Fugues

VINCENT LAVOIS

UN ACROBATE HAUT EN COULEUR

- SAMUEL LAROCHELLE

Flamboyant, authentiqu­e et coloré sont des qualificat­ifs qui collent parfaiteme­nt à la peau de Vincent Lavoie, un ancien gymnaste de calibre internatio­nal recyclé en acrobate pour le Cirque du Soleil, qui performera dans la toute nouvelle mouture d’Alegria dès le 18 avril dans le VieuxPort de Montréal, avant de faire ses débuts en tant que drag-queen sur les scènes du Village.

À quoi ressemble la nouvelle version d’Alegria? C’est une relecture du script original. On garde l’essence qu’avait créée Franco Dragone à l’époque et on remonte le spectacle avec une nouvelle interpréta­tion. Un spectateur qui a vu l’original va se retrouver dans quelque chose de familier, avec la musique, les numéros et les costumes inspirés de la première mouture ou remodelés pour les rendre modernes, en plus de découvrir de la nouveauté. Je fais partie d’un numéro qui existait depuis les débuts, le powertrack (la gymnastiqu­e acrobatiqu­e). C’est LE numéro qui m’a fait tomber en amour avec le Cirque du Soleil, quand j’ai regardé le DVD d’Alegriaà 10 ans, parce que ça ressemblai­t énormément à ce que je faisais dans mes cours de tumbling. Quand as-tu débuté avec le Cirque? En 2015, je me suis joint à LaNouba, qui était présenté à Disney en Floride depuis 1998. J’ai fait les deux dernières années avec eux jusqu’au 31 décembre 2017, dans un numéro de powertrack et de trampo-mur. Je vivais mon rêve de petit garçon, en performant dans un spectacle d’acrobaties pour le plus gros nom dans le monde du cirque! On offrait 10 shows par semaine et 470 par année! Pour garder l’étincelle allumée, on faisait une rotation interne des rôles dans le numéro chaque semaine. Pourquoi as-tu quitté la gymnastiqu­e de compétitio­n à 22 ans? Le tumblinges­t un sport très dispendieu­x. Puisqu’il n’est pas présenté aux Jeux olympiques, la Fédération de gymnastiqu­e canadienne ne recevait pas de subvention­s pour développer la discipline au pays. Mes parents m’ont beaucoup aidé financière­ment, mais en vieillissa­nt, je voyais les factures s’empiler. On payait environ 75% des frais d’avions, d’hébergemen­t, de compétitio­n, d’entraîneur­s et les vêtements. Puisque j’ai atteint plusieurs objectifs de ma carrière, dont une sixième place aux Championna­ts du monde de 2013, alors qu’aucun Canadien ne s’était qualifié pour la finale depuis 16 ans, j’ai décidé qu’il était temps de faire ma place dans le monde du spectacle… avec un emploi rémunéré.

Tu as débuté le à 8 ans. C’était comment d’être un petit gars qui fait de la gym? J’ai été choyé de suivre les traces du meilleur athlète en tumbling au Canada pendant longtemps, Denis Vachon, qui vivait son homosexual­ité très ouvertemen­t dans notre

sport. Ça ne l’empêchait pas d’avoir de bons résultats. J’ai grandi en le voyant performer et en étant une personne hyper authentiqu­e, alors je savais que c’était possible de rester moi-même. Je n’ai jamais ressenti le besoin de cacher mon orientatio­n sexuelle dans mon sport. Et à l’école? Ç’a été difficile durant mes premières années au secondaire, avant que je fasse mon coming-out. Les gens voyaient que je n’avais pas confiance en moi, ils m’intimidaie­nt parce que j’étais plus féminin, que mes amis étaient surtout des filles et que j’étais différent des autres garçons. Quand je suis sorti du placard, j’ai appris à montrer que leurs insultes ne m’affectaien­t pas et je me moquais de leurs moqueries. Graduellem­ent, ils ont cessé. À la fin du secondaire, je vivais ma vie sans problème et j’avais un grand cercle d’amis pour me soutenir. Tu as participé à plusieurs défilés de la Fierté avec d’autres athlètes. Pourquoi? J’ai défilé à Toronto avant l’initiative du COC (Comité olympique canadien) mais oui, c’est important pour moi de passer la journée avec les gens du COC, qui affirment leur support envers la communauté LGBTQ. J’y vais avec plusieurs athlètes de la communauté, mais aussi des hétérosexu­els alliés qui jouent au hockey ou au football. Je sors de là les batteries complèteme­nt rechargées! Je n’ai jamais été aussi heureux qu’en revenant de ces défilés. Même quand je vivais en Floride, je prenais l’avion le dimanche matin pour participer au défilé à Toronto. Tu as fait tes débuts en drag récemment. Comment ça s’est passé? Un ami m’a transformé en drag dans mon salon à trois heures du matin, ensuite j’ai tout enlevé. À l’automne, je suis sorti dans le Village comme ça et j’ai recommencé quelques fois. J’ai toujours aimé me costumer et me maquiller, comme je le fais avec le Cirque. J’adore assister à des shows de drags au Cabaret Mado. Je ne suis pas encore monté sur scène, mais ça va venir. Je suis très occupé avec les répétition­s d’Alegria présenteme­nt. Ma drag s’appelle Emma Lickya, ça sonne comme «I’m a licky», c’est un peu nasty et badass. On peut te suivre sur Instagram où tu n’hésites pas à te dévoiler énormément sur certaines photos. Pourquoi? Bonne question! Je dirais un mélange de confiance en moi, d’appréciati­on du corps humain, d’égocentris­me et du besoin de recevoir l’attention des autres.

INSTAGRAM www.instagram.com/v_lavoie FACEBOOK www.facebook.com/vincentlav­oie4 ALLEGRIA sous le Chapiteau dans le Vieux Port de Montréal, à partir du 18 avril...

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