Fugues

SCÈNE : TAMBOURS (KODO)

- YVES LAFONTAINE Les spectacles Place des Arts présentent KODO EVOLUTION à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, le 23 mars 2019. placedesar­ts.com/fr

Kodo est de passage en mars à la Place des Arts pour y présenter «Evolution», une nouvelle production créée, en 2016, pour marquer le 35e anniversai­re de l’épopée artistique de l’une des troupes de tambours de taiko les plus renommées au monde.

En japonais, le mot «Kodo» a un double sens. Cela peut être traduit par «battement de coeur», la source primordial­e de tout rythme. Cependant, dans un contexte différent, Kodo peut également signifier «enfants du tambour», ce qui reflète le désir de la troupe de jouer de la batterie avec le coeur et l’énergie d'un enfant. Depuis les débuts du groupe au Festival de Berlin en 1981, Kodo a donné plus de 6000 représenta­tions dans 50 pays sur les cinq continents. Mais surtout, Kodo a fait évoluer la performanc­e du taiko avec dévouement et innovation, sans le dénaturer, l’art du tambour japonais. Avec Evolution, Kodo atteint de nouveaux sommets en matière d’expression créative. Son directeur artistique, Tamasaburo Bando a mis au point un programme qui intègre à la fois les oeuvres les plus connues de Kodo et du matériel totalement nouveau, mettant en valeur le talent des hommes et des femmes de l'ensemble. Des pièces emblématiq­ues telles que O-daiko et Monochrome, qu’on associe automatiqu­ement à Kodo depuis les débuts du groupe, sont intégrées à des oeuvres plus récentes telles que Kusa-wake et Color. Dans cette combinaiso­n de classiques de diverses époques, de nouvelles compositio­ns créées spécialeme­nt pour cette production démontrent une volonté de se réinventer constante : Ayaori est complexe et édifiant, tandis que le spectacula­ire Rasen reprend les motifs des pièces de Kodo de différente­s époques de l'histoire de l'ensemble. Evolution met en valeur des oeuvres d’envergure exécutées avec grande variété de tambours et une précision impeccable, mettant en vedette également de la danse, des chansons, des flûte en bambou et même des effets visuels surprenant­s. Il en résulte un tourbillon rythmique entraînant qui plonge le public dans une expérience globale rythmée par le taiko. Quand les batteurs japonais de Kodo arriveront à Montréal, personne ne doutera de leur immense talent, mais peu de spectateur­s auront conscience du régime strict de vie qui les a rendus maîtres de leur art. En fait, les interprète­s passent un minimum de deux ans au Centre de formation de Kodo, sur la superbe île japonaise de Sado, où ils vivent littéralem­ent leur art toute la journée, tous les jours. Bien que la tradition soit un élément essentiel des spectacles de Kodo, l’une des artistes de la troupe avec qui je me suis entretenu, Eri Uchida, croit que l'auditoire répondra à Evolution sans avoir besoin de comprendre l'héritage et la tradition derrière le groupe. «Vous savez, quand on frappe très fort sur un tambour, les gens sentent la vibration de l'intérieur et l'apprécient. Il n’est pas nécessaire de comprendre les traditions pour profiter de ce son puissant, si distinctif. Je crois que c’est un son qui rend heureux. Sans qu’on ne comprenne vraiment pourquoi.» Cela dit, pour Eri Uchida, rejoindre le centre d'apprentis de Kodo était une manière de mieux comprendre ses origines japonaises. «J'ai grandi au Japon, mais j'ai décidé d’étudier au Canada», dit-elle. «J’avais pratiqué le taiko plus jeune, mais en assistant au Canada à une représenta­tion d’un spectacle de Kodo, j’ai réalisé que je ne connaissai­s pas vraiment son importance au Japon. Mon objectif en me rendant au centre des apprentis pour en apprendre davantage sur la culture du taiko», dit-elle. «Ce que nous avons appris là va très loin. C’est une question d’engagement et cela signifie que lorsque vous montez sur scène, que vous jouiez du tambour ou dansiez, vous êtes totalement engagé dans ce que vous faites. C’est grâce à cet engagement total que les gens aiment regarder Kodo.»

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