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LE PROJET POLAROID

Du 13 juin au 15 septembre, le Musée McCord présente le Projet Polaroid – Art et technologi­e, une expo rétrospect­ive d’e’nvergure d’envergure internatio­nale qui i ravira i l’amateur l’ t d de photos ht en vous.

- ✖ PAR YVES LAFONTAINE

À la fois image et outil merveilleu­x, le Polaroid demeure, dans l’imaginaire collectif, synonyme d’innovation, d’efficacité et de loisir. Un éclair, un clic et quelques secondes plus tard, sans chambre noire ni négatif, une photo instantané­e apparaît dans son cadre blanc familier, comme par magie. Bien qu'il y ait eu des processus Polaroid impliquant des négatifs, la plupart des gens associent la marque à des impression­s uniques, symbole du moment unique et incomparab­le capturé. Le charme de capturer le spontané ainsi que la rapidité de traitement ont rendu le Polaroid populaire auprès des amateurs et des profession­nels.

Des artistes de renommée mondiale ont façonné l'esthétique d'une époque grâce à l'utilisatio­n de la photograph­ie instantané­e. Il y avait une joie palpable dans l’expériment­ation, avec des caméras allant du classique SX-70 aux polaroïds grand format qui pouvaient être utilisés pour créer des images abstraites, des détails intérieurs, des scènes de rue, des paysages, des natures mortes et des portraits.

«L’invention du Polaroid est un procédé photograph­ique ayant largement inspiré les démarches créatives de photograph­es et d’artistes de Montréal et d’ailleurs», rappelle Hélène Samson, conservatr­ice de la collection Photograph­ie du Musée McCord. «L’exposition montre l’influence de cette technologi­e à et présente une multitude d’oeuvres l’approche très créative.» L’affinité de l’artiste pop Andy Warhol avec le Polaroid ne devrait pas surprendre: la photo instantané­e était parfaiteme­nt adaptée aux mondes éphémères de la culture de la consommati­on et de la mode dans lesquels il s’est installé et qu’il a lui-même contribué à définir.

Tandis que Richard Hamilton retouche ses polaroïds picturaux, Dennis Hopper utilise le Polaroid pour faire des recherches dans ses films - par exem exemple dans la série é Colors, dans laquelle il documente la scène è du graffiti et du streetart à Los Angeles dans les années 1980. Les artistes Anna et Bernhard Blume ont utilisé des photos instantané­es, non pas en tant que photos individuel­les, mais souvent dans le cadre de séries plus vastes d'autoportra­its performati­fs.

L’impression­nante exposition présente le phénomène Polaroid dans toute sa diversité, avec un aperçu unique de nombreuses collection­s Polaroid aux États-Unis, en Europe et au Canada, y compris des oeuvres de Nobuyoshi Araki, Sibylle Bergemann, Chuck Close, Guy Bourdin, Barbara Crane, David Hockney, Robert Mapplethor­pe, Robert Rauschenbe­rg, Erwin

Wurm et bien d’autres encore, ainsi que des modèles d’appareils photo, des concepts et des prototypes pour la technologi­e photo innovante.

Dans son programme de soutien aux artistes, Polaroid a poursuivi le travail de nombreux artistes en les équipant d'appareils photo et de films. Les échanges entre les artistes et la société Polaroid ont été à la base de la spectacula­ire collection Polaroid, à Cambridge, dans le Massachuse­tts et à Amsterdam, qui connaît une croissance rapide.

Les visiteurs pourront ainsi admirer le travail de Louise Abbott, de Benoît Aquin et de Charles Gagnon. Les oeuvres Polaroid de Louise Abbott, ajoutées à l’exposition, consistent en un corpus de six photograph­ies réalisées à cette occasion, comprenant entre autres un portrait de la photojourn­aliste Mary Ellen Mark. L’exposition présente aussi une série de photograph­ies de Benoît Aquin explorant l’univers des travailleu­ses du sexe à Montréal, pièces sur lesquelles ces femmes sont elles-mêmes intervenue­s, par le biais de l’écriture. Pour la conservatr­ice Hélène Samson, l’expo est «une magnifique occasion de mettre l’accent sur l’importance de la photograph­ie au Musée McCord, en intégrant àl’exposition des corpus d’artistes montréalai­s, connus, entre autres, pour leur expériment­ation avec le Polaroid».

Pendant trois années, Charles Gagnon a fait quotidienn­ement du Polaroïd un lieu d’exploratio­n, par l’étude des formes et des lignes. L’exposition met d’ailleurs en relief une de ses nombreuses séries témoignant de ses recherches formaliste­s. Malgré la tendance à la numérisati­on et la faillite de Polaroid en 2009, la marque est récemment revenue sous le nom de TheImpossi­bleProject, avec ses produits rebaptisés PolaroidOr­iginals, reflétant le retour de la photograph­ie instantané­e. Un désir impérieux, le plaisir de la qualité tactile de l’image en tant qu’objet et une certaine nostalgie face au déluge quotidien d’images électroniq­ues: tous ces facteurs ont conféré à la photograph­ie instantané­e un attrait nouveau et irrésistib­le, même pour les plus jeunes. L’exposition, présentée à Montréal en exclusivit­é canadienne, propose avec élégance entre l’art et la science de ce qu’est le Polaroid, et sa portée est absolument approfondi­e. Une excellente expo, non seulement pour les passionnés de Polaroid, mais aussi pour tous ceux qui s'intéressen­t de près à l'histoire de la photograph­ie.

ZLE PROJET POLAROID – ART ET TECHNOLOGI­E Au Musée McCord, jusqu’au 15 septembre 2019 www.musee-mccord.qc.ca

 ??  ?? SAHIN KAYGUN | BUTTOCK 1983 MARK KLETT CONTEMPLAT­ING THE VIEW AT MULEY POINT, UTAH 1994
SAHIN KAYGUN | BUTTOCK 1983 MARK KLETT CONTEMPLAT­ING THE VIEW AT MULEY POINT, UTAH 1994
 ??  ?? GUY BOURDIN | CHARLES JOURDAN, 1978 KUNIHIRO SHINOHARA COSMIC #9 1993-2000
GUY BOURDIN | CHARLES JOURDAN, 1978 KUNIHIRO SHINOHARA COSMIC #9 1993-2000
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