard. ✖ ANDRÉ C. PASSIOUR acpassiour@fugues.com

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LE BOURBON
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L’ANCIEN DRUGSTORE

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