EXIT STAGE LEFT : THE SNAGGLEPUSS CHRONICLES
Pour la plupart d’entre nous, le concept d’un puma portant le nom de Snagglepuss n’a aucune résonnance. Si on y juxtapose cependant son nom français, Alcibiade, et le studio qui lui a donné naissance, Hanna-Barbera, il y a de fortes chances que cela éveille des souvenirs dans l’esprit des enfants des années 60 ou 70. En effet, celui-ci constituait un segment de six minutes dans la série Yogil’ours: un puma qui rêve de monter sur les planches. En français, ses expressions favorites étaient «Ciel d'Afrique et patte de gazelle» et «Côté cour, côté jardin». Personnage relativement obscur, rien ne le destinait à refaire surface, si ce n’était de la volonté de DC de réexplorer les personnages d’Hanna-Barbera dans de nouvelles itérations beaucoup plus sérieuses. Dans la même veine que son excellent TheFlintstones, le scénariste Mark Russell nous présente ici une vision troublant e et incisive de l’ Amérique ultra conservatrice des années 50. Dramaturge gai et flamboyant, Snagg le pussdoitca chers on orientation à une société encore trop intolérante. La Commission parlementaire sur les activités anti américaines lance cependant une chasse aux sorcières afin d’ éradiquer la« menace» communiste et a dans sa mire tout ce qui lui semble marginal incluant ce dernier. Impitoyable, les travaux de la Commission entraînent dans son sillage nombre de victimes innocentes et Snagglepuss se voit imposer d’y témoigner pour y livrer les noms de traitres et d’activistes. C’est la croisée des chemins pour celui-ci: quelle sera la nature de son témoignage? Un portrait saisissant d’une société intransigeante qui nous rappelle que trop les conséquences d’un fascisme insidieux et le courage de celles et ceux qui l’affrontent. Brillamment mis en image par MikeFee han, la bande dessinée présente un univers où humains et animaux anthropomorphiques se côtoient. Les références culturelles et historiques y sont nombreuses et on a même droit à de nombreuses scènes si tuées au bar Stonewall de NewYork.L’ intérêt principal se situe cependant dans un récit extrêmement bien ficelé, comportant plusieurs scènes bouleversantes et où chacune des réparties constitue un jeu d’ esprit savoureux :« Amancan’ tpre tend for e ver. Atso me point, he must b et hem anhehis or for everbeco met hem ask as signe dt ohim », ou« Ouronlychoi ceint hislifeis toc hangetheworld or be destroyedbyit ». Sans aucun doute, une des grandes publications de 2018. C’est d’ailleurs sans surprise que la BD a remporté le prix GLAAD 2019 pour Outstanding Comic Book.