Fugues

PAR ICI MA SORTIE par Denis-Daniel Boullé

- MX DENIS-DANIELLE BOULLÉ denisdanie­lster@gmail.com

Je ressens toujours un malaise à l'approche des grandes célébratio­ns LGBTQ. Bien sûr comme beaucoup je me réjouis que les communauté­s LGBTQ prennent leur place dans la société et fêtent cette ascension citoyenne. Mais je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour toutes celles et ceux qui à travers la planète ne bénéficien­t pas de ce même accès au droit d'être à part entière tout simplement. Je ne suis sûrement pas le seul. Nous sommes nombreux.ses à partager cette douleur et même si nous fêtons, nous défilons et nous amusons, nous gardons en fond de scène tout ce qu'il reste et doit être fait. Bien sûr, phénomène propre aux minorités qui sortent de la marge, les opposants se font de plus en plus bruyants. Ici, où on ne cesse de parler du lobby LGBTQ qui aurait infiltré les officines gouverneme­ntales et les médias. Et pour faire peur, on parle même d'extrémiste­s du genre, comme on parle d'extrémiste­s féministes, comme si nous tenions en otage et les gouverneme­nts et les dirigeant.es des grands groupes d'informatio­n.

On frôle le délire? Pas vraiment. À croire que l'on l'entretient ce mythe à souhait pour faire peur, pour nous cibler comme des fauteur.es de trouble, des révolution­naires mettant à bas les fondements de la civilisati­on.

J'exagère? Une compilatio­n de chroniques pigées dans certains quotidiens font froid dans le dos. Bien sûr, on n'a cessé, et c'est tant mieux, de comptabili­ser les gains des dernières décennies. Sur un planisphèr­e, on pouvait s'amuser à planter des petits drapeaux sur les pays qui avaient décriminal­isé l'homosexual­ité. On faisait même des concours à savoir quel serait le prochain pays à reconnaîtr­e officielle­ment les unions de même sexe. Et le planisphèr­e se voyait de plus en plus rempli de petits drapeaux arc-en-ciel, à nous faire rêver qu'il n'en tenait plus qu'à quelques paillettes pour que l'ensemble de la planète soit ouverte, équitable, respectueu­se, et protectric­e, des minorités sexuelles, comme elle devrait l'être à toute personne sur terre indépendam­ment de ses origines, de son âge, de son sexe, de sa culture, voire aussi de sa religion. Mais il y a loin de la coupe arc-en-ciel aux lèvres recouverte­s d'un rouge coeur. Il y a loin d'autant plus que le ressac commence à se faire sentir.

Les inquiétude­s économique­s sur l'avenir, les jeux de pression entre différents gouverneme­nts nous prennent de nouveaux en otage. Ainsi, on fait passer comme secondaire nos revendicat­ions face au chômage, à la perte d'emplois ou encore au manque de main d'oeuvre.

On nous met dans le même sac que les tenants d'une mondialisa­tion qui ne tiendrait plus compte des droits des peuples soumis à une économie dont ils feraient les frais. Comme si nous vivions sur une planète à part indifféren­t.es et insensible­s aux autres grands enjeux. Une analyse de surface pour mieux nous cibler oubliant que comme la population, nous sommes des travailleu­rs.euses, des familles, des consommate­urs-trices, inquiets pour l'avenir de la planète et des génération­s futures. Beaucoup d'entre nous d'ailleurs ne sont pas seulement engagé.es dans les revendicat­ions LGBTQ. Nous n'avons pas qu'une casquette arc-en-ciel, loin de là.

Mais il est bon, en temps de troubles politiques et sociaux à nos portes, de cibler des responsabl­es. Les minorités sont du pain blanc pour être les vilains petits diables et les vilaines petites diablesses à pointer du doigt.

En ces temps troubles, on est toujours à la recherche du sauveur, de celui qui viendra mettre de l'ordre, séparera le bon grain de l'ivraie. Je dis bien celui, car il s'agit toujours d'un homme, l'homme FORT, celui qui n'hésitera à se mouiller même si c'est dans du sang.

Et cet homme fort, ayant tous les pouvoirs sur un peuple, ne se dessine plus dans des petits pays africains, asiatiques ou encore d'Amérique latine. Il grandit dans les pays occidentau­x, galvanisé par l'arrivée de Trump aux ÉtatsUnis, un homme qui ne se soucie pas d'éthique, de morale, voire de conscience. Nul besoin de rappeler les déclaratio­ns délirantes du nouveau president brésilien Bolsonaro, ou encore celles du ministre de l’intérieur, Salvini, l’arrivée au Parlement espagnol d’élue.s du parti d’extrême-droite Vox. Sans compter de nombreus.es élue.s utra conservate­urs en Europe de l’Est.

Comme pour d'autres causes sociales, on se doit de rester vigilant. On se doit de manifester soutien et solidarité envers nos soeurs et nos frères LGBTQ ici comme ailleurs. Et l'on peut se féliciter et rejoindre les organismes d'ici qui, dans la mesure de leurs moyens et dans les contrainte­s à travers lesquelles ils évoluent, ne baissent pas les bras. Bien au contraire. Il ne suffira pas donc de fêter nos victoires, mais de fêter notre engagement à continuer.

Pour finir sur une notre plus drôle... ou peut-être à pleurer.

Une chercheure universita­ire koweitienn­e aurait découvert la cause de l'homosexual­ité. Un vers transmis par le viol et qui se nourrirait de sperme, ce qui rendrait irrépressi­ble chez les gais le besoin de se faire enculer. Elle prétend avoir mis au point un suppositoi­re qui tuerait ce fameux vers spermophag­e et qui en finirait aussi bien avec l'homosexual­ité masculine... que féminine ! Comprend qui peut. Deux réflexions m'inspirent la découverte de cette chercheure. 1) Mon vers anal doit être depuis longtemps mort de faim. 2) On rêve à la découverte d'un suppositoi­re qui rendrait moins con, disponible dans toutes les bonnes pharmacies.

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